Elu mystère
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Un quart des maires de ces moyennes et grandes villes élus en mars dernier sont des fonctionnaires territoriaux ou issus « de l’appareil politique local », collaborateurs de cabinet notamment. Une professionnalisation de la vie publique locale qui va de pair avec une moindre diversité des profils socio-professionnels de ces édiles, selon une étude réalisée par le chercheur du Cevipof Luc Rouban, spécialiste des transformations du secteur public.
25 % des maires sont désormais des professionnels de la politique, « des hommes et femmes d’appareil qui proviennent des entourages locaux : cabinets de maires, collaborateurs de conseils généraux ou régionaux ou bien d’EPCI », constate le chercheur du Cevipof, Luc Rouban dans une étude publiée le 20 mai 2014. C’est autant que les cadres des secteurs privé et public réunis — respectivement 10,5 % et 12,3% — et cette progression s’avère fulgurante : ces professionnels de la politique représentaient moins de 1% des maires en 1983 et 20 % lors du mandat précédent 2008-2013.
A cela s'ajoute « la part également croissante prise par les professions politiques dans lesquelles ont été intégrés les assistants parlementaires ou les collaborateurs d’élus au niveau national », précise le directeur de recherche au CNRS.
« La fermeture des profils sociaux »
A rebours de ce phénomène, le fauteuil de premier magistrat de ces moyennes et grandes villes échappe de plus en plus aux ouvriers (0,4%) et aux employés du public (1,2%). « Les enseignants, quel que soit leur niveau professionnel, perdent du terrain, ce qui est dû à la raréfaction des maires socialistes », analyse Luc Rouban. En témoignent les instituteurs, qui ne sont plus que 0,8%, et les professeurs du second degré, 8,5%, contre 13,8% en 2008.
En revanche, hormis les médecins, dont la représentation chute également (1,5 %, contre 5,8% il y a six ans), les autres catégories restent stables. « Contrairement à ce qui a été soutenu, à partir d’exemples très ciblés d’alternance à droite dans la région parisienne, la proportion de maires cadres du secteur privé est restée très stable, alors que celle des cadres du secteur public n’a perdu qu’un point. On n’enregistre qu’une légère hausse de la part des professions libérales et des patrons », développe celui qui avait déjà écrit, début 2014, une étude sur "L’élite urbaine : les maires des villes de plus de 30 000 habitants de 1983 à 2008".
L’image d’une nouvelle population de maires sans expérience est loin de la réalité. »
Luc Rouban
« Le poids des appareils »
Autre observation : « En 2014, les maires des villes de plus de 30 000 habitants sont très généralement des professionnels de la politique bien ancrés dans les appareils partisans.
L’image d’une nouvelle population de maires sans expérience est loin de la réalité », glisse le chercheur du Cevipof. « Le poids des appareils » ne serait ainsi pas pour rien dans une chasse bien gardée au poste de premier magistrat de la ville: « La proportion de maires primo-accédants est faible : 31 % contre 29 % en 2008, proportions qui s’inscrivent dans un taux de renouvellement moyen très stable depuis 1983. »
Conclusion de Luc Rouban : « Les élections municipales de 2014 ont permis un certain renouvellement des profils mayoraux, notamment chez les candidats UMP. Mais le modèle notabiliaire et professionnalisé n’a pas été bouleversé... »
Lilio08 - 26/05/2014 09h:48
L origine professionnelle (fonction publique territoriale) est elle plus marquée à gauche ?
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