« Le nombrilisme territorial n’a plus cours. C’est l’action collective qui est gage de succès »

Aurélien Hélias
1 commentaire

1 commentaire

favris alain - 26/02/2016 10h:10

comme a l’accoutumée l’analyse est juste, motivée. La mise en œuvre sereine est le meilleur gage de réussite. Je sens que la proposition faite aux chambres de commerce ne va pas soulever une joyeuse, cordiale adhésion...Amitiés

Répondre au commentaire | Signaler un abus

« Le nombrilisme territorial n’a plus cours. C’est l’action collective qui est gage de succès »

Alain Lambert, président du conseil départemental de l’Orne

© A. Leligny

« Tous les départements ne s'arcboutent pas pour s’opposer aux régions ! », lance aujourd'hui Alain Lambert en réponse au président des régions de France, Philippe Richert, dans une tribune que publie Le Courrier des maires. Le patron de l'exécutif ornais s'élève contre la vision, développée par le président de l'ARF, de départements dont le rôle sur le développement économique serait circonscrit aux « marges » des grandes agglomérations. L’ancien ministre du Budget invite aussi les chambres de commerce et d'industrie, devant lesquelles s'exprimait Philippe Richert, à renoncer à percevoir des taxes obligatoires pour faciliter le développement de l'entrepreneurial local.

Par Alain Lambert, président du conseil départemental de l'Orne,
ancien ministre du Budget

"Je connais bien Philippe Richert…

… je l’ai vu arriver au Sénat et nous appartenions au même groupe parlementaire. C’était un charmant collègue.

Sa « sortie » devant les présidents de CCI, réunis en assemblée générale, témoigne d’une vision plus cantonale que planétaire. Dommage. La création de grandes régions a été présentée aux Français comme le moyen d’atteindre une taille critique, pour partir à la conquête économique du monde. Ne pas en dire un mot, et rester planté dans un discours « localo-local » manque de souffle, donne un mauvais goût « d’étriqué », et signe l’abandon d’une vision conquérante à l’international. Venant d’un Président transfrontalier, on peut au mieux s’en étonner, au pire s’en inquiéter.

En vérité, dans une action publique dynamique, performante, conquérante, chaque acteur à sa place.

En filant la métaphore sportive, qui a les moyens aujourd’hui de se priver des meilleurs joueurs pour gagner la bataille économique de la France en Europe et dans le monde ? Personne ! Voilà pourquoi, le meilleur entraîneur sera toujours celui qui saura faire jouer ensemble tous les acteurs, communes, intercommunalités, métropoles, départements, régions ainsi que l’Etat. Le nombrilisme territorial n’a plus cours. C’est l’action collective qui est gage de succès.

Contrairement aux affirmations de Philippe Richert, qui a probablement manqué de temps pour lire les dernières publications universitaires sur le sujet, le développement économique et la taille des collectivités ne sont pas symétriques. Ce n’est vrai, ni en France, ni à l’extérieur. Les réussites relèvent d’une alchimie plus subtile entre la recherche, le développement, le niveau de formation, la souplesse du droit, le niveau de fiscalité, la sociologie de l’entrepreneuriat. Toute une série de facteurs plus complexes que les raccourcis de discours de foire.

Tous les départements ne s’arc-boutent pas pour s’opposer aux régions.

J’ai personnellement la chance d’appartenir à la Normandie où les cinq départements travaillent, main dans la main, avec le Président de Région pour articuler nos actions, afin qu’elles soient les plus efficaces possibles. Précisément, nous sommes une Normandie conquérante qui part à la conquête des marchés européens, et mondiaux, en nous appuyant sur l’image favorable de notre Normandie dans le monde. Nous ne perdons donc aucun temps à des chamailleries cantonales.

S’agissant enfin de cette vision réductrice consistant à prétendre qu’il n’existerait plus désormais que deux partenariats : « CCI-Régions » et « CCI-Agglomérations », je suggère alors qu’on ait le courage du virage libéral jusqu’au bout. Que les CCI renoncent à percevoir des taxes obligatoires, y compris sur les entreprises en milieu rural, et qu’elles vivent des cotisations volontaires. Ce sera le meilleur moyen pour elles de mesurer leur utilité auprès de l’appareil entrepreneurial local.

Les discours prononcés dans les assemblées générales n’obligent pas à dire ce que l’auditoire aime entendre…

… mais plutôt ce qu’il lui serait utile d’entendre. S’agissant de Philippe Richert, ses positions aident à mieux comprendre pourquoi il a eu besoin que la liste socialiste se retire pour être élu Président de Région.

Recevez vos newsletters gratuitement

FORMATIONS