Les démissions de maires, un mauvais signe pour les candidatures aux municipales

Aurélien Hélias
Les démissions de maires, un mauvais signe pour les candidatures aux municipales

maire écharpe tricolore

© P. Marais

Si les raisons qui ont poussé plus de maires que lors du mandat précédent à démissionner prêtent à débat, l'absence d'un statut robuste et protecteur de l'élu local n'y est certainement pas étrangère. De quoi s’inquiéter d'un possible manque de candidatures aux prochaines élections municipales dans 18 mois si rien ne bouge...

Manque de moyens, réduction des contrats aidés, lourdeurs administratives, insécurité juridique… On ne compte plus les raisons expliquant la hausse de 55 % des démissions chez les maires depuis 2014 par rapport au mandat précédent, selon une enquête de l’AFP. L’intercommunalité aussi est sur le banc des accusés, la faute à des périmètres parfois surdimensionnés par des préfets zélés, éloignant les centres de décision. C’est oublier un peu vite que les EPCI apportent des services supplémentaires à une population de plus en plus exigeante. Et que la commune nouvelle permet de récupérer des compétences de proximité auxquelles les maires sont attachés.

L'administré, ce citoyen très exigeant... Ce sont davantage deux acteurs qui sont à l’origine des difficultés rencontrées par les maires. D’abord ce citoyen - administré - contribuable, toujours plus avide de services et d’un édile corvéable à merci, même quand celui-ci ne compte pas ses heures. Et l’Etat bien sûr, qui impose un carcan juridique et administratif étouffant l’action locale, et décourageant le lancement de projets pour les plus petites communes. En amont, la lutte contre l’inflation des normes a été timidement lancée : elle doit être accélérée. En aval, face au corpus réglementaire et aux impératifs techniques, il serait temps que l’agence de cohésion des territoires vienne effectivement prêter main-forte aux équipes municipales pour monter leurs projets. Enfin dévoilé, le rapport préfigurant l’agence laisse entrevoir cette mission d’aide à l’ingénierie, même si l’évocation d’une relation « prestataire-client » peut faire craindre une monétisation de cet appui…

Statut aux pieds d’argile. Enfin, restent les conditions d’exercice du mandat. Il y a dix mois, pour son premier Congrès des maires, Emmanuel Macron annonçait vouloir travailler sur un nouveau « statut de l’élu local » et rénover « la responsabilité pénale » des élus. Depuis, un groupe de travail sénatorial a multiplié huit mois durant ses travaux et produit pas moins de cinq rapports visant à « faciliter l’exercice des mandats locaux ». Régime social, indemnitaire, formation et reconversion… A l’heure où les élus démissionnaires évoquent leur difficulté à conjuguer leur vocation avec leur vie professionnelle et familiale, le gouvernement serait bien inspiré de se saisir des propositions sénatoriales pour stopper l’hémorragie. Et relancer ainsi les vocations à moins de deux ans des municipales alors que le risque de voir un maire sortant sur deux ne pas se représenter - contre un tiers lors des scrutins précédents - est réel.

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