Bras droit des élus, vu comme son représentant par l’administration et, souvent, les habitants, le colcab peut vite être sur tous les fronts. A moins qu'il ne partage son lien privilégié avec l’élu avec d’autres colcabs. C’est le cas, par exemple, à Arras (41 500 habitants, Pas-de-Calais). Zoom sur le duo Leturque-Lemoine.
Frédéric Leturque, maire d’Arras
« Le collaborateur de cabinet est un homme ou une femme de confiance, qui vit au quotidien avec le maire, mais vit aussi le quotidien du maire. Il doit essayer de le soulager d’une série de missions, responsabilités et engagements. Il doit aussi anticiper des réponses aux questions que l’élu va lui poser. C’est un travail en symbiose.
Il intervient depuis l’organisation quotidienne jusqu’à la prise en charge de certaines compétences. Par exemple, Eric Lemoine suit tout le volet cohésion sociale avec la politique famille, logement et emploi jeune. Il accompagne l’élu en charge du dossier en tant qu’homme ressource.
J’ai trois collaborateurs de cabinet. Un directeur qui suit globalement mes mandants, mes engagements sur des sujets de fonds. Eric Lemoine est sur les sujets de la vie locale, quotidienne. Par exemple, ce matin, à 7h15 il m’accompagnait pour une rencontre avec des chefs d’entreprise qui mettent en place un réseau entre eux, puis pour une visite d’école. Et le troisième collaborateur s’occupe de la gestion des relations, de la convivialité entre élus. Il s’assure que les engagements politiques soient bien rythmés et suivis.
Les colcabs travaillent avec les quatre adjoints chargés de pôles transversaux et qui suivent des pans entiers de la politique municipale. Les adjoints de quartiers sont également en prise directe avec Eric.
Cette organisation a bénéficié de ma propre expérience de directeur de cabinet, puis d’adjoint au maire et de maire depuis 2011. Je dois ce parcours à une forte sensibilité à l’engagement public. Une expérience dans un collège, à Arras, m’a montré que pour y travailler il faut connaitre la réalité de la vie. Je suis devenu dircab puis, en 1998, j’ai voulu partir, car la légitimité politique est dans les mains de l’élu. Le maire m’a demandé de rester, mais en devenant adjoint.
Ma première vocation, l’engagement au service du public, s’est ainsi traduite par un engagement politique. J’encourage d’ailleurs mes collaborateurs à se former pour se construire un parcours professionnel et personnel. »
Eric Lemoine, directeur adjoint de cabinet à Arras
« Ma mission est d’accompagner le maire, de le tenir au courant de tout ce qui peut se passer dans la commune. A l’origine, je suis un homme de terrain. J’ai été recruté pour la qualité de mon travail quotidien comme directeur du service jeunesse. Je suis donc en détachement de la territoriale.
Frédéric Leturque m’a fait venir à ce poste d’une autre commune, pour développer les politiques jeunesse et éducation. Il y a donc une relation de confiance entre nous qui a débouché sur la proposition de devenir collaborateur de cabinet.
Je ne suis pas encarté, je ne fais pas de politique. Par contre, je suis très proche du terrain, je fais beaucoup de visites de quartier.
Je me pose des questions sur mon avenir. Repartir en territoriale ? Avec ce que je découvre aujourd’hui, j’aurais peur de m’ennuyer. J’ai débuté comme éducateur sportif, j’ai gravi les échelons de la FPT, aujourd’hui je suis aux côtés d’un élu et je touche à tout, depuis les réunions avec le préfet jusqu’aux réunions de quartier en passant par l’organisation du Tour de France. Cela me plaît énormément.
Je suis déjà adjoint dans une commune de 3 600 habitants, qui mène un très beau projet. Après, pourquoi pas me présenter comme conseiller général ou régional ? J’aime entreprendre, accompagner, être du côté où on peut décider de certaines choses. »