Bureau de vote dans un gymnase
© Flickr-CC-JaHoVil
Au second tour de l’élection présidentielle, plusieurs grandes villes ont dû faire appel aux citoyens pour tenir les bureaux de vote. La faute à une affiche politique inédite, composée de deux partis sans base militante constituée. Pour les législatives, le risque de se retrouver à nouveau dans ce cas de figure incite ces communes à renouveler leur invites aux habitants.
Dimanche 7 mai, à 8 heures pile, Jean Duplay, chargé de mission au cabinet du maire d’Argenteuil, a pu souffler… Malgré une semaine incertaine, la ville a réussi à ouvrir ses 50 bureaux de vote. « On a croisé les doigts, et on a eu aucun problème… c’était exceptionnel mais on a vraiment bataillé toute la semaine ! » constate-t-il.
Même soulagement à Grenoble, où les 86 bureaux de vote de la ville ont également pu ouvrir sans encombre. Dans l’entre-deux-tours pourtant, l’inquiétude avait gagné les élus. « Une Présidentielle, c’est une élection qui mobilise beaucoup… et pourtant cela a été tendu. C’était tout à fait inattendu. Alors, pour le second tour, c’est vrai que l’on s’est inquiété » explique Laurence Comparat, adjointe en charge de l’Open data à Grenoble. Une première pour cette élue. Idem à Argenteuil où Jean Duplay n’avait « jamais vu cela en 20 ans d’élections ! ».
Une affiche inédite… aux conséquences inédites
Durant l’entre-deux-tours, André Laignel, le maire d’Issoudun et vice-président de l’Association des maires de France, avait en effet tiré la sonnette d’alarme et raconté que l’association recevait de nombreux appels de maires troublés face à une pénurie inédite d’assesseur. La faute, expliquait-il, aux deux partis arrivés en finale, deux partis dépourvus d’une base militante suffisante pour envoyer des assesseurs dans chaque bureau de vote de France… En effet, la loi impose que les bureaux de vote soient tenus au minimum par un président et une secrétaire (fournis par tradition par la collectivité) et deux assesseurs, généralement désignés parmi les militants-citoyens des partis présents au second tour.
« Ce sont des mouvements politiques moins structurés que les partis traditionnels, ce n’est pas forcément quelque chose auquel ils avaient pensé en amont. Ils ont vraiment cherché du monde et fait de leur mieux » détaille Laurence Comparat à Grenoble qui estime par ailleurs que les vacances scolaires ajoutées à une « démobilisation générale de l’engagement citoyen et du bénévolat » ont encore compliqué la situation. Du côté d’Argenteuil, le mouvement « En Marche ! » n’a ainsi pu fournir que 30 assesseurs pour les 50 bureaux de la ville, quant au FN, une seule personne a été proposée.
Partis politiques et citoyens !
Aussi, pour faire face, ces deux villes ont donc fait appel en premier lieu aux autres partis politiques… qui ont répondu plus ou moins présent.
A Grenoble, l’adjointe en charge de l’Open data salue le dévouement de ces militants politiques « qui viennent tenir des bureaux de vote, et ce même si leurs favoris ne sont plus représentés ». Mais à Argenteuil, seuls les militants LR sont venus prêter la main dimanche dernier. « La liste Fillon nous a fourni une quarantaine de personnes… en revanche, les autres partis n’ont pas vraiment joué le jeu et c’est dommage » note Jean Duplay.
Mais au-delà des forces militantes « traditionnelles », les deux villes ont été également obligées de faire appel à leurs citoyens. Des campagnes menées dans l’urgence mais, qui ont été couronnées de succès. Avec force appels sur les réseaux sociaux et les sites internet, Grenoble a pu recruter une centaine de personnes, Argenteuil, une vingtaine. « J’ai assuré une session de formation rapide le samedi », explique Jean Duplay qui évoque une expérience très positive. Même enthousiasme à Grenoble. Laurence Comparat : « nous avons touché plusieurs catégories de personnes dont des jeunes ! Etre dans les coulisses d’une élection est vraiment une expérience à vivre une fois dans sa vie de citoyen ».
Renouveler les appels pour les législatives
La ville a d’ailleurs décidé de renouveler son appel pour les élections législatives, et a déjà demandé aux assesseurs bénévoles de la présidentielle s’ils étaient prêts à rempiler. « Initialement, nous avions l’intention de lancer cet appel pour les législatives où la participation est généralement moindre, nous avons donc dû accélérer notre calendrier, mais vu l’engouement, nous pensons recommencer » lance Laurence Comparat. A Argenteuil, Jean Duplay milite aussi pour un nouvel appel citoyen « compte-tenu du succès rencontré » : « les gens se sont vraiment mobilisés, c’était la bonne nouvelle de cette histoire ».
Néanmoins, les législatives étant un scrutin à seuil où tous les candidats passant la barre des 12,5% des voix sont autorisés à se maintenir, le chargé de mission de la mairie d’Argenteuil estime que le risque que la pénurie se reproduise les 11 et 18 juin prochain, est sans doute moindre.