L’aménagement urbain : acteurs et système

Martine Kis

L’aménagement urbain est un exercice d’une grande complexité. En comprendre la logique, les ressorts, les jeux d’acteurs, le potentiel des outils principaux, permet de mieux maîtriser son projet et sa stratégie. C’est l’objectif de l’ouvrage de Thierry Vilmin.

L’approbation d’un plan d’urbanisme n’est pas la fin de l’histoire. Au contraire. Elle n’est que le début d’un parcours dont la multiplicité des acteurs et des enjeux interdisent de prévoir précisément l’issue.

Parmi les acteurs : les autorités locales et leurs agences, les privés, propriétaires fonciers, entreprises de production, opérateurs variés (promoteurs, aménageurs, développeurs). Chacun a ses propres logiques économiques et politiques, qui interagissent.

Thierry Vilmin, consultant et enseignant au Cycle d’urbanisme de Sciences Po Paris, tente dans cet ouvrage de dégager des grilles de compréhension des réalités locales de l’aménagement tenant compte de ces interrelations.

6 domaines et 5 catégories d'acteurs

Pour l’auteur, le système urbain repose sur 6 domaines mis en mouvement par 5 catégories d’acteurs.

Premier groupe d’interaction : la création d’activités par les entreprises et les administrations attire des habitants. Ce qui provoque une demande de logements à laquelle répondent les promoteurs. Cette offre de logement et la présence de main-d’œuvre qualifiée facilitent l’implantation des entreprises.

Deuxième groupe d’interaction : l’impact du droit des sols sur les prix du foncier. Prix du foncier qui sont aussi impactés par les équipements et les participations financières.

Les élus peuvent agir sur le foncier, les équipements et le droit des sols. Ils ne le peuvent en revanche sur les activités, la démographie et le bâti. Entre les deux groupes, la communication se fait par le foncier et les équipements.

Quel modèle?

Thierry Vilmin développe les caractéristiques de ces différents éléments pour se demander, en conclusion, si, compte tenu de la complexité des interactions, il est possible de modéliser le système de l’aménagement urbain.

La réponse est plutôt négative. Un tel modèle serait aussi touffu que la réalité qu’il chercherait à décrire. En outre, il serait illusoire d’imaginer qu’il serait possible de modéliser rationnellement les acteurs de l’aménagement et surtout les comportements des grands acteurs, peu nombreux, mais dont l’impact sur l’évolution du système urbain est décisif.

Le travail de Thierry Vilmin serait-il donc vain ? Non. Comprendre par exemple selon quels modèles se conçoit le financement des équipements publics urbains en fonction des différentes interactions permet de mieux évaluer l’impact des décisions, de situer le possible et l’impossible.

En s’appuyant sur la grille proposée par l'auteur, l’autorité locale peut explorer des scénarios, tester des stratégies, expérimenter et comprendre que la ville se forme avec une multitude de décisions d’acteurs.

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