Elections municipales 2020
A l'occasion du 101e Congrès des maires qui s'ouvre ce 20 novembre à Paris, l'Ifop et le Courrier des maires vous proposent une enquête exclusive sur le regard porté par les Français sur l'action municipale. Deux tiers d'entre eux se disent satisfait de l'action de leur maire et 58 % veulent le voir se représenter. Mais les exigences des administrés seront très fortes, particulièrement sur la fiscalité locale et la sécurité. L'emploi et l'offre de santé sur le territoire suivent. Notre enquête dévoile enfin que plus d'un Français sur quatre envisage de se présenter sur une liste aux prochaines municipales. Décryptage.
Qu’on se le dise : le très douteux épisode #Balancetonmaire sur les réseaux sociaux pointant du doigt les exécutifs locaux ayant relevé la taxe d’habitation ne constituait pas qu’une jacquerie sans lendemain. Les Français ne sont plus que 57 % à juger que l’équipe municipale a bien utilisé l’argent des impôts locaux. Un taux certes semblable au début de mandat mais de 13 points inférieurs à 2002 et 2007. Si le consentement à l’impôt reste majoritaire dans les communes jusqu’à 100 000 habitants (de 62 % à 51 % selon les strates), ce taux chute à 43 % au-delà.
Le consentement à l’impôt se raréfie
Les plus critiques sur l’utilisation des ressources issues des taxes d’habitation, foncière et autres impôts locaux sont les 50-64 ans (48 % de satisfaits contre de 55 à 63% chez les autres tranches d’âge), les professions intermédiaires (51 % contre 55 % à 66% pour les autres catégories socio-professionnelles, le palmarès des satisfaits revenant aux inactifs) et les salariés du secteur public (52 % de satisfaits contre 58 à 60% pour les salariés du privés, actifs en activité ou chômeurs).
Au regard du niveau d’éducation, l’utilisation des impôts locaux est jugée positive chez les catégories les moins diplômées du spectre (de 58 % chez ceux au niveau inférieur au bac à 72 % pour les bac+ 2 et plus), mais connait une chute importante chez les bac+3, à seulement un sur deux approuvant l’utilisation des impôts locaux.
Une critique assez marquée politiquement
L’approbation de leur utilisation varie fortement selon la proximité politique. Si la satisfaction est majoritaire dans l’ensemble de la gauche, à 56%, elle devient minoritaire (49%) chez les seuls sympathisant EELLV, probablement déçus d’un investissement trop peu important dans des équipements ou des politiques publiques respectueuses de l’environnement. Une contestation par l’usager des derniers publics également très présente chez les Français proches du Rassemblement national (50 % de satisfaits). A l’autre extrémité, les Français proche de La république en marche (LREM) plébiscitent l’utilisation qui est faite des impôts locaux, à 70%.
Si le maire fait un bon usage de ses ressources pour 81 % de ses électeurs du premier tour de 2014, il lui est plus difficile de convaincre les électeurs des autres listes (31%) et des abstentionnistes (49%). Les administrés qui habitent depuis le plus longtemps sur la commune, plus de 30 ans sont les plus sévères, un sur deux étant insatisfait de l’usager des impôts. A noter : le scepticisme des contribuables qui ont des enfants scolarisés en primaire (seulement 55 % de satisfaits) contre 67 % pour les autres.
Impôts et sécurité, déterminants du vote 2020 comme... l'offre de soins !
Trois enjeux majeurs se détachent d’ailleurs pour déterminer le vote en 2020, déterminant pour deux tiers des répondants : la gestion des finances et de la dette de la ville, le niveau des impôts locaux et la sécurité des biens et des personnes. A noter que l’électorat LR survalorise ce podium de critères, déterminant pour plus de quatre sympathisants sur cinq (82 % à 86% selon les trois critères).
Suivent deux autres critères prépondérants pour 61 % des répondants : l’emploi, le développement économique d’une part ; l’offre de soins, les services de santé d’autre part, alors que ce champ d'action ne relève pas du maire... A noter : un dernier critère déterminant pour une courte majorité (52%) : la propreté de la ville.
L’action en faveur des personnes âgées ; l’action sociale et la solidarité, les transports en commun, l’offre de commerces de proximité, les actions en faveur des jeunes, la circulation, l’offre de logement, les moyens alloués aux écoles primaires, le stationnement, ne joueront que pour deux Français sur cinq environ (de 36 à 42%).
Accueil du public, crèches et culture pèseront peu
Enfin, trois critères n’entreront en ligne de compte que pour moins d’un tiers des Français : l’accueil du public dans les services municipaux, les crèches et les activités et animations culturelles.
L’électorat LR se singularise par le peu d’intérêt porté pour la solidarité et la santé (30 % contre 64 % LFI et 71 % PS) et les actions en faveur des jeunes (23%), l’offre de logement (22%) et l’action culturelle (14%). Il est aussi l’électorat qui présente la plus grande disparité entre le critère le plus important à ses yeux (les finances locales à 86%) et le plus anodin (l’animation culturelle à 14%).
Les sympathisants Rassemblement national se singularisent par l’attention portée à la politique de stationnement (46 % contre 36 % en moyenne).
Les sympathisants PS se distinguent, pour un Français sur deux (contre 36 % en moyenne), par l’attention porté aux moyens alloués à l’école primaire et au logement.
Fidèle à la ligne du « en même temps », l’électorat LREM se rapproche de la moyenne sur chaque critère sauf sur l’action sociale, jugé déterminant pour 53 % de ses sympathisants, contre 42 % en moyenne.
Naissance de vocations… chez les non-élus
58 % des Français souhaitent que le maire de leur commune se représente lors des prochaines élections municipales en 2020. Soit près de 10 points de plus que les maires souhaitent concourir à nouveau en 2020 selon la récente enquête du Cevipof.
Sur les 92 % de répondants inscrits sur les listes électorales, 28 % se disent prêts à se présenter sur une liste aux prochaines élections municipales (Seuls 7% l’ont déjà fait). Soit plus d’un Français sur quatre, un score non négligeable à l’heure où l’on observe un début de crise de vocations chez les maires en place.
Un souhait de s'engager très disparate
Mais ce résultat cache de profondes disparités. Seules 19 % des femmes envisagent cette hypothèse (contre 38 % des hommes). Seulement 24 % des inactifs et des employés contre 40 % des travailleurs indépendants. Un salarié du secteur public sur quatre contre 44 % des chefs d’entreprise. 23 % des non-diplômés ou au diplôme inférieur au bac contre 33 % des titulaires d’un diplôme supérieur au bac. Un quart des Français pauvres ou modestes contre 35 % des catégories aisées
Sans surprise, les électeurs désinvestis politiquement ne sont que 17 % à imaginer se présenter sur une liste, tout comme les abstentionnistes du premier tour de l’élection présidentielle (14%). Les plus prompts à envisager le sacerdoce municipal sont les sympathisants de l’ex-FN (37%). Ils sont entre 26 % et 32 % sur le reste de l’échiquier politique… sauf pour les sympathisants PS, manifestement désenchantés aussi au niveau local, 22% seulement imaginant partir à la conquête du conseil municipal.
Désintérêt des banlieusards pour l’aventure électorale
En termes d’âge, les 25-34 ans seraient les plus nombreux à tenter l’aventure électorale (36%). Les ruraux (32%) sont légèrement plus enclins à s’engager dans les municipales que les urbains (27%) et surtout que les habitants modestes des banlieues (24%).
Enfin, la probabilité de s’engager dans l’élection est plus forte chez les parents d’enfants scolarisés en primaire (36 % contre 26%) et si l’on est un habitant récent de la commune : 31 % depuis moins de 10 ans, 28 % entre 10 et 30 ans et seulement 24 % pour les 30 ans et plus.
Fiche technique
Enquête menée du 13 au 14 novembre 2018 auprès d’un échantillon de 1 006 personnes - par questionnaire auto-administré en ligne et par téléphone -, représentatif de la population métropolitaine (sur critères sociodémographiques, géographiques et socioprofessionnels) âgée de 18 ans et plus. Les résultats ont fait l’objet d’un redressement sociodémographique (EE-INSEE 2014) et d’un redressement politique sur la base de la reconstitution du vote 2017 à l’élection présidentielle (1er tour).
Jean-Pierre Le Lan - 20/11/2018 13h:39
et l'environnement, le climat, la Santé ...Les élus s'en fichent ?
Répondre au commentaire | Signaler un abus