Sdis de l'Eure : pompiers intervenant sur un feu de broussaille
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Les délais d'intervention des sapeurs-pompiers peuvent, dans certains territoires ruraux, se trouver exagérément allongés. Pour y remédier, l'Etat doit-il augmenter le nombre de casernes ? Saisi de ce problème par un parlementaire, le ministère de l'Intérieur préfère renvoyer la balle dans le camp des élus.
Quarante-cinq minutes à une heure : c’est le temps qu’il faut pour qu’« une ambulance, un véhicule incendie, des secours routiers ou une grande échelle interviennent, en journée durant la semaine », lorsque les volontaires sont pour la plupart indisponibles, dans le territoire rural des Combrailles, dans le Puy-de-Dôme. Cet exemple, rapporté par le député du cru Jacques-Bernard Magner pour justifier sa proposition de construire « une nouvelle caserne à l’épicentre de plusieurs casernes, en milieu rural », ne semble pas émouvoir les services du ministère de l’Intérieur.
Maniant à merveille le langage techno-juridique de l’administration, la Place Beauvau balaie ce cas concret et se défausse habilement à coup de schéma départemental d’analyse et de couverture des risques (SDACR), de CGCT et de loi «Notre». « Le ministre de l’Intérieur attache une attention particulière au maillage territorial des centres d’incendie et de secours (CIS), qui permet de garantir la continuité et la permanence du service public de secours. » Mais, car il y a un «mais» , « l’implantation territoriale des CIS résulte des objectifs de couverture des risques ». Des objectifs départementaux qui sont eux-mêmes élaborés par chaque SDIS, et que le préfet n’approuve qu’après « avis conforme du conseil d’administration » de ces établissements publics.
L'offre et la demande...
Par ce tour de passe-passe procédural, les équipes de Christophe Castaner renvoient ni plus ni moins la responsabilité de « mettre en adéquation la demande et l’offre en matière de distribution de secours » aux financeurs locaux des SDIS. «Le niveau de couverture opérationnelle correspondant aux délais d’acheminement des secours sur le lieu d’un sinistre est fonction de ce maillage territorial des CIS mais également des moyens humains et matériels qui leur sont rattachés », justifie le ministère. Charge aux maires et conseillers départementaux, donc, de réviser à la hausse les « plans de programmation pluriannuelle des infrastructures, des ressources humaines, des équipements et de formation » si la situation le nécessite.