logement social
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Chargé des relations européennes à l’USH, Laurent Ghekière estime que la France est à contretemps des politiques promues en Grande-Bretagne et en Allemagne, qui ont annoncé récemment de grands plans de financement du logement social.
Quels sont les engagements des gouvernements allemand et anglais ?
Laurent Ghekière : L’Etat fédéral allemand a annoncé un plan de 5 milliards d’euros pour construire plus de 100 000 logements sociaux neufs de 2018 à 2021. Au même moment, Theresa May, outre-Manche, a souhaité en finir avec la dégradation du logement social : 2 milliards de livres vont être investis pour créer des logements neufs. L’incendie de la tour Grenfell à Londres en juin 2017 a créé une importante onde de choc. Nous avons là des exemples où les gouvernements opèrent un rétropédalage sur des politiques du logement plutôt libérales.
Que retenir des nombreuses ventes de logements HLM en Grande-Bretagne ?
L’idéologie de Margaret Thatcher dans les années 1980 était de multiplier le nombre de propriétaires. Le parc social britannique est majoritairement composé de maisons individuelles avec jardin. Deux millions de maisons ont été vendues à leurs locataires à des prix très bas fixés par l’Etat. Mais la plupart des acquéreurs ont ensuite revendu leur bien au prix du marché pour réaliser une plus-value. La politique de vente n’a pas du tout été maîtrisée et la spéculation a pris le dessus.
En France, la logique de la loi « Elan » est différente, elle est surtout financière : les ventes de HLM doivent alimenter les fonds propres des organismes mis à mal par la RLS. Et le parc français est surtout constitué de logements collectifs, bien moins attractifs à l’achat. Il n’est pas du tout garanti que l’on parvienne à vendre 40 000 appartements par an.
Quelle est la situation en Allemagne ?
Il existe des SA d’HLM et des coopératives qui ont construit des immeubles de logements sociaux. Mais la majorité du parc est faite de logements conventionnés entre une collectivité locale et un propriétaire - qui peut être un investisseur, un fonds de pension et très souvent un ménage soucieux de se constituer une épargne. Signé pour une durée limitée, de 5 à 25 ans, le conventionnement prévoit un loyer plafonné et une subvention versée par la ville au propriétaire. La plupart des ventes en bloc l’ont été à des fonds de pension internationaux qui n’ont pas investi ni entretenu les logements ; les conventionnements n’ont pas été renouvelés. On compte moins d’un million de logements conventionnés aujourd’hui : c’est insuffisant face à la crise migratoire et à la grande précarité de certains ménages allemands. D’où le plan de l’Etat fédéral.
La France va donc à contre-courant ?
Oui. A l’inverse de l’Allemagne, en France, la loi prévoit de réduire le parc en vendant des logements. C’est une proposition régulière que de vendre plus de logements sociaux. Mais qui va acheter ? Et que vont devenir ces appartements ? Par ailleurs, on construit moins qu’on ne vend, en raison des coûts élevés de construction.
Pigeon marc - 28/12/2018 13h:34
Sauf que ,tant les Anglais que les Allemands ont un esprit plus ouvert et autorisent les financements privés en accompagnement des financements publics avec les mêmes niveaux de loyer . A plusieurs on est plus fort que tout seul
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