Guy Geoffroy, président des Eco Maires : "L'Agence de la biodiversité doit être une autorité intellectuelle et scientifique à la disposition des collectivités"

Marion Esquerré
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jpb - 16/08/2013 08h:50

"une autorité intellectuelle et scientifique" décrétée par l'Etat. la vérité scientifique ce n'est pas celle "décrétée" par l'Etat, c'est la concordance de l'énoncé aux faits et sa réfutabilité (Parski, Popper) Ce qui sous entend le libre accés aux données (OPENDATA) et en langage structuré (Tim Berners Lee)

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Guy Geoffroy, président des Eco Maires :

Guy Geoffroy - Eco-maires

© R. Bourguet

La future Agence nationale de la biodiversité fait polémique. Les propositions des auteurs du rapport sur sa "préfiguration" ont été critiquées par les députés. Le coût de ce nouvel organisme est jugé trop élevé, et son organisation trop centralisée. Guy Geoffroy, président de l'association Les Eco Maires, nous livre son point de vue.

Guy Geoffroy est député (UMP) de Seine-et-Marne, maire de Combs-la-Ville et président de l'association des Eco Maires.

Annoncée par le président de la République en septembre 2012, l'Agence de la biodiversité devait être "chargée, sur le modèle de l’Ademe, de venir en appui des collectivités locales, des entreprises comme des associations" œuvrant pour la reconquête de la biodiversité.

Le 20 février, Jean-Marc Michel, directeur général de l’aménagement, et Bernard Chevassus-au-Louis, inspecteur général de l’agriculture, ont été auditionnés par les députés au sujet de leur rapport de préfiguration de l'agence, commandé par la ministre de l'Ecologie Delphine Batho. Mais leurs propositions sont critiquées.

L'association Les Eco Maires est particulièrement impliquée dans cette création et souhaite faire partie "des instances de direction", affirme Guy Geoffroy, son président, dans cet entretien.

Le Courrier : La création d'une Agence nationale de la biodiversité vous semble-t-elle indispensable ?

Guy Geoffroy. Il est vrai qu'à l'heure où l'on revoit l'ensemble des dispositifs d'accompagnement de l’action publique, où l'on se demande s'il n'y a pas trop d'organismes, on est en droit, par principe, de s'interroger sur la pertinence de créer une agence de ce type.

Personnellement, et c'est aussi la position des Eco Maires, j'estime que cette création a toute sa place dans l'ensemble du dispositif de l'action publique pour la promotion de la biodiversité.

La volonté de créer une agence d'envergure nationale, agissant au côté de l'Etat avec une certaine indépendance, est le témoignage que les problématiques de la biodiversité sont prises en compte au-delà de la seule responsabilité gouvernementale.

J'ai travaillé pendant plus d'un an dans le petit « groupe de proximité » créé par Chantal Jouanno [ndlr : secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie, de janvier 2009 à novembre 2010], pendant l'Année de la biodiversité. On savait qu'il fallait aller dans le sens d'une pérennisation de ce travail, de l'enracinement de la biodiversité dans les politiques publiques nationales et locales. Pour cela, il faut un outil. Et l'Agence en est un, incontestablement.

Quel rôle devrait jouer cette agence, selon vous ? On l'a compare souvent à l'Ademe. Cela vous paraît-il pertinent ?

G. G. L'Agence doit à la fois relayer les politiques publiques en matière de biodiversité et être capable d'impulser elle-même ses propres politiques, grâce notamment à la présence en son sein de l'ensemble des acteurs. Cette agence doit être un petit Grenelle permanent de la biodiversité. C’est le rôle que joue l'Ademe dans son domaine, mais il ne faut pas chercher à faire un "copier-coller".

Cette agence doit être un petit Grenelle permanent de la biodiversité.”

L'Agence de la biodiversité doit être une sorte de grande banque des bonnes pratiques en matière de politiques publiques locales et, en même temps, un organisme de recueil, d'analyse et de promotion des données scientifiques qui vont permettre de reconquérir, de maintenir et de développer la biodiversité.

Dans la première option proposée par les auteurs du rapport de "préfiguration" ("Agence des aires protégées"), l'Agence regrouperait d'autres structures comme les parcs naturels. Qu'en pensez-vous ?

G. G. Je sais que les parcs s'interrogent, voire s'inquiètent, car ils craignent d'y perdre leur existence propre, leur identité. Mais ne pas se poser la question de ce regroupement reviendrait à refuser de regarder ce qu'il y a de commun entre la problématique des parcs et celle de la future Agence. En revanche, je pense qu'il ne faut pas brusquer le cours des choses.

L'Agence ne pourra pas installer sa légitimité si sa création donne le sentiment que l'on veut mettre un terme à des aventures qui  gardent toute leur pertinence. Il faut être plus mesuré, se donner le temps de voir comment les acteurs fonctionnent côte à côte. Et s'il devait y avoir fusion-intégration, le temps fera son œuvre et les choses iront de soi.

Des trois options proposées par les "préfigurateurs", laquelle a votre préférence ?

G. G. On ne pourra pas créer une agence qui apparaîtrait exclusivement comme un "outil de l'Etat", trop désincarné par rapport à la réalité locale.

L'homme fait partie de la biodiversité et ses interactions avec la nature sont fondamentales pour l'existence de chaque espèce. C'est une réalité que tout un chacun n'a pas toujours intégrée. Chaque habitant doit être amené à prendre conscience qu'elle lui est intimement liée et non extérieure.

On ne réussira pas en matière de biodiversité à relever tous les challenges s'il n'y a pas une diffusion de cette conscience au plus proche des citoyens.

La proposition n°2 permettra de démarrer d'un bon pied.”

Cela ne peut pas passer sans des politiques publiques très volontaristes au niveau national et même international. Mais la concrétisation de cela ne peut provenir que de politiques locales. C'est valable pour beaucoup de sujets, mais davantage encore dans ce domaine.

Globalement, je pense que la proposition n°2 intitulée "une agence d’animation et d’appui aux opérateurs" permettra  de démarrer d'un bon pied pour relever ce défi. Car elle donne à la future Agence une mission d’appui aux acteurs publics, privés et associatifs, ce dont ils ont besoin pour mener à bien cette concrétisation des politiques générales au niveau local.

Quelle articulation avec les collectivités territoriales, qui sont en première ligne, sur le terrain, sur les sujets de biodiversité ?

G. G. L'Agence doit être à la fois une autorité intellectuelle et scientifique légitime, une sorte de "Statue du commandeur" de la réalité de la biodiversité dans son état actuel et futur et une structure à la disposition des collectivités territoriales, qu'elle soutient dans leurs projets et interrogations, tout en insufflant des politiques.

Les collectivités doivent être représentées dans les instances dirigeantes de l'Agence.”

Dans ce contexte, les collectivités doivent être représentées dans les instances dirigeantes de l'Agence. En tant qu'Eco Maires, nous avons fait savoir à Delphine Batho que nous possédons une tranquille légitimité qui nous incite à un tranquille souhait de faire partie des instances de direction. Notre association est un partenaire privilégié car au contact et en relation permanente avec toutes les associations de collectivités. Elle a sa place dans cet outil.

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