Selon l’étude HoRHizons 2018, rendue publique le 9 octobre au siège de l’AMF, la moitié des collectivités voient leurs dépenses de personnels stagner en 2018. Pour autant, certaines strates maintiennent des embauches, notamment pour assurer des remplacements, dans le cadre de transferts de compétences.
Pour la 4ème année consécutive, l’Association des Maires de France (AMF), des Départements (ADF), des Régions (ARF) ainsi que le CNFPT (centre national de la fonction publique territoriale) et le FNCDG (fédération nationale des centres de gestion de la fonction publique territoriale) ont publié leur baromètre « HoRHizons 2018 » qui mesure les évolutions de la fonction publique territoriale dans les territoires ((806 collectivités ont donc été contactées au téléphone au mois de juin, choisies pour obtenir un panel représentatif en termes de tailles, de strates (communes, EPCI, départements, régions) et de répartition géographiques)).
Et le premier enseignement de cette étude est une stagnation des dépenses de personnels pour la moitié des collectivités selon leurs déclarations. Un résultat équivalent à celui de l’année passée.
EPCI et régions impactées par les transferts
En revanche, 40 % des répondants affirment que leurs dépenses de personnels sont en augmentation. Il s’agit majoritairement des communautés de communes (65%), des régions (58%), et des départements (48%). Une hausse plus forte que l’année passée (+6 points comparés au baromètre 2017). Ce sont les communes de moins de 3 500 habitants qui permettent de contenir cette augmentation des dépenses de personnels, puisque seulement 31 % d'entre elles y participent et 60 % déclarent une stagnation.
Parmi les causes invoquées pour expliquer cette augmentation des dépenses, trois éléments sont pointés par les collectivités :
- les nouvelles réformes statutaires ;
- la mise en œuvre de la réforme territoriale ;
- les transferts de compétences.
Ainsi, selon le baromètre 2018, les perspectives d’embauches (dans les plus grandes collectivités) continuent de croître. 36% des collectivités interrogées envisagent en effet de recruter en 2018, contre 26% en 2017. Le remplacement des départs est la cause principale (51%), alors que 13% seulement des collectivités annoncent des créations de postes. Des recrutements qui concernent surtout les services techniques et les secteurs « développement » et « aménagement ».
Maîtrise des dépenses : des outils en fonction de la taille de la collectivité
Interrogées sur les leviers utilisés pour limiter les dépenses salariales, les collectivités en citent trois principaux :
- l’optimisation des temps de travail (59%) ;
- l’adaptation des périmètres et la réorganisation des services (47%) ;
- et la limitation des remplacements sur postes permanents (46%).
Des outils qui sont plus ou moins utilisés en fonction de la taille de collectivité. Ainsi, l’étude démontre que le premier levier était principalement utilisé par les régions et les communes de 3500 à 20 000 habitants. Le second, qui découle de la réforme territoriale et de la mutualisation des services, concerne toutes les strates, à l’exception des plus petites communes (moins de 3500 habitants). De la même façon, la limitation des remplacements est surtout un levier utilisé dans les collectivités de plus de 20 000 habitants.
« Contrer les fantasmes par des faits objectifs »
Pour André Laignel, premier vice-président de l’AMF et maire d’Issoudun, cette enquête « très riche » montre « que les collectivités jouent le jeu de la transparence sur un sujet qui donne souvent lieu à la polémique ». « Oui les collectivités embauchent ! Mais comment pourrait-il en être autrement ? Les citoyens attendent un certain niveau de service public local et en parallèle, l’État se décharge en nous transmettant des fardeaux. Aujourd’hui, impossible de signer une convention avec l’État, sans une création de poste » ironise le maire d’Issoudun, qui vient justement de signer sa convention « Cœur de ville » avec à la clef… l’embauche d’un chef de projet ! « Aux fantasmes et diffamation sur le clientélisme dans les collectivités, nous répondons par des faits objectifs » conclut enfin André Laignel en forme de défi à l’exécutif.