Travail d'intérêt général, Cergy (95)
© P. Marais
L’Observatoire national de la politique de la ville (ONPV) a rendu public, mercredi 27 mars, son rapport 2018 consacré cette année à l’emploi et à l’économie dans ces territoires démunis de la République française. Selon les éléments révélés par ce service rattaché au CGET, l’insertion professionnelle des personnes vivant dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV) reste toujours « détériorée » en comparaison aux autres territoires, mais quelques indicateurs semblent cependant montrer que les choses évoluent positivement.
« Quand on réside dans un quartier prioritaire, les handicaps se manifestent dès la scolarité et se poursuivent au moment de l’insertion professionnelle » explique Jean-François Cordet, président de l’Observatoire national de la politique de ville (ONPV). Il enchaîne : « nous savons aujourd’hui qu’au-delà des caractéristiques sociales des résidents, il existe en parallèle un effet ‘quartier’ lié au fait de résider dans un QPV ».
Des scolarités moins longues, des études moins poussées
Premier indicateur donné par l’ONPV dans son rapport 2018: le niveau de diplôme global des habitants des quartiers prioritaires. En effet, 75% des résidents de QPV sont peu ou pas diplômés contre une proportion qui tombe à 50 % des résidents des quartiers environnants. Dans les quartiers politique de la ville, les études sont en effet plus courtes, et les sorties sans diplôme beaucoup plus fréquentes qu’ailleurs. C’est le cas en région PACA, où le delta est même du simple au double.
Pour autant, ce différentiel qui n'est qu'une moyenne aurait tendance à se réduire avec les nouvelles générations. « 46% des jeunes sortant de scolarité en 2013 sont pas ou peu diplômés dans les QPV contre 23% dans les autres quartiers » précise Jean-François Cordet. Autre particularité de la scolarité en QPV : une plus forte orientation de fin de collège vers les filières professionnelles. Les jeunes issus des quartiers prioritaires sont donc, logiquement, moins souvent titulaires d’un bac général que les jeunes issus des autres quartiers. Ceux qui poursuivent des études supérieurs ont également tendance à plus échouer que leurs homologues hors QPV (34 % contre 20 %).
Un chômage 2,5 fois plus élevé qu’ailleurs !
De la même façon, ces inégalités se poursuivent au moment de l’insertion dans la vie professionnelle. « On a remarqué que trois ans après la fin de leur formation initiale 37% des jeunes bacheliers ou plus vivant dans des quartiers prioritaires ne travaillent pas, contre seulement 22% de leurs homologues des autres quartiers urbains » détaille Jean-François Cordet. L’emploi, une fois obtenu, semble par ailleurs plus précaire pour ceux qui vivent dans les quartiers prioritaires : 24,8 % de CDD ou de contrats d’intérim contre 13,3 % dans les autres territoires urbains. Et les postes occupés sont eux de moins bonnes qualité : 72,3% des actifs des QPV sont ouvriers ou employés. A titre de comparaison, dans les autres quartiers, cette proportion n’est que de 42%.
Mais une fois encore, les lignes semblent être en train de bouger, puisque les jeunes des QPV de moins de 30 ans appartiennent plus souvent à la catégorie des professions intermédiaires que leurs aînés. « On assiste à un rattrapage générationnel » poursuit le président de l’Observatoire. Quant au chômage, s’il demeure encore 2,5 fois plus élevé dans les QPV qu’ailleurs en France, le nombre des créations d’entreprises (126 000 implantations entre 2014 et 2016) semble démontrer qu’il existe néanmoins une forme de dynamisme dans les QPV avec des personnes qui cherchent à se créer leur propre emploi, notamment par le biais de l’auto-entreprise.
« Si ce rapport 2018 montre bien une situation générale très dégradée par rapport à l’emploi dans les QPV - en comparaison aux autres quartiers - on peut néanmoins voir dans ces statistiques des signes d’amélioration réels, notamment pour les plus jeunes générations qui tendent à rattraper le niveau de diplôme et d’insertion de leurs pairs. C’est la preuve que les politiques publiques nationale et locale en faveur des QPV sont complémentaires et portent leurs fruits » estime le président de l’Observatoire. Qui a dit que la politique de la ville était inefficace ?