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A l'origine de près des deux tiers de la commande publique, les collectivités locales, et au premier rang les communes et intercos, comptent bien jouer un rôle majeur pour surmonter la crise économique qui vient. Les élus souhaitent mobiliser l'investissement public local pour engager des politiques contra-cycliques à même de favoriser une relance durable. Mais pas question pour eux de se laisser dicter par l'Etat leur agenda et leur priorités d'investissements. Notre enquête.
Les grandes manœuvres post-crise ont commencé dès avril. Depuis, l'Union européenne comme l'Etat peaufinent leurs plans de relance. Prêtes à faire redémarrer leurs investissements, les collectivités - à l'origine de 60 % de la commande publique dans l'Hexagone en 2019 - les observent avec une attention toute particulière. En partie dépendantes des axes et programmes structurants définis aux niveaux supra-régionaux, elles espèrent bien avoir leur mot à dire sur le choix des secteurs vers lesquels orienter et cibler en priorité l'investissement public local... Pour elles, pas question d'un plan de soutien qui se limite à l'économie traditionnelle.
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Navré de l'ultra-centralisation de la gestion de la crise financière en 2009, Jules Nyssen estime que « cette fois-ci, nous ne pourrons pas faire de relance sans passer par les territoires ni prendre en compte le développement durable, la logique de souveraineté économique. Nous souhaitons renommer les contrats de plan Etat-régions pour en faire des contrats territorialisés interministériels portant des politiques de relance, en les adossant aux fonds européens abondés par le plan européen de 750 milliards d'euros » plaide le DG de Régions de France.
Cycle électoral oblige, l'investissement public local aurait probablement ralenti quoi qu'il arrive en 2020. Mais alors qu'il commençait tout juste à se redresser après un trou d'air entre 2014 et 2016, le reflux sera sans doute plus important que prévu. Dans quelle proportion ? Tout dépendra du niveau de la récession qui succédera à l'épidémie...
Nul doute, en tout cas, que si les finances des collectivités le leur permettent, les élus réviseront leurs schémas d'investissements habituels et accepteront d'en faire une mesure de relance contracyclique. Encore faut-il, pour cela, que l'UE et l'Etat ne procèdent pas seulement à quelques ajustements conjoncturels. Auront-ils les moyens de tirer les leçons de la crise et de soutenir la transition écologique et énergétique ?
La fin du maire bâtisseur
Hors de question, en effet, pour les nouveaux élus d'enfiler les habits démodés des « maires bâtisseurs » de ces trente dernières années, faute de moyens mais aussi de priorités d'investissement qui ont changé. C'est moins par de grands équipements que par leur capacité à inscrire leur territoire dans les nouvelles transitions - environnementales, numérique, de mobilités - que les maires pourront marquer leurs villes de leur empreinte.
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Le mandat qui s'ouvre aura un goût différent, mais il ne perdra pas toute saveur pour autant. Les maires et présidents d'agglomération ne sont pas condamnés à devenir de simples gestionnaires, mais à concrétiser leurs ambitions transformatrices dans un contexte financier et économique inédit.