Huit super-régions pour doper la productivité : la carte idéale selon Jean-Christophe Fromantin

Aurélien Hélias
Huit super-régions pour doper la productivité : la carte idéale selon Jean-Christophe Fromantin

Jean-Christophe Fromantin

© Flickr/MonTours

Député-maire (UDI) de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin conteste le projet de redécoupage régional du gouvernement, source selon lui de « dissymétrie dans le développement du territoire français ». Et propose à la place « huit pôles territoriaux » assis chacun sur une métropole, une population et une capacité d’épargne atteignant une taille critique. Et la proximité d’un grand port maritime capable de soutenir la constitution d’un « hinterland » industriel puissant.

Une réforme « mort-née », dont les auteurs sont tombés « dans le piège du nombre des régions », une France « que l’on tord dans un schéma qui ne correspond à rien »…

A l’évocation le 17 juin de la réorganisation territoriale proposée par le gouvernement, le député-maire (UDI) de Neuilly-sur-Seine Jean-Christophe Fromantin n’est pas tendre. Pour l’élu, l’exécutif est passé à côté du critère principal qui aurait dû s’imposer : le potentiel de développement économique et industriel.

« Les régions, les territoires, ne se sont jamais construits autrement que par l’approche économique », assène-t-il pour mieux condamner le redécoupage trop administratif à son goût proposé par le gouvernement.

La région Poitou-Charentes-Limousin-Centre ? « On met trois régions dans l’incapacité de se développer », déplore Jean-Christophe Fromantin. La région Corse inchangée ? « L’huile d’olive corse ne peut se connecter au monde que par le port de Fos », poursuit-il. La réunion des deux Normandie ? Elle ne représenterait « que 100 milliards de PIB, d’où une région moyenne », ajoute Philippe Giry-Deloison, co-auteur de l’étude « Ouvrons la France par ses territoires » présentée ce même jour par le député-maire comme la seule contre-réforme valable.

Population et épargne : la taille critique
Car l’élu, S’appuyant sur un groupe d’experts économiques, ne rejette pas l’idée d’un redécoupage régional, bien au contraire, mais veut le faire reposer sur un triptyque taille critique - présence d’une métropole régionale - connexion à un port. Trois conditions que rempliraient seulement deux des 14 nouvelles régions pensée par l’Elysée : l’Ile-de-France et Auvergne Rhône-Alpes. Résultat : la carte idéale selon l’élu neuilléen affiche huit pôles territoriaux en tout.

[caption id="attachment_36714" align="alignleft" width="601"] Les huit pôles territoriaux nécessaires selon Jean-Christophe Fromantin[/caption]

Pour chacune, une métropole clairement identifiée et un territoire suffisamment puissant en arrière-plan pour appuyer son développement : « Notre métropolisation n’a de chances que si cela s’appuie sur des territoires », argumente-t-il.

La notion de taille critique étant entendue à la fois dans le sens d’une population minimale – « 6 à 8 millions de personne » mais aussi de la capacité de cette population régionale à générer de l’épargne pour financer l’économie locale et « territorialiser la politique de l’investissement vers les infrastructures et les entreprises ».

« Les gens investissent sur ce qui est prêt de chez eux », poursuit le député qui prend pour exemple les emprunts obligataires lancés par diverses régions – Pays de la Loire, Auvergne – « aujourd’hui limités à 100 millions d’euros » et qui pourraient demain, dans des pôles bien plus larges, bénéficier « d’un effet de levier formidable » selon son redécoupage.

Autre critère important dans ce ciselage : le raccordement à un port d’envergure, seule à même de créer des hinterlands puissants économiquement. Raison pour laquelle la Normandie serait associé à l’Ile-de-France, Midi-Pyrénées à l’Aquitaine « avec une nécessaire conurbation », « un axe de transport très rapide » à construire entre Bordeaux et Toulouse.

« Les containers vont plus vite de Rotterdam à Hong-Kong que de Marseille à Dijon », insiste-t-il. Resterait à construire le corridor vers la mer de la région « Clermont-Ferrand Centre-France »…

Préserver les identités… paroissiales
Quant à la difficulté d’associer des populations qui ne se reconnaissent pas dans une même identité locale – la Corse avec Marseille et Nice, les Normands avec les Parisiens, les Bordelais associés aux Toulousains et habitants des départements pyrénéens, etc. –, Jean-Christophe Fromantin assure vouloir « respecter le sentiment d’appartenance ». Mais une appartenance qu’il n’envisage pas du tout au niveau régional mais à celui des « 300 unités de vie, des villes moyennes, un temps appelés les pays ».

Car selon lui, l’acteur local à même « d’équilibrer le maillage de développement [régional] par un maillage de proximité » est celui des anciennes « paroisses ». Un niveau d’administration auquel les Français seraient bien plus attachés qu’à la région, et même qu’au département, dont la suppression est peut-être le seul point de la réforme territoriale du gouvernement que le maire de Neuilly ne voit pas d’un mauvais œil.

Nicolas Dupont-Aignan préconise une France à 70 départements
Le président de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan, a lui aussi critiqué le 17 juin la réforme territoriale du gouvernement, "dangereuse" pour le pays. Mais préconise pour sa part  une suppression des conseils régionaux et une France à 70 départements. "Cette réforme est dangereuse pour le pays, pour la démocratie et pour son unité nationale", a-t-il déclaré à l'occasion d'une conférence de presse à l'Assemblée. Elle "va créer un vide démocratique saisissant", a-t-il pronostiqué car "c'est la fin de la représentation des territoires ruraux". Pour Debout la République, 70 départements d'un million d'habitants permettraient d’atteindre "la bonne échelle pour représenter les territoires et faire de la péréquation".

Recevez vos newsletters gratuitement

FORMATIONS