handicap
© Flickr-Association Perce-Neige
Familiarisées avec les normes se rapportant au handicap physique, les collectivités territoriales savent moins comment aborder le handicap mental. Ici, l'accessibilité repose sur deux piliers : l’accueil et l’accompagnement. Et cela passe par la sensibilisation des élus et la formation des agents. Conflans-Sainte-Honorine, de Chambéry et du conseil général du Val-de-Marne l'ont compris.
La France compte environ 700 000 personnes handicapées mentales, « 700 000 citoyens invisibles », écrit l’Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei), dans son "Manifeste pour une société accessible" (2010). Enfants ou adultes, les personnes handicapées mentales éprouvent des difficultés à se repérer dans l’espace ou dans le temps, à comprendre leur environnement, à lire ou à écrire, à saisir des mots abstraits, à fixer leur attention. Pour pallier ces difficultés, il existe des recettes simples : utiliser un seul verbe par phrase, privilégier les pictogrammes, jouer sur les codes couleur… Mais pas de normes. La réglementation fait quasi silence sur le handicap mental.
Familiarisées avec les normes se rapportant au handicap physique, les collectivités savent peu comment aborder le handicap mental. Malgré tout, le message des associations commence à passer : dans ce domaine, l’accessibilité n’est pas qu’une question de normes. Elle repose sur deux piliers : l’accueil et l’accompagnement. Et cela passe par la sensibilisation des élus et la formation des agents.
3 collectivités territoriales, 3 propositions pour une meilleure intégration
Former les agents — Conflans-Sainte-Honorine (78)
A l’initiative de l’association Avenir Apei et de la commission communale d’accessibilité, la ville a entrepris de former les agents chargés d’accueil, quel que soit le service, à adapter leur comportement. « L’opération Conflans ville accueillante est aussi justifiée par la présence de plusieurs structures pour personnes handicapées mentales », note Christophe Paris, adjoint au maire chargé des Finances et du handicap.
Soixante agents communaux ont été formés sur 4 jours en 2010 et 9 élus sensibilisés sur une demi-journée. Trois ans après, 10 agents nouvellement embauchés ont suivi. La formation vient d’être élargie aux personnels d’accueil de services publics (bus et poste) et de commerces. Plus de cent personnes ont été concernées.
Contact. Service action sociale : 01.34.90.89.71.
Accéder à la musique — Chambéry (73)
Créé en 1982, l’orchestre Tétras-Lyre est composé de 37 musiciens handicapés mentaux âgés de 16 à 55 ans. Il donne une dizaine de concerts par an et peut s’enorgueillir de plusieurs récompenses culturelles. Il est géré par une association, tout comme l’école de musique créée en parallèle : « Seule la moitié du groupe sait lire et écrire, il faut des partitions adaptées et de gros efforts de mémorisation », souligne la directrice musicale de l’orchestre, Isabelle Herlin, adjointe chargée des personnes handicapées.
Pour un budget de 70 000 euros, la ville verse une subvention de 17 000 euros (« au titre de la culture », note l’élue), l’agglo 5 000 euros et le conseil général 15 000 euros, « en baisse de 25 %, ce qui fragilise vraiment l’orchestre et l’école ».
Contact. Isabelle Herlin : 06.13.28.96.64.
Participer à la vie citoyenne —CG du Val-de-Marne (94)
Le conseil général a organisé à l’été 2012 des ateliers citoyens réunissant 26 personnes handicapées mentales, dans le cadre d’un projet baptisé « Mes idées aussi ?! », en partenariat avec deux associations gestionnaires d’établissements.
Ils ont privilégié les modes d’expression simples, oral plutôt qu’écrit, image, représentation graphique, dessin…, sur plusieurs thématiques de vie quotidienne : déplacements dans la ville, logement…
Ces ateliers ont débouché sur 158 recommandations, analysées par une quarantaine d’agents des 17 directions concernées. Puis, une journée de restitution, délibérément solennelle, a défini 78 actions prioritaires. « Nous voulons que les personnes handicapées mentales soient des citoyens à part entière », a déclaré Christian Favier, le président du conseil général.
Contact. Démocratie participative : 01.56.72.89.93.
UN GUIDE ET UN PICTOGRAMME. Fédérant 600 associations et présente dans toutes les instances consultatives, l’Unapei est une partenaire incontournable des collectivités locales. Elle a publié, avec l’association Nous aussi, un guide pratique de l’accessibilité pour aider les acteurs institutionnels et économiques à accueillir et accompagner les personnes handicapées mentales dans différentes situations. Objectif : rendre accessibles établissements, services ou produits, qui ensuite apposeront le pictogramme S3A (deux visages imbriqués) pour se signaler auprès de ce public. Guide pratique de l'accessibilité