Dans une interview au "Monde", le ministre de l’Intérieur annonce vouloir associer les élus locaux à l’hébergement des demandeurs d’asile en France et au traitement des demandes. Des villes et des régions seraient ensuite « désignées » pour accueillir des centres d’hébergement des demandeurs d’asile.
[caption id="attachment_7254" align="alignleft" width="240"] Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, ancien maire d'Evry (Essonne).[/caption]
Après l’annonce par la Commission européenne, le 26 avril 2013, d’un accord entre les Etats membres sur un système d'asile commun, le ministre de l’Intérieur est revenu dans les colonnes du Monde daté des 5 et 6 mai sur les conditions dans lesquelles la France souhaite transposer cet accord dans les deux ans.
Déplorant des délais d'examen des dossiers trop longs («en moyenne de 16 mois, sans compter la phase en amont de l'Ofpra») et des centres d'hébergement des demandeurs d'asile (Cada) «saturés et proposés à seulement 30 % des demandeurs», Manuel Valls regrette le « recours de façon massive à l'hébergement d'urgence, au détriment des demandeurs d'asile comme des finances publiques ».
Dans ce contexte, le ministre dit vouloir développer les places en Cada « en consultation avec les élus locaux ». « Je vais lancer une grande consultation nationale avec les associations et les élus locaux à partir de juillet. Elle sera animée par un parlementaire et se conclura à l'automne. Il faut en effet tout revoir : la qualité de l'accueil, celle de l'hébergement, l'accessibilité de la procédure... », détaille l’ancien maire d’Evry.
Rééquilibrer géographiquement les places d’hébergement en Cada
Autre objectif affiché par le ministre : « imposer aux demandeurs d'asile d'aller dans des régions moins surchargées », en étant plus « directif » que dans le système actuel. « Il y a une trop grande concentration des demandeurs d'asile : plus de 45 % arrivent en Ile-de-France. Des départements comme l'Oise sont débordés, ainsi que des grandes villes comme Lyon, Rennes ou Dijon », développe-t-il. Et le locataire de la place Beauvau de préciser ses intentions : « Sur certains aspects, comme le logement, nous procéderons par voie réglementaire. Les dispositions européennes pourront, elles, être intégrées à un projet de loi ».
Le ministre a confirmé la création de places d’hébergement, annoncée dès le 11 décembre 2012 par Jean-Marc Ayrault, lors de la conférence nationale contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale.
« Sur les 9 000 places d'hébergement qui seront créées, 4 000 seront dédiées aux Cada, dont 2 000 ouvertes dès le 1er juillet, les autres avant le premier trimestre 2014. Comme cela se fait dans d'autres pays, il faudra désigner des villes et des régions », prévoit-il. Une « désignation » autoritaire semble donc prévue, même si le ministre assure que « cela fera partie des points abordés lors de la consultation avec les élus locaux ».