Les 41 départements de droite et du centre suspendent leur adhésion à l’ADF

Aurélien Hélias
Les 41 départements de droite et du centre suspendent leur adhésion à l’ADF

Les départements présidés par des élus du groupe DCI

© ADF/DCI

Au deuxième jour du congrès de l’Assemblée des départements de France (ADF) à Lille, les 41 présidents de conseils généraux du groupe DCI (droite, centre et indépendants) ont décidé, le 10 octobre, de se retirer des débats du congrès et d’interrompre leur participation à la vie de l’association pour protester contre son « bilan très faible ».

[caption id="attachment_24817" align="alignleft" width="166"] Bruno Sido, secrétaire général de l'ADF et président du groupe DCI, adresse, au nom des 41 départements qu'il représente, une sommation à l'ADF.[/caption]

« Entre la fidélité au gouvernement et celle aux départements, il va falloir choisir », a sommé le président du groupe d’opposition DCI de l’Assemblée des départements de France, Bruno Sido. Pressentie depuis l’ouverture du congrès la veille, la scission au sein de l’ADF s’est matérialisée par le discours du président du conseil général de la Haute-Marne dans la matinée du 10 octobre. Pour ce dernier, l’ADF n’obtient « plus de résultats à la hauteur de nos attentes » et se montrerait trop « pro-gouvernementale ». Une raison suffisante pour annoncer, à la conclusion de son discours, que les 41 départements du groupe DCI suspendaient leurs cotisations à l’ADF et leur participation aux débats du congrès.

L’indigeste « lasagne territoriale »
Trois dossiers très sensibles justifient cette démission collective pour le  sénateur de la Haute-Marne. D’abord, celui de la compensation financière des allocations individuelles de solidarité. Le récent accord entre ADF et Matignon, le 16 juillet dernier, ne serait qu’une « impasse financière », un « marché de dupes », qui aurait été accepté contre l’intérêt des départements selon lui.

Second dossier polémique : la réforme territoriale, adoptée l’avant-veille en seconde lecture au Sénat. Pôle métropolitain, pôles ruraux d’équilibre et de solidarité territoriale, conférences territoriales de l’action publique, Haut conseil des territoires… Autant d’institutions ou d’outils territoriaux ne formant au mieux qu’un « mille-feuille », au pire « une lasagne territoriale », dans tous les cas « très indigeste », selon le président du groupe DCI. Une organisation territoriale trop difficile à digérer même si le Sénat avait justement allégé le menu en supprimant le Haut conseil des territoires…

Enfin, le remodelage ou plus précisément « le charcutage » de la carte des cantons ne passe pas : « Jamais la droite n’aurait osé un coup pareil ! », a tonné Bruno Sido. Et l’élu d’associer à sa condamnation le mode de scrutin retenu « qui a pour seul avantage la parité » mais n’en constitue pas moins selon lui un « OVNI institutionnel : deux élus sur le même territoire, pour la même collectivité, autant dire deux crocodiles dans le même marigot… », a-t-il ironisé en appelant à préférer un passage à la proportionnelle.

L’avenir des départements soumis au contexte électoral
« Un épiphénomène politicien, à quelques encablures des élections municipales, départementales et européennes », a condamné dans la foulée Marie-Françoise Pérol-Dumont, présidente du groupe majoritaire de l’ADF.

La patronne (PS) de l’exécutif de la Haute-Vienne avait, avant même le discours de Bruno Sido, jugé dommageable le retrait à venir du groupe DCI à l’heure où l’ADF accueille pour la première fois l’ensemble des conseillers généraux dans cette « convention des départements de France ». « Ce n’est pas le moment de faire ce que la droite a fait à l’ADF » à un moment où « la France a peur », a pour sa part réagi sur un ton très solennel Claudy Lebreton, président de l’association.

Aux portes de l’amphithéâtre du grand palais de Lille, les présidents du groupe DCI défilaient devant les caméras pour justifier leur retrait des débats. « On n’acceptera pas la mort des départements ! », a ainsi averti le président du conseil général de Côte-d’Or, François Sauvadet (Nouveau centre). Dans le concert de réactions outrées des présidents de conseils généraux PS ou PC à ce retrait du groupe DCI, l’un d’entre eux a pris un malin plaisir à souligner que quatre jours plus tôt, l’UMP François Fillon s’était prononcé pour la fusion régions-départements…

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