© Capture France info TV
Lors des universités d’été de l’Association des dirigeants des communautés de France (AdGCF), du 6 au 8 juillet, l’économiste Laurent Davezies a pointé « l’hyperconcentration » du PIB dans « quelques territoires privilégiés ».
La tendance n’est pas neuve mais elle s’accélère et prend des proportions inédites. Invité aux 14emes universités d’été de l’Association des dirigeants des communautés de France (AdGCF), l’économiste Laurent Davezies a décrit une mécanique « inquiétante » qui conduit à concentrer toujours plus de PIB dans quelques espaces métropolitains. Selon lui, l’Etat a toujours soutenu les territoires (c’est le titre de son dernier livre, paru en 2021) mais la répartition de la richesse française est de plus en plus déséquilibrée.
« Entre décembre 2020 et décembre 2021, les secteurs qui ont créé le plus d’emplois sont la restauration rapide, le transport de courte distance et le numérique, a-t-il expliqué. Si l’on regarde les emplois du numérique, 80% de la création nette s’est faite en Ile-de-France, le reste à Nantes, Bordeaux et Toulouse. La concentration des richesses s’accélère très fortement. »
Les chiffres contredisent « le ressenti »
Ce mécanisme concourt « à la fragmentation socio-spatiale » du pays, estime Laurent Davezies. Cependant, « il n’y a pas d’abandon par l’Etat des territoires en déprise », a martelé l’économiste : « La situation n’y est d’ailleurs pas apocalyptique. L’emploi salarié privé est parti. Mais l’emploi public n’a cependant pas cessé de progresser, y compris à l’hôpital. Les territoires périphériques ont été tous très bien servis ! Il y a deux fois plus de moyens par élève dans la Creuse qu’en Ile-de-France. »
Des propos qui détonnent, peuvent heurter, et sont contestés. Laurent Davezies en est conscient. « Le ressenti, c’est une affaire sérieuse », avant d’expliquer : « Les montants alloués par habitant ne produisent pas le même résultat en Ile-de-France que dans les zones sous-denses. Il y a quarante fois moins de médecins au km2 dans les zones rurales, mais pourtant le même nombre de médecins pour 1 000 habitants qu’en Ile-de-France. Contre cela, on ne peut rien faire ! Le problème de la faible densité de population, ce n’est pas celui du gouvernement. »
La plainte des territoires semble donc, selon le mot de l’économiste, « inextinguible ».