zones d’activités d'Avignon
© Flickr-CC-JL.Zimmermann
La France est traversée par d’importantes disparités en matière d’emploi et de chômage, qui se maintiennent ou s’accentuent. Au niveau national comme local. C’est le constat du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), qui appelle à une réflexion sur l’aménagement du territoire pour réduire notamment l’éloignement entre zones d’emplois et d’habitat.
Crise économique ou pas, les disparités territoriales françaises en matière d’emploi et de chômage semblent toujours aussi fortes. Encore plus élevées que chez nos voisins anglais, espagnols ou allemands. Pis : loin de décroître, elles se stabiliseraient, d’après une récente note du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET). La région parisienne comme les façades atlantique et méditerranéenne parviennent globalement à tirer leur épingle du jeu, en attirant sans cesse de nouveaux actifs attirés par la perspective d’obtenir un travail. Le Centre ou le Nord-Est de la France continuent, pour leur part, de patiner et voient leur nombre d’emplois diminuer.
Les zones où le chômage était élevé et la démographie atone avant la crise de 2008-2009 ont en effet été les plus touchées. A contrario, les grandes aires urbaines continuent leur course en avant : la croissance de l’emploi est presque deux fois plus importante dans les villes (hors Paris) de plus de 500 000 habitants que dans les autres espaces (1% par an contre 0,57% en moyenne). De quoi confirmer, à première vue, l’opposition entre d’un côté, les espaces tertiaires attractifs – au premier rang desquels les métropoles – et, de l’autre, les espaces davantage orientés vers une économie productive, globalement en difficulté.
Réflexion pour un aménagement équilibré des territoires
Le CGET nuance quelque peu ce constat globalisant. Les spécialisations sectorielles ou le contexte régional historique font que des territoires industriels ruraux décrochent moins que d’autres, ou que le dynamisme de la zone urbaine Douai-Lille-Lens ou de Saint-Etienne ne soit pas aussi important que celui constaté dans les métropoles de Nantes, Toulouse ou Montpellier. Mais les auteurs de cette note semblent d’autant plus tentés de recourir à la grille de lecture « centre-périphérie », très à la mode, qu’elle n’est pas seulement applicable à l’échelle nationale mais aussi au niveau local.
L'emploi se concentre dans les coeurs des grandes métropoles. Elles doivent, de fait, veiller au « décalage croissant » entre lieux de travail – qui se concentrent dans les pôles urbains – et lieux de résidence des actifs – qui se desserrent, pour leur part, du fait notamment de la périurbanisation à l’œuvre. Deux mouvements forts, en sens contraire donc, qui accentue l’éloignement entre zones d’emplois et d’habitat et rallonge d’autant les trajets domicile-travail. Compliquant de fait, par exemple, l’accès à l’emploi des classes populaires et des ouvriers, massivement touchés par le chômage et n’ayant pas forcément les moyens de résider à proximité des pôles urbains dynamiques…
Penser la combinaison des différentes politiques
« Cet accroissement généralisé de la mobilité est, aujourd’hui, un enjeu majeur de l’aménagement du territoire, qui pose des défis territoriaux, environnementaux et sociaux […] La migration des habitants des territoires en déclin vers les plus urbains, dynamiques et créateurs d’emplois, renforce en effet les inégalités territoriales en matière d’emploi, alors même que son rôle bénéfique pour les travailleurs fait débat […] Ces observations nécessitent de penser la combinaison de politiques de développement économique, de logement, de transport, d’accès aux services publics – en vue d’un aménagement équilibré des territoires, qui mette les acteurs de chacun d’entre eux en capacité de créer de l’emploi localement. »