Pélissard, AMF
© P. Marais
Après avoir confirmé qu’il ne serait pas candidat à sa propre succession lors du renouvellement du poste de président de l’Association des maires de France (AMF) au prochain congrès de novembre, Jacques Pélissard annonce au Courrier des maires son souhait de voir le maire de Troyes, François Baroin, lui succéder. Ce dernier pourrait être candidat à la tête d’une large liste d’union, à même de peser face à l’Etat alors que « les menaces pour les collectivités viennent de toutes parts, qu’elles soient financières, normatives ou institutionnelles », dramatise le député-maire du Jura.
Courrierdesmaires.fr. Qu’est-ce qui vous a décidé à ne pas vous représenter alors que vous venez d’être réélu à Lons-le-Saunier ?
Jacques Pélissard. D’abord mon engagement, en 2011, lorsque j’ai été réélu à 64%, ce qui était un résultat remarquable alors que nous étions en pleine vague montante de la gauche.
J’avais indiqué après cette élection que ce serait mon dernier mandat à la tête de l’AMF. Et puis, à 68 ans aujourd’hui, c’est la responsabilité des élus, dont je fais partie, de prévoir la relève générationnelle.
On évoque la candidature de François Baroin pour vous succéder…
J. P. Je lui ai effectivement proposé d’être candidat : c’est un garçon qui connait bien les collectivités territoriales et le monde local, notamment comme président de l’association des maires de l’Aube depuis des années.
Et puis, il fallait quelqu’un qui soit garant de l’unité de l’AMF, un candidat pour être un président de rassemblement, comme je me suis efforcé de l’être durant plusieurs années. Ce qui semble avoir fonctionné à en croire l’évocation régulière de « la puissante AMF »…
Maire de Troyes, François Baroin est également député : une fonction nécessaire pour porter comme vous l’avez fait les positions de l’AMF au Parlement ?
J. P. Oui, et d’ailleurs François Baroin sera candidat au Sénat, où je souhaite qu’il soit élu. Alors que le Sénat est prioritaire pour examiner les textes relatifs aux collectivités locales, il y trouvera une bonne place pour défendre les amendements de l’association et porter ses positions sous les feux… législatifs.
Qu’on se souvienne par exemple que de nombreux systèmes réglementaires impliquant les collectivités ont été instaurés sur proposition de l’AMF, comme le modèle français des déchets, qu’ils soient textiles, mobiliers ou électriques et électroniques. Parfois en soumettant l’idée bien avant le gouvernement – sur les journaux gratuits – voire même contre le gouvernement – sur la responsabilité financière du producteur dans le recyclage.
Je souhaite pour l’AMF une liste candidate de front uni, large (…). Une nécessité quand les menaces pour les collectivités viennent de toutes part, qu’elles soient financières, normatives ou institutionnelles”
Pourtant, 2017 signera la fin du cumul entre exécutif local et mandat parlementaire… Une difficulté de plus pour l’AMF afin de se faire entendre ?
J. P. C’est la raison pour laquelle je souhaite une liste candidate de front uni, large, avec des membres du bureau sortant, incluant notamment Philippe Laurent, et allant si possible jusqu’à la gauche. Une nécessité quand les menaces pour les collectivités viennent de toutes part, qu’elles soient financières, normatives ou institutionnelles.
N’est-ce pas problématique d’avoir un ancien ministre du Budget à la tête de l’AMF, celui-là même qui a enclenché fin 2010 le gel des dotations aux collectivités ?
J. P. Le gel n’est pas la diminution massive ! Et j’avais d’ailleurs accepté ce gel à l’époque, car les maires sont des femmes et des hommes responsables capables de comprendre les contraintes de l’Etat.
En revanche, on ne peut accepter cet effet de ciseau qui dure depuis trop longtemps : si un peu moins de dotations est acceptable, cela ne peut se conjuguer avec des normes toujours plus coûteuses qu’on nous impose chaque année.
D’où la motion qu’a lancée l’AMF à destination des conseils municipaux et intercommunaux, qui condamne cette tendance lourde consistant à nous donner toujours moins de dotations mais toujours plus de charges.
Je suis d’ailleurs très heureux d’avoir fait voter cette motion à l’unanimité du bureau de l’AMF et de voir l’association « Territoires urbains » représentant les maires de grandes villes la reprendre à son compte : c’est là la concrétisation de la défense du bloc communal telle que je l’avais conçue dès la réforme de la taxe professionnelle, pour que le bloc local ne soit pas ignoré dans la répartition de la nouvelle taxe.
Propos recueillis par Aurélien Hélias