L’AMGVF fusionne avec l’Acuf et devient « Territoires urbains »

Aurélien Hélias
L’AMGVF fusionne avec l’Acuf et devient « Territoires urbains »

Jean-Luc Moudenc, Toulouse, AMGVF

© Flickr-Metronews

L’Association des maires de grandes villes (AMGVF) présidée par Jean-Luc Moudenc (photo) devient, à l’occasion de sa fusion prochaine avec celle des communautés urbaines (Acuf), « Territoires urbains ». Un nouveau nom destiné à matérialiser la défense des intérêts du bloc urbain et lutter dans un premier temps contre la baisse des dotations, dont l’association craint qu’elle touche davantage les grandes villes que les autres niveaux de collectivités.

S’agit-il d’un effet de mode ? De la volonté de paraître moins technocratique ? D’élargir son assise ? Toujours est-il que l’Association des maires de grandes villes de France (AMGVF) est la deuxième association d’élus après celle des villes moyennes à annoncer, après les municipales, son changement de nom pour épouser celui de « Territoires urbains ».

Raison technique invoquée : « Aujourd’hui, il y a presqu’autant de grandes villes membres que d’intercommunalités », justifie le président de l’association, le maire (UMP) de Toulouse Jean-Luc Moudenc.

« Territoires urbains » réunit ainsi les grandes villes, les communautés d’agglomération et « les métropoles de demain ». Mais aussi les communautés urbaines, et ce bientôt de manière exclusive puisque la fusion avec l’Acuf, déjà évoquée depuis quelques mois, a été avalisée lors du bureau de l’AMGVF ce 2 juillet.

« Nous allons concrétiser un projet sur lequel travaille l’association depuis longtemps », a rappelé l’édile toulousain. « L’Acuf a délibéré la semaine dernière et son président [Gérard Collomb] a fait savoir son accord définitif ». Si des groupes techniques communs aux deux associations existent déjà, la fusion se fera « à partir de la rentrée » et doit être finalisée pour la « fin de l’année 2014 ».

Les grandes villes, « interlocuteurs » du nouveau pouvoir régional
Objectif affiché, « faire entendre la voix de l’urbanité », même si le maire de Toulouse n’en a pas dit davantage. Tout juste sait-on que les parlementaires-patrons de grands exécutifs locaux Jean-Claude Gaudin (UMP)  et Gérard Collomb (PS) au Sénat, et Nathalie Apperé (PS) et Catherine Vautrin (UMP) à l’Assemblée((Respectivement maires de Marseille, Lyon, Rennes et présidente de la communauté d’agglo de Reims, tous membres de l’AMGVF)) seront chargés de défendre les intérêts des « Territoires urbains » au Parlement. Et d'infléchir « le second texte de réforme territoriale, qui n’est pas le moins important, sur l’évolution des compétences », précise Jean-Luc Moudenc.

Une réforme sur laquelle l’association d’élus ne s’avance guère, prenant tout juste acte que les grandes villes vont avoir un rôle nouveau, « celui d’interlocuteur du pouvoir régional » sur des territoires régionaux élargis, constate André Rossinot, secrétaire général de l'AMGVF.

« Nous allons vers des intercommunalités plus importantes, et nous en sommes heureux », admet-il toutefois. En revanche, le  président de la communauté urbaine du Grand Nancy regrette une réforme faite « texte après texte », qui n’a pas donné lieu « à une loi-cadre au départ ».

Après la « dévitalisation » du département, son « involution »…
C’est davantage la « précipitation » de la réforme menée par l’exécutif qui gêne l’élu lorrain que « l’involution du département », un terme médical désignant la « diminution spontanée ou provoquée d'un tissu, d'un organe ou d'une tumeur », nous enseigne le Petit Larousse...

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse28 milliards en moins entre le 1er janvier 2014 et le 31 décembre 2017… Ça, on n’a jamais connu”
Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, président de l'AMGVF

Pas d’opposition affichée à ce que des compétences départementales soient transférées aux grandes villes – « des choses viendront naturellement chez nous », assure serein André Rossinot – mais une crainte sur les moyens afférents…

L’association fait d’ailleurs de la lutte contre la nouvelle baisse annoncée des dotations sa priorité numéro un : « 28 milliards en moins entre le 1er janvier 2014 et le 31 décembre 2017, c'est un chiffre à rapprocher de l’autofinancement de toutes les collectivités : 34 milliards. Ça, on n’a jamais connu », insiste Jean-Luc Moudenc.

Et le maire de Toulouse d’assurer que « compte tenu de nos dépenses de fonctionnement, nous ne pourrons opérer des corrections budgétaires pour être à l’équilibre qu’au détriment des investissements. Tout cela ne peut que se retourner contre l’économie et les entreprises, détruisant des dizaines de milliers d’emplois », prévient-il.

Dotations : un traitement « particulier » pour le bloc urbain ?
Une raison suffisante pour que « Territoires urbains » s’associe à la mobilisation de l’Association des maires de France contre le projet du gouvernement… Outre l’inquiétude de la répartition à venir de la misère, qui viendrait davantage toucher les collectivités urbaines que les autres strates de communes et niveaux de collectivités : « On ne voudrait pas que la répartition à l’intérieur [de l’enveloppe en baisse, ndlr] se transforme en nouvelles charges pour le monde urbain », n’a pas manqué de glisser André Rossinot.

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