porte-monnaie
© Flickr CC by L. De Leeuw
Zoom sur trois collectivités territoriales qui se sont emparées du dossier des monnaies locales complémentaires, avec des objectifs différents: stimuler l'emploi local, relocaliser les échanges ou soutenir la rénovation énergétique. En 2013, l'une d'elles, le conseil départemental d'Ille-et-Villaine, avait déjà créé sa monnaie : le Galléco.
Il existerait 5 000 monnaies locales complémentaires dans le monde. En France, ils sont nombreux à se rassembler pour inventer une autre façon de consommer, basée sur des circuits courts et la fonte de la valeur de la monnaie au fur et à mesure de sa circulation pour qu’il n’y ait plus intérêt à la thésauriser. Les monnaies Sol Violette à Toulouse (31), Abeille à Villeneuve-sur-Lot (47) ou encore Sonnante au Pays de Lannemezan (65) ont été créées par des associations qui veulent défendre un fonctionnement éthique.
Ces monnaies perdant de la valeur avec le temps, elles circulent très rapidement et génèrent du PIB supplémentaire, ce qui crée du chiffre d’affaires et des emplois locaux."
Gérard Poujade, délégué à l’aménagement de l’espace au conseil régional de Midi-Pyrénées
Complémentaires de l’euro, ces monnaies locales ne s’y substituent pas. La principale motivation est de créer un instrument au service de l’économie locale. « Ces monnaies perdant de la valeur avec le temps, elles circulent très rapidement et génèrent du PIB supplémentaire, ce qui crée du chiffre d’affaires et des emplois locaux », explique Gérard Poujade, délégué à l’aménagement de l’espace au conseil régional de Midi-Pyrénées. Sa collectivité s’est emparée du sujet, à l’instar du conseil régional de Rhône-Alpes et du conseil général d’Ille-et-Vilaine, qui a créé sa monnaie, le Galléco.
Un rapport pour doper les MLC
Face à la crise économique et financière et aux insuffisances de l'euro, ces monnaies locales complémentaires suscitent de plus en plus d'intérêt. Au point que Slate.fr parle "d'épidémie" , avec dans le pays basque l'Eusko , à Toulouse a cours le Sol Violette, à Strasbourg le Stück, à Brest l'Héol, à Montreuil la Pêche, à Boulogne-sur-Mer la Bou'Sol, à Villeneuve-sur-Lot les Abeilles, à Angers la Muse , à Chambéry l'Elef... Le 28 avril, Nantes va mettre en circulation SolNantes. Une trentaine de MLC seraient en préparation, selon le rapport, remis à la ministre Carole Delga, le 9 avril 2015, par le vice-président du Réseau des territoires pour une économie solidaire (RTES) Philippe Magnen. Ce texte contient 12 propositions pour les conforter. >> Lire notre article
Il existe deux réseaux principaux de monnaies locales.
- Le plus connu, celui du Sol, lancé en 2005, est une « boîte à outils » monétaire : levier pour une économie écologique et sociale, échanges en temps, valorisation des comportements solidaires, monnaie affectée.
- Le réseau des monnaies locales complémentaires (MLC), en phase de structuration, a coorganisé ses premières Assises nationales des monnaies locales en mai 2013, à Villeneuve-sur-Lot, là où est née l’Abeille.
AGENDA - La 11e Rencontre des monnaies locales complémentaires se déroulera les 23 et 24 mai 2015, à Saint-Jean-Pied-de-Port (64).
Conseil départemental d'Ille-et-Vilaine : stimuler l’emploi local
« Avec le Galléco, notre objectif est de protéger l’environnement, promouvoir l’emploi local et favoriser les achats responsables, tout en créant du lien social », rappelle Jean-Yves Praud, vice-président du CG d’Ille-et-Vilaine en charge de l’économie sociale et solidaire.
Premier département à créer une monnaie, la collectivité vient de confier à une association la gestion du dispositif avec une enveloppe de 350 000 euros sur 4 ans. L’imprimerie départementale a édité 10 000 billets pour une valeur de 40 000 Gallécos. La sécurité et la traçabilité seront assurées par des codes à bulles, uniques, inviolables et infalsifiables de la société Prooftag. Cette dernière fournira à l’association le logiciel permettant un suivi des billets.
Conseil régional de Rhône-Alpes : relocaliser les échanges
La question de la monnaie complémentaire a été intégrée à la politique générale d’économie de proximité votée en décembre 2012 par la collectivité. Celle-ci soutient 5 associations porteuses de monnaies locales via des aides au démarrage, organise en fin d’année pour la troisième fois une journée régionale d’échanges d’expériences. Elle a le projet de créer en 2014 sa propre monnaie pour une compétence régionale.
« Ce sera dans le domaine du transport, de l’éducation ou de la rénovation énergétique. L’enjeu est la relocalisation des échanges. Et d’aider les citoyens à comprendre les processus de fabrication de richesse », déclare Cyril Kretzschmar, conseiller régional EELV.
Conseil régional de Midi-Pyrénées : soutenir la rénovation énergétique
Le conseil régional espère lancer, en 2014, le Mipys, monnaie régionale d’investissement créée pour financer la rénovation énergétique. Il mise sur au moins 100 adhérents (collectivités, associations, entreprises) à l’association de préfiguration qui gérera le Mypis, avant sa transformation en société coopérative d’intérêt collectif. Entièrement numérique et à parité avec l’euro, le Mipys aura un rôle de carte de fidélité. Chaque achat en Mipys donnera droit à un taux de remise négocié avec l’entreprise adhérente. La valeur possédée en Mipys perdra 0,01 % chaque soir à minuit ou 0,1 % chaque semaine. Il permettra de bénéficier de prêts à taux zéro pour tout achat lié à la rénovation énergétique.
• Article de Christiane Wanaberbecq, publié dans "le Courrier des maires et des élus locaux" de mai 2013 : Aide à la décision - Solutions - Lancer une monnaie complémentaire . Les articles en texte intégral du "Courrier des maires et des élus locaux" sont accessibles aux seuls abonnés.