« Le profil des maires reflète les transformations du périurbain »

Martine Kis

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« Le profil des maires reflète les transformations du périurbain »

Tanguy Le Goff, politiste

© TLG

Tanguy Le Goff, politiste à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France, a enquêté sur les maires périurbains d’Ile-de-France, avec un éclairage plus particulier sur l’ouest francilien. Il en ressort que l’évolution sociologique des maires reflète celle de la population dans un périurbain où la population s’est bien ancrée.

Courrierdesmaires.fr. Vous avez mené une enquête sur les maires du périurbain en Ile-de-France. Quels en sont les principaux constats ?

Tanguy Le Goff. Tout d’abord, la majorité des maires d’Ile-de-France le sont dans le périurbain, au sens de l’INSEE ((Au moins 40% de la population active travaille hors de la commune dans une ou plusieurs aires urbaines ; la zone bâtie est séparée de l’agglomération par une bande non bâtie d’une largeur supérieure à 200 mètres.)) puisqu’ils sont 857 sur 1 281, soit 65% du total.

L’âge d’or de ces maires est entre 60 et 69 ans, avec un âge moyen de 58 ans. Les moins de 40 ans ne sont que dix ! L’âge moyen d’entrée dans la fonction est de 52 ans. Un âge moyen qui s’élève. C’est probablement normal avec le temps de travail qui s’accroît, une entrée en retraite plus tardive. Enfin, comme partout, on constate une forte dominante masculine, bien que légèrement moindre en Ile-de-France, avec 19% de femmes contre 14% au niveau national. Lien vers

Quelle est l’origine sociale de ces élus ?

T. L. G. Les actifs sont majoritairement des cadres et les retraités sont d’anciens cadres. Avec une dominante cadre plus marquée dans le Val-d’Oise et les Yvelines qu’en Essonne et en Seine-et-Marne. Ces cadres réinvestissent leur savoir professionnel comme cadre dans la bauque ou dans de grandes entreprises dans leur métier de maire.

On constate une quasi absence des ouvriers. Ils ne sont que 1% alors qu’ils représentent 12% de la population d’Ile-de-France. Les agriculteurs représentent 12% des maires. Ils sont surreprésentés, mais cette proportion correspond à une forte baisse puisqu’ils étaient historiquement dominants.

Le lien entre les agriculteurs et la gestion municipale est donc rompu ?

T. L. G. Non. Même si le maire lui-même n’est pas agriculteur, celui qui a la maîtrise du foncier dans l’équipe municipal est en général un agriculteur, premier adjoint ou adjoint à l’urbanisme. Le maire doit donc composer avec les agriculteurs qui ont la maîtrise du foncier. Il serait intéressant de savoir si ce pouvoir contribue ou non à la conservation des espaces agricoles dans le périurbain.

Majoritairement, ce ne sont pas des « gars du coin »… Ils ne sont ni héritiers, ni parachutés, mais se sont construits un « capital d’autochtonie »

Ces maires sont-ils de nouveaux arrivants dans le périurbains ou au contraire, en sont-ils originaires ?

T. L. G. A travers un questionnaire consacré aux élus de l’ouest francilien, nous avons pu affiner le portrait. Il en ressort que, majoritairement, ce ne sont pas des « gars du coin ». Mais ils ont un ancrage territorial fort, acquis majoritairement depuis plus de 15 ans.

Ils ont acquis en quelque sorte un brevet de territorialité par leur investissement associatif, puis politique. Ils ne sont ni héritiers, ni parachutés, mais se sont construits un « capital d’autochtonie ». Ce profil social des maires reflète les transformations socio-économique du périurbain de l’ouest et la sociologie de ses habitants.

Ils passent beaucoup de temps à leur mandat. Plus de 25 heures par semaine pour 50% d’entre eux, et plus de 35 heures plus 25% d’entre eux, surtout dans les communes de plus de 1 000 habitants.

On constate aussi qu’ils s’investissent dans les structures intercommunales.

Ce périurbain n’est donc pas un territoire de relégation.

T. L. G. Non. Le périurbain n’est pas un territoire homogène, il faut regarder ses spécificités. Dans l’ouest francilien, le périurbain cherche à acquérir son autonomie, avec des commerces de proximités et des équipements dans une logique intercommunale. Une étude a d’ailleurs montré que les temps de déplacement n’augmentent plus et se reconcentrent au sein du périurbain.

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