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© Flickr/isamiga76
La fiscalité locale et l’emploi se classent parmi les enjeux majeurs de la campagne des municipales cette année, mais qu’en est-il de l’environnement, qui fut un des thèmes phares de la campagne de 2008 ? Quatre élus engagés donnent leur avis.
Deux sondages datant de début janvier 2014, un sondage Ifop pour Dimanche Ouest France et un sondage BVA publié dans le journal Les Echos, placent la fiscalité locale au premier rang des enjeux des municipales, loin devant le développement économique, la sécurité et le cadre de vie.
Selon l’Ifop, pour 48 % des sondés, c’est l’enjeu qui pèsera « le plus » au moment du vote. Cette préoccupation est jugée prioritaire par les sympathisants de quasiment tous les bords politiques et s'exprime aussi bien en zone rurale qu'en province et en région parisienne.
Face à un constat aussi tranché, on peut se demander si l’intérêt pour la préservation de l’environnement a été balayé par la crise. Par rapport aux élections municipales de 2008, les thèmes de l’environnement et du développement durable apparaissent en effet bien plus en retrait.
Un impact sur le quotidien
Dans les médias, ils sont particulièrement peu visibles, le débat étant surtout axé sur les répercussions de la situation nationale : crise politique, courbe du chômage, ras-le-bol fiscal, tentation du vote sanction, niveau de l’abstention, montée du Front National… Les experts assurent toutefois que les Français voteront avant tout pour des enjeux locaux, car ils savent que la gestion municipale touche en profondeur leur quotidien. Or, dans ce quotidien, l’environnement tient une place non négligeable.
Aussi est-il finalement bien présent dans cette campagne, dans de multiples aspects de la gestion municipale. Mais comme… en embuscade.
« Ignorer le développement durable, c’est être à côté de la plaque ! »
« La surdose fiscale constitue une préoccupation forte des Français : il n’y a rien de surprenant à ce que l’imposition locale soit un enjeu des municipales. Même chose avec la sécurité : ce sont deux sujets qui font l’arrière-plan de la campagne », analyse Guy Geoffroy, président de l’association des Eco-maires et maire (UMP) de Combs-la-Ville (21 900 hab., Seine-et-Marne), candidat à sa succession.
« Pour autant, cela ne veut pas dire que les sujets liés au développement durable n’ont pas de place dans ces élections, bien au contraire, ajoute-t-il. Le développement durable a envahi l’univers quotidien des décideurs locaux et s’est enraciné dans les politiques publiques locales, auxquelles il sert de liant. Un candidat qui l’ignorerait serait à côté de la plaque. »
« Un enjeu important : la transition énergétique et les économies d'énergie dans les logements »
Pour Jean-Yves Menou, maire (PS) de Ploubezre (3 450 hab., Côtes-d’Armor), également en quête de réélection, la donne a effectivement changé depuis les précédentes municipales : « Il y avait alors un sentiment d’urgence environnementale, un énorme chantier devait être engagé. Le thème est maintenant “intégré”, mais toujours aussi prégnant. »
L’élu rejette les visions « parisianistes » sur les enjeux de campagne des municipales. « Les citoyens jugent les actions locales et s’intéressent surtout aux services proposés qui pourront améliorer leur vie de tous les jours, les aider à maîtriser leurs dépenses, etc. A ce titre, un enjeu important réside, à mon sens, dans l’accompagnement à la transition énergétique et aux économies d’énergie dans les logements. »
« Décliner l'environnemental et le social dans les différents aspects de la vie quotidienne »
Michel Bourgain, le maire (EELV) de L’Ile-Saint-Denis (7 050 habitants, Seine-Saint-Denis), lui aussi en course pour renouveler son mandat, estime que les électeurs ne feront pas primer les contraintes économiques et sociales sur l’intérêt environnemental, pourvu qu’on leur propose un autre chemin.
« La crise nous oblige à être plus imaginatif pour trouver des réponses qui intègrent l’environnemental et le social. Quand on décline cette approche dans les différents aspects de la vie quotidienne, en partant des difficultés immédiates des habitants, en exploitant des ressources en friche du territoire, en revigorant la commune par une territorialisation de nos relations économiques et sociales, les gens y adhèrent », affirme-t-il.
L'élu cite des exemples concrets sur sa commune en matière d’alimentation (restauration communale bio, végétarienne et saveurs du monde) ; de logement (un tiers du parc social et privé réhabilité pour de meilleures performances thermiques, hausse du confort et baisse de la facture énergétique) ; d’emplois locaux (postes que les opérations de réhabilitation de logements, de construction de tramway et d’équipements publics ont contribué à créer)… « Il faut cesser de regarder l’avenir avec les yeux du passé : les gens attendent autre chose », assure-t-il.
« Notre projet d’“éco-cité” est très bien compris par les citoyens »
Parmi les élus qui font de l’environnement un axe majeur de leur campagne, il y a aussi Bertrand Pancher, député (UDI) de la Meuse, qui entend reconquérir le siège de maire de Bar-le-Duc (15 900 habitants) qu’il occupait de 1995 à 2001.
Au cœur de son programme, son objectif fédérateur est de faire de la ville une “éco-cité”. « Au fil des réunions publiques, il apparaît que ce positionnement, qui décline tous les thèmes du développement durable, est très bien compris par les citoyens, dès lors que l’on se donne la peine d’expliquer comment cela impacte leur vie quotidienne », relate le député.