L'Union européenne veut contribuer à la lutte mondiale contre la pauvreté

Sophie Le Gall
L'Union européenne veut contribuer à la lutte mondiale contre la pauvreté

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Engagée aux côtés des Nations Unies dans la réalisation des huit objectifs du millénaire pour le développement (OMD), dont le premier est de diviser par deux la part des personnes souffrant de la faim d'ici 2015, l'UE, s’appuyant sur des résultats encourageants, appelle à passer à la vitesse supérieure. En France, les acteurs de l'action sociale s'interrogent sur la mise en oeuvre du Fonds d’aide européen aux plus démunis (FEAD) qui remplacera, au 1er janvier 2014, le Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD).

Plus de 120 millions de personnes (24 % de la population totale et 27 % de tous les enfants) sont menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale dans l’Union européenne. En 2011, les dirigeants européens se sont engagés à réduire d’au moins 20 millions le nombre de personnes concernées d’ici à 2020.

Parmi les mesures déployées pour atteindre cet objectif, un plan en faveur de la lutte contre le chômage des jeunes qui vient de se traduire en France par le lancement, dans 10 territoires pilotes, de la « Garantie jeunes », et l’introduction du Fonds d’aide européen aux plus démunis (FEAD) qui remplacera, au 1er janvier 2014, le Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD).

Elargissement des missions
En effet, après des mois de débats, le principe de la création du FEAD a été acté, le 20 mai 2013, en remplacement du PEAD, qui était alimenté par le budget de la PAC. Toujours après d’âpres discussions et face à la mobilisation des associations caritatives, très inquiètes quant à une baisse potentielle de l’aide, le Parlement européen et la Commission européenne ont trouvé un accord sur un plafond de dotations de 3,5 milliards d’euros pour la période 2014-2020, soit une enveloppe identique à celle du PEAD.

Par ailleurs, le Parlement européen a introduit le principe d’une participation obligatoire – et non plus volontaire – des Etats membres, avec réaffectation de la contribution aux plus démunis si un pays décide de ne pas utiliser le fonds. Le périmètre définitif du FEAD pourrait aller au-delà de l'aide alimentaire en ayant pour mission la lutte contre le sans-abrisme et la privation matérielle des enfants.

Les CCAS inquiets pour leurs moyens
Cette évolution interroge les acteurs de terrain, qui redoutent de devoir faire davantage sans moyens supplémentaires.

« Certes, nous avons été soulagés quand nous avons appris que le budget était maintenu, mais à quelque mois de l’entrée en vigueur du FEAD, nous n’en savons pas plus sur sa mise en pratique dans chaque pays. Le gouvernement français nous a soutenus quand nous avons fait du lobbying pour le maintien d’une aide suffisante. Nous espérons que nous bénéficierons du même soutien dans les mois à venir », explique Marc Zyltman, administrateur national de la Croix-Rouge, en charge de l’action sociale.

Lire notre article : Vers la renationalisation de la solidarité nationale

« Une diminution de l’aide européenne mettrait en difficulté l’ensemble des acteurs de l’aide alimentaires que sont les grandes associations caritatives, les collectivités et leurs CCAS, ainsi que les structures associatives type épiceries solidaires, alors même qu’elles doivent faire face à une demande toujours plus importante », ajoute-t-il.

L’aide publique, soit le PEAD et le programme national d’aide alimentaire (PNAA), représente, en effet, de 25 à 40 % des ressources des CCAS et CIAS en matière d’aide alimentaire, le complément provenant de dons de l’industrie agro-alimentaire.

En 2010, 3,5 millions de personnes ont bénéficié en France du PEAD (source : direction générale de l’alimentation) contre 2,7 millions en 2006. Un chiffre à mettre en regard des 8,5 millions de Français considérés comme pauvres, en précisant que toutes les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ne sont pas concernées alors que des personnes vivant au-dessus de ce seuil sont demandeuses.

Les modalités d’application du règlement du FEAD sont toujours en négociation et devraient être au menu d’un des prochains Conseils européens.

Aide en espèces ou en nature
Sur la période 2004-2012, les fonds de l'UE ont bénéficié à plus de 46 millions de personnes sous la forme d'une aide en espèces ou en nature destinée à garantir leur sécurité alimentaire. Cette contribution est l’un des leviers qui a permis de faire reculer la faim dans le monde.

Le 1er octobre 2013, le rapport annuel de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) faisait état d’une amélioration de la situation avec 842 millions de personnes souffrant de faim chronique contre 868 en 2010-2012. Une avancée toute relative puisque la faim concerne toujours près d’une personne sur huit. Par ailleurs, des écarts importants persistent : l’Afrique subsaharienne reste la région à la plus forte prévalence de sous-alimentation alors que de nettes améliorations sont observées dans les pays d’Asie de l’Est, d’Asie du Sud-Est et d’Amérique latine.

La faim constitue le premier risque sanitaire dans le monde, tuant plus que le sida, le paludisme et la tuberculose réunis.

Efforts supplémentaires
« De nouveaux progrès ont été faits en ce qui concerne la réalisation, à l'horizon 2015, de la cible visée par les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) de l’ONU. Cette cible reste à la portée des régions en développement, prises dans leur ensemble, même si des écarts notables persistent entre les régions, et si des efforts supplémentaires importants et immédiats devront être consentis », commentent les auteurs du rapport.

De son côté, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, a déclaré : « Le monde a accompli des progrès impressionnants dans la lutte contre la pauvreté et nous pouvons être fiers du rôle important joué par l'Union européenne dans cette réussite. J'ai la ferme conviction qu'il est possible d'éradiquer la pauvreté en l'espace d'une génération. »

Andris Piebalgs, commissaire européen au développement, a appelé à « passer à la vitesse supérieure » et à « intensifier l'action au niveau mondial au cours des deux prochaines années en vue d'atteindre les OMD».

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