Patrimoine rural à protéger : l'église Saint-Nicolas, à Camps-en-Amiénois dans la Somme
© Flickr-CC-M.Roussel
A l’occasion de ses 20 ans, la Fondation du patrimoine a réalisé, avec la Caisse d’Epargne, une étude sur « Les Français et le patrimoine de proximité ». Il en ressort que pour 67 % des Français, la protection de ce patrimoine est un enjeu urgent.
Pour 67% des Français, il est urgent de s’occuper du patrimoine de proximité. Un résultat qui « montre tout l’intérêt que les Français portent au patrimoine proche de chez eux, qu’il soit historique, industriel, religieux, naturel, qu’il s’agisse de le restaurer, le protéger ou l’entretenir, que ce soit un bâtiment, un navire ou même un instrument de musique ».
Le sondage, réalisé par Opinionway auprès de 1045 personnes, et présenté le 23 février, montre cependant une légère érosion de ce sentiment d’urgence au fil du temps.
Réalisée tous les 10 ans, cette étude a posé cette même question en 1996 et 2006 avec un taux de réponse de 71%. « Concurrence des urgences », explique Julien Goarant, d’Opinionway.
En creux, l’importance de la cause est claire pour les personnes interrogées puisqu’elles sont 32% à considérer que la France est en retard dans ce domaine par rapport aux autres pays européens, alors qu’ils n’étaient que 26% dans les enquêtes précédentes.
D’ailleurs, 55% des répondants seraient prêts à donner de leur temps, bénévolement, au patrimoine de proximité. Un engagement qui reste à traduire dans les faits.
Ancrage territorial
Que représente-t-il pour eux ? Un fort élément d’ancrage territorial puisque qu’il fait partie intégrante de l’identité culturelle et permet :
- de transmettre la mémoire pour 97% des sondés,
- est un enjeu économique pour la France (94%),
- avec une forte utilisé sociale et culturelle (93%),
- et contribue au rayonnement de la France dans le monde (92%).
De ce fait, le patrimoine de proximité réunit, pour les Français trois dimensions : économique, culturelle et sociale.
« Les attentes des Français correspondent bien aux enjeux stratégiques engagés par la Fondation, constate avec satisfaction son directeur général, François-Xavier Bieuville.
Il souligne d’ailleurs que la diversité de ce patrimoine fait que chacun y trouve à son goût.
Ainsi, les univers que les Français seraient prêts à soutenir financièrement sont :
- les chantiers de formation aux métiers de la restauration,
- le patrimoine mobilier,
- le patrimoine industriel,
- celui lié à l’eau,
- et les édifices et objets religieux.
Le patrimoine industriel, insuffisamment mis en valeur pour 64% des répondants, attirant plutôt les jeunes, le religieux les seniors.
Allant plus loin, 71% des répondants se déclarant de confession catholique et 62% de pratiquants acceptent de voir réhabilitées en bâtiment civil (bibliothèque, café, librairie…) des églises non entretenues.
François-Xavier Bieuville souligne que, le patrimoine permet aux Français de se retrouver dans des « objets fédérateurs », ce qui explique d’ailleurs que le don moyen à la Fondation soit de 160 euros, alors qu’il est de 60 euros au niveau national.
Collectivités locales, au premier rang des acteurs
Au premier rang des acteurs du patrimoine de proximité doivent figurer les collectivités locales, pour 58% des répondants, suivi par l’Etat pour 56%. Associations et fondations d’utilité publique financées par des fonds privés doivent jouer un rôle prioritaire pour 39% des sondés.
Un constat que ne surprend pas François-Xavier Bieuville qui souligne que l’apport de la Fondation est particulièrement important pour les petites collectivités, 75% de ses interventions concernant des communes de moins de 2 000 habitants.
Forte confiance pour la Fondation du patrimoine
Malgré tout, 93% des réponses jugent de manière positive le financement de la restauration et la protection du patrimoine de proximité par des fondations soutenues par des fonds privés.
Parmi les acteurs, la Fondation du patrimoine est considérée comme utile pour 91% des interrogés. Sa notoriété peut pourtant encore progresser puisque 51% des sondés n’en ont jamais entendu parler.
Elle bénéficie cependant d’un fort taux de confiance : 79% des répondants lui font confiance pour l’utilisation des dons, alors que seuls 56% des Français ont expriment cette confiance dans le baromètre des dons 2015.
Confiance concrétisée par le record de collectes de dons en 2015, avec 40 000 donateurs pour 13,7 millions d’euros, soit une augmentation de 28,5% par rapport à 2014.
Le directeur général tient à souligner également l’apport du mécénat des entreprises, tels la Fondation Total, ou la Caisse d’Epargne.
En 2015 :
- 8 entreprises ou fondation mécènes ont engagé 2,6 millions d’euros en faveur de 54 projets ;
- et 19 clubs de PME mécènes régionaux ont apporté 540 000 euros ;
- au total, 2 500 souscriptions sont ouvertes au don, dont 1 064 lancées en 2015.