Au cours des derniers mois, plus de trois cents collectivités locales ont souhaité s’enregistrer auprès de Cyclevia, l’éco-organisme de la filière des huiles et des lubrifiants usagés. L’accompagnement vise à collecter les lubrifiants des particuliers grâce à un appui global auprès des déchetteries, et à des actions locales de communication.
C’est un véritable enjeu environnemental et de santé publique. Chaque année, 14 000 tonnes d’huiles usagées sont recueillies grâce aux déchetteries des collectivités locales. À l’échelle du marché, elles représentent 7 % des volumes collectés. « Une quantité loin d’être anodine, explique André Zaffiro, directeur général de Cyclevia. Elle présente le plus gros risque de pollution ». Les huiles usagées se révèlent en effet potentiellement néfastes pour la nature, en particulier pour les cours d’eau et les nappes phréatiques. Un seul litre d’huile pouvant recouvrir jusqu’à 1000 m2 d’eau. Si les huiles usagées se sont « banalisées », le produit reste classé comme « déchet dangereux », nous rappelle-t-il. Sa composition chimique demande de le manipuler avec précaution. Mais à la différence des entreprises, la collecte auprès des particuliers s’avère plus complexe. « Il s’agit de personnes qui peuvent détenir un litre ou deux d’huile, disséminés sur le territoire, avec des contenants qui s’abîment dans les garages », renchérit André Zaffiro.
Un éco-organisme agréé par l’État
Liée à la loi n° 2020-105 du 10 février 2020, la création de Cyclevia est relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (dite « loi AGEC »). Celle-ci repose sur le principe de la responsabilité élargie des producteurs (REP). Ces derniers deviennent responsables de leurs déchets, observe le directeur général de l’éco-organisme. « Ils doivent les traiter, les valoriser et les régénérer », dans une logique d’économie circulaire.
Agréé par les pouvoirs publics depuis le 23 mars 2022, Cyclevia assure donc une mission d’intérêt général. Le décret d’application a fixé comme objectif en 2023 la collecte de 50 % des volumes de lubrifiants mis sur le marché, pour un taux de régénération de 75 %. Un seuil qui devra atteindre 90 % en 2027 (pour 55 % des volumes collectés).
Une convention définie avec les représentants des élus
Pour les collectivités, la création de l’éco-organisme a changé la donne. Dès le 1er septembre 2022, elles ont pu s’enregistrer auprès de Cyclevia et bénéficier du ramassage gratuit, en métropole comme en Outre-mer, précise André Zaffiro. L’éco-organisme s’est aussi attaché à concevoir et à diffuser des outils de communication clefs en main destinés dans un premier temps aux personnels des déchetteries, et dans un second temps à l’ensemble de la population. L’objectif est de sensibiliser les particuliers à la dangerosité des huiles de vidange, et d’orienter les flux dans les collecteurs adaptés. Les collectivités peuvent également créer leurs propres outils de communication, souligne le responsable. « Nous intervenons alors pour financer leurs actions locales. »
Trois cents collectivités territoriales représentant 2700 points de collecte ont à ce jour émis le sou- hait de s’enregistrer auprès de Cyclevia. Le projet a été défini en association avec l’AMF, le CNR et l’Amorce.
Professionnaliser la collecte des huiles usagées
L’éco-organisme soutient ainsi les collectivités locales dans la gestion et l’exploitation des points d’apport volontaire (PAV) en les aidant par exemple à renouveler leurs bornes. Les subventions versées permettent aux collectivités d’investir dans le matériel adapté à chaque installation, indique André Zaffiro. Les conseils pédagogiques et l’accompagnement visent à respecter les critères d’accès et de stockage en vigueur, avec notamment des bacs de rétention. L’accent porte également sur la formation des équipes techniques des centres. L’enjeu est de « professionnaliser » la collecte du dernier litre d’huile usagée, et de « donner du sens à la démarche », souligne le responsable de Cyclevia. À l’avenir, l’accent portera sur le traitement des contenants (les bidons), à travers la mise en place d’une filière dédiée en 2025.
Des actions adaptées à l’Outre-merDepuis un an, l’éco-organisme Cyclevia a rencontré une quarantaine d’acteurs publics et privés à La Réunion, en Guadeloupe, à Mayotte et la Martinique. Au cours de l’année, les concertations se sont prolongées en Guyane, à Saint-Martin et à Saint-Pierre-et-Miquelon. L’objectif est d’apporter des réponses locales adaptées aux besoins de chaque territoire, avance André Zaffiro, directeur général de Cyclevia. Les premières actions ont déjà été initiées. Évacuation vers la métropole en novembre dernier de 680 tonnes d’huile usagée pour désengorger La Réunion et Mayotte suite à la crise sanitaire. Toujours à Mayotte, une déchetterie mobile va être mise en place en l’absence de point de collecte sur l’île. Une collecte, en partenariat avec un réseau d’entretien automobile, se déroulera en Guadeloupe à compter du 15 octobre prochain et pendant 6 mois. Enfin, à La Réunion, une étude a été lancée en vue d’accompagner un projet de régénération local adapté aux petits gisements. |
Contenu proposé par Cyclevia