La lutte contre le terrorisme, l’affaire de tous

Martine Kis

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La lutte contre le terrorisme, l’affaire de tous

Polices municipale et nationale

© Flickr-CC-Dorange

La montée en puissance des collectivités territoriales et des polices municipales dans la sécurité est une tendance séculaire. La lutte contre le terrorisme et la radicalisation renforcent cette évolution, en affirmant qu’elle est "l’affaire de tous", y compris des citoyens. Un projet social fort devrait cependant accompagner celle-ci, rappelle l'Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France.

Terrorisme et lutte contre la radicalisation ne sont naturellement pas sans impact sur les collectivités locales. Le Plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme (Part) est "explicite à ce sujet", souligne une "Note rapide" (n° 275, septembre 2016) de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France. Aussi, les contrats de ville devront-ils inclure un plan d’actions dédié et les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) sont-ils incités à intégrer un volet "radicalisation".

Les collectivités sont associées à la mise en œuvre du plan Vigipirate. A l’occasion, par exemple, de leurs événements festifs, sportifs ou culturels. Et elles sont priées de mettre la main à la poche. Ainsi, ce sont elles qui ont dû assurer la sécurisation des "fan zones", durant l’Euro 2016, en suivant les exigences du ministère de l’Intérieur. D’où leur sentiment d’avoir, une fois de plus, à compenser un désengagement de l’Etat.

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Armement des polices municipales

[caption id="attachment_60051" align="alignleft" width="300"] 8.282 policiers municipaux étaient équipés d'armes à feu en 2015 (+ 12,37% par rapport à 2012).[/caption]

La "Note rapide" souligne l’impact de ce contexte sur les polices municipales. Leurs effectifs progressent, mais ce n’est pas nouveau, puisqu’ils ont quadruplé en 30 ans. Ce qui est nouveau, c'est plutôt la généralisation de l’armement. A cet égard, l’assassinat d’une policière municipale à Montrouge, Clarissa Jean-Philippe, en janvier 2015, a marqué un tournant, amplifié par les risques d’attentat.

La tendance, confortée par la loi de juillet 2016 prorogeant l’Etat d’urgence, étant à la généralisation de l’armement, quels que soient la taille, les missions, l’environnement des polices municipales, "le point de vue de ceux qui s’y refusent est devenu presque inaudible aujourd’hui".

Accroissement du mandat répressif

Au-delà de l’armement, de nouvelles prérogatives, sur lesquelles il n'existe aucun débat, vont dans le sens "d’une logique d’accroissement du mandat répressif", souligne Virgine Malochet, sociologue, auteure de la "Note". Cette inflexion sécuritaire devrait poser un certain nombre de questions, la moindre n’étant pas comment préserver leur vocation de proximité.

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La sécurité, "l’affaire de tous"

Selon l’expression consacrée, la sécurité est "l’affaire de tous". Les transports publics sont donc fortement sollicités, avec de nouvelles possibilités ouvertes par la loi de mars 2016.

Les bailleurs sociaux s’affirment "acteurs de la tranquillité résidentielle et partenaires de la sécurité publique".

Les équipes éducatives sont investies dans la lutte contre la radicalisation, et doivent aussi prendre des mesures de précaution contre le risque terroriste dans les établissements.

Quant aux agents de sécurité privés, ils deviennent omniprésents dans l’espace public ou non.

Enfin, la "participation citoyenne" est encouragée par le biais de réseaux de surveillance de quartier en liaison avec la gendarmerie ou le commissariat.

Volet social nécessaire

Selon Virginie Malochet, la menace terroriste renforce "un mouvement antérieurement amorcé de recomposition du dispositif de sécurité intérieure".

Elle alerte cependant sur la nécessité de ne pas confondre les rôles et de ne pas "céder aux sirènes du tout-sécuritaire". La lutte contre le terrorisme doit être accompagnée d’un projet social fort "pour agir sur les causes profondes qui conduisent au basculement dans la radicalisation violente".

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