La campagne avortée des régionales et départementales

Aurélien Hélias
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Fab44 - 18/06/2021 09h:48

Merci pour cet édito très juste. Cette campagne aura été en effet - à de rares exceptions près - d'une grande médiocrité. Les extrêmes ont maintenant les coudées franches grâce à l'individualisme (ce qui nous différencie devient plus important que ce qui nous rassemble), la méconnaissance incroyable de la majorité des français quant à leurs institutions démocratiques, et le désintérêt général pour la chose publique. Affligeant... et très inquiétant.

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La campagne avortée des régionales et départementales

Panneaux d'affichage électoral près d'une mairie

© Adobe stock

Jamais on aura aussi peu parlé des compétences des régions et des départements que durant ces quelques semaines de campagne électorale... Une incongruité dont il faut espérer qu'elle ne pèsera pas trop ni sur la participation aux scrutins des 20 et 27 juin, ni sur la volonté des nouveaux élus de se saisir pleinement des responsabilités détenues par ces collectivités locales.

C’était écrit. Pendant que le chef de l’Etat entamait son tour de France des plus beaux villages de l’Hexagone en guise de précampagne électorale, que le Premier ministre lançait, par une déclaration de soutien au candidat LR en Paca, une risible telenovela politique, les enjeux de ces élections régionales comme ceux des départementales sont passés à la trappe, happés par un calendrier politique qui les dépasse.

Un concours Lépine sur la sécurité

La campagne, étriquée, s’est focalisée sur les seules régionales et la sécurité, compétence que n’ont pas les régions, sauf à contourner la répartition des responsabilités entre collectivités. A base de « police régionale » en Ile-de-France ou de « suppression des aides aux parents de délinquants » en Auvergne-Rhône-Alpes et de généreuses subventions à la vidéosurveillance communale partout, tous les candidats s’en donnent à cœur joie. Pourtant, combien parmi eux n’ont pas vilipendé le millefeuille territorial et la confusion des responsabilités qu’il provoquait ? Il ne s’agit pas de nier les problèmes de sécurité que connaissent certains territoires, mais de ne pas troubler la cohérence et la lisibilité pour le citoyen de l’action publique.

Oubliées les mobilités, alors que la crise sanitaire a ajouté un défi de plus à affronter pour l’organisation et le financement des transports collectifs. Oubliées la réindustrialisation et la nécessaire relocalisation brandies en chœur par les exécutifs régionaux au cœur de la crise. Oubliée la formation professionnelle : élus et candidats ont préféré célébrer la réouverture - certes ô combien appréciable - des restaurants sans anticiper les 100 000 postes non pourvus du fait des mauvaises conditions de travail et salariales. N’y avait-il pas mieux à faire pour faciliter les recrutements et la formation de jeunes peu enthousiastes à rejoindre le secteur, pourtant clé de la relance, de l’hôtellerie-restauration ?

Invisible département

Calme plat également du côté des départements dont on n’aura jamais aussi peu entendu parler alors que la crise sanitaire et la crise sociale qui en a résulté auraient dû mettre leur action sociale au cœur de la réflexion. Qui sait aujourd’hui, par ailleurs, que ces mêmes départements sont responsables de l’aménagement numérique du territoire ? Un domaine où les attentes des ménages comme des entreprises sont tellement nombreuses, comme le montre l'enquête du Courrier des maires de juin-juillet, que le sujet a été ignoré pendant la campagne... Pas assez médiatique, il faut croire.

Espérons qu’à la neurasthénie des débats comme aux outrances de la campagne succédera une action résolue des nouveaux exécutifs régionaux et départementaux sur les champs qui sont les leurs.

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