Jean-Luc Rigaut, maire d'Annecy, président du Grand Annecy agglomération
© Laurent Fortunati
Auditionné le 8 mars à l’Assemblée nationale dans le cadre de la mission d’information pour « une nouvelle étape de la décentralisation en faveur des territoires », Jean-Luc Rigaut, président de l’Assemblée des Communautés de France (AdCF) a pointé le besoin « d’ingénierie de projets » dans les territoires. Une condition indispensable selon lui pour pouvoir contractualiser avec l’Etat et les régions et donc « faire redescendre des financements ».
Pour le patron de l’AdCF, Jean-Luc Rigaut, même si ce sont aux élus locaux de porter prioritairement les projets de leurs territoires, le volontarisme politique semble atteindre ses limites, surtout lorsqu’il s’agit de monter d’ambitieux projets de contractualisation ! C’est en tout cas le discours qu’a tenu le patron de la communauté d’agglo du Grand Annecy aux députés de la mission d’information pour « une nouvelle étape de la décentralisation en faveur des territoires ».
Attirer les meilleurs cadres
« L’ingénierie de projets c’est stratégique pour les territoires » a ainsi lancé Jean-Luc Rigaut en préambule, insistant au passage sur les possibles risques de voir les territoires les moins dotés décrocher. « Rassembler quatre petites communautés de communes ne fera pas de cette dernière une communauté puissante » a martelé le patron de l’AdCF, en s’interrogeant sur les capacités de certains territoires ruraux ou urbano-ruraux à attirer des cadres compétents pour ficeler les projets et « faire redescendre les financements » dans les territoires. « C’est une question d’attractivité, comment convaincre un fonctionnaire territorial de s’investir dans une communauté de communes de 10 000 habitants plutôt que d’aller au département pour poursuivre sa carrière ? » questionne ainsi Jean-Luc Rigaut qui reste convaincu que ces questions de « staffing » un brin pratico-pratiques demeurent pourtant la clé de voute du succès.
« Nous pouvons toujours parler ici de projets ou de contrats pour faire avancer les territoires, mais il faut qu’il y ait des gens pour les construire avec les élus ! » a-t-il rappelé. Pour appuyer le propos, le délégué général de l’association, Nicolas Portier, a justement donné l’exemple de la compétence de développement économique, tombée dans l’escarcelle des EPCI avec la loi Notre, et qui « au-dessous du seuil critique de 15 000 habitants » est très peu mise en œuvre. « C’est très embêtant, car c’est une compétence obligatoire » a-t-il regretté.
Un rôle pour l’agence de la cohésion des territoires ?
Interpellé par le député Guillaume Vuilletet (REM, Val d’Oise), co-rapporteur de la mission d’information, sur la future agence nationale de cohésion des territoires « qui semble être justement centrée sur cette question des moyens en ingénierie », Jean-Luc Rigaut a quant lui estimé que le mieux serait « non pas d’envoyer un staff d’ingénieurs en territoires selon les besoins des uns et des autres, mais bien de tenir une enveloppe à disposition des territoires pour les aider à se doter de personnes compétentes ». Car en effet, créer un staff en ingénierie de projets à un coût, notamment dans des collectivités qui démarrent aujourd’hui de zéro ou presque.
Les prochaines auditions de la mission d’information
Jeudi 15 mars :
- Table ronde avec le Groupe La Poste, le Groupe Caisse des dépôts et consignations, le Groupe Casino, le Conseil supérieur du Notariat et le Crédit agricole
Jeudi 22 mars :
- Jean-Luc Porcedo, directeur des nouveaux usages urbains de Nexity.
Jeudi 29 mars :
- Frédéric Cuvillier, président du CNER – Fédération des agences de développement économique, et Antoine Angeard, délégué général.
- Benoist Apparu, ancien ministre du Logement, Maire de Châlons-en-Champagne et Président du Directoire INLI, Groupe ActionLogement