Guy Geoffroy, président des Eco Maires : "Les politiques de développement durable sont de plus en plus souvent confiées aux intercommunalités"

Guy Geoffroy préside l'association des Eco Maires, qui, chaque année, organise les Trophées Eco Actions. Au lendemain de la délibération du jury, réuni le 14 novembre 2012, il nous explique les origines de ce concours, l'intérêt qu'il présente pour les collectivités territoriales et revient sur les grandes tendances que reflètent les 187 projets présentés en matière de développement durable. La remise des prix aura lieu le 11 décembre à l'Assemblée nationale.

© Roland Bourguet
"Le développement durable créé plus que jamais l'obligation, pour les élus, d'être en phase avec la réalité"

Courrierdesmaires.fr : Pourquoi les trophées Eco Actions ? Qu'apportent-ils aux collectivités territoriales ?

Guy Geoffroy. La création de l'association, autour des années 1989 et 1990, avait un objectif : affirmer qu'au plan local l'environnement – on ne parlait pas encore de développement durable – était l'affaire de tous. Quel que soit leur camp politique, il fallait que les collectivités territoriales qui avaient déjà pris des initiatives marquantes dans ce domaine se fédèrent pour diffuser les bonnes pratiques.

La création de prix destinés à mettre en valeur des projets était donc consubstantielle à l'existence de l'association. Car les Trophées Eco Actions sont une manière parmi d'autres – mais très appréciée des collectivités – de valoriser ces bonnes pratiques.

Par exemple, chaque fois que nous attribuons un trophée à une commune ou à une intercommunalité, j'écris à tous les maires du département pour leur faire connaître le projet.

Cette année, vous avez créé la catégorie "Solidarité-résilience". En quoi consiste-t-elle ?

— G.G. Il s'agit de valoriser la dimension sociale que les communes et intercommunalités intègrent de plus en plus dans leurs politiques de développement durable.

Dans cette catégorie, un prix récompense un projet de coopération décentralisée. On voit bien comment des communes françaises peuvent aider des communes étrangères à prendre conscience qu'en traitant une question environnementale on peut également apporter un "plus" économique.

Un autre prix récompense des projets liés à l'accompagnement dans la vie quotidienne.

Parmi les projets des candidats figurait, par exemple, la réalisation d'une aire de jeux accessible aux personnes à mobilité réduite. On peut avoir l'impression que l'on sort du champ du développement durable, mais l'on parle en fait de l'accès de tous aux services et à ce qui fait l'harmonie de la vie sociale.

Qui sont les candidats aux Trophées Eco Actions ?

G.G. Des collectivités de taille et de nature extrêmement différentes, mais avec une très bonne répartition géographique. Pas un espace de notre territoire national n'échappe à des audaces environnementales et de développement durable, aussi bien en France métropolitaine que, de plus en plus souvent, dans les collectivités et territoires d'outre-mer.

On note la participation d’une vingtaine d'intercommunalités et syndicats intercommunaux. Cela traduit-il une tendance?

G.G. C'est flagrant. Les communes – souvent rurales – dont les moyens financiers et humains sont très limités ont du mal à mener des politiques très locales de développement durable. L'intercommunalité leur permet de fédérer leurs énergies et d'atteindre la taille critique pour lancer ces politiques.

C'est aussi vrai pour les intercommunalités des secteurs plus agglomérés, plus urbains. Les politiques de développement durable qui, par nature, embrassent beaucoup de secteurs sont de plus en plus souvent confiées aux intercommunalités pour ne pas les limiter aux frontières artificielles de la commune.

Au sein même de notre association, nous avons de plus en plus de structures intercommunales parmi nos membres. Ce qui montre qu'elles sont des actrices du développement durable, au même titre que les communes.

Ressent-on les effets de la crise dans les projets candidats?

G.G. C'est évident. Par exemple, la dimension énergétique, traduction d'une inquiétude et d'une difficulté grandissantes de nos concitoyens vis-à-vis de la crise, prend de plus en plus de place, avec des projets concernant aussi bien les logements que les locaux publics.

De même que tout ce qui facilite l'écomobilité, individuelle et collective. Consommer moins d'énergie, le faire de manière plus intelligente est une responsabilité à laquelle n'échappent pas les collectivités, même si elle ne leur incombe pas intégralement.

Il ne s’agit pas pour autant de renoncer – et j'y 'insiste – aux fondamentaux du développement durable tels qu'ils ont pu être mis en lumière au moment du Grenelle. Je veux parler, en particulier, de la biodiversité. On pourrait craindre que la défense de la biodiversité passe au second plan avec la crise, mais ce n'est pas le cas. Les fondamentaux mis en lumière par le Grenelle sont encore très vivants et présents dans les préoccupations et les actions des collectivités.

Quelle conclusion tirez-vous de cette édition?

G.G. Cette année, comme les précédentes, c'est un cru riche et de très bonne qualité de près de 190 candidatures. Un bon résultat.

Les dossiers présentés attestent que les collectivités "collent" aux réalités à la fois des exigences du développement durable et des préoccupations de nos concitoyens. Dans les politiques mises en valeur par ces Trophées, il existe une convergence entre les attentes légitimes des habitants et les politiques menées par les élus. Ce qui veut dire que le développement durable crée, plus que jamais, pour les élus l'obligation d'être en phase avec la réalité.

Les trophées Eco Actions par thèmes

L'énergie, les alternatives énergétiques (les chaufferies à bois rencontrent notamment du succès) et la lutte contre la précarité énergétique, ainsi que la  biodiversité et la préservation de l'environnement sont les sujets majeurs de cette édition 2012.

Cette année encore, le concours enregistre "énormément" de projets à la démarche globale, du type Agenda 21. Le jury a cependant choisi de privilégier des actions plus précises, considérant que les Agenda 21 bénéficient déjà d'une bonne reconnaissance, notamment de la part du ministère du Développement durable.

Enfin, l'association des Eco Maires souligne que trois dossiers porte sur le pastoralisme avec des aspects "santé publique" et "lien social".

 Guy Geoffroy est également député UMP de Seine-et-Marne et maire de Combs-la-Ville.

Propos recueillis par Marion Esquerré
Photo : © R. Bourguet 


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