Guillaume Bapst, directeur de l’ANDES : « Les collectivités sont les premiers financeurs des épiceries sociales et solidaires »

Denis Solignac
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Le maire et la lutte contre la précarité : l’action des territoires Archives | Courrier des maires | CG973 beta - 23/12/2013 13h:04

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Guillaume Bapst, directeur de l’ANDES : « Les collectivités sont les premiers financeurs des épiceries sociales et solidaires »

Guillaume Bapst

© Andes

Le réseau des épiceries sociales et solidaires prend de plus en plus sa place dans la dynamique de l’insertion sociale et professionnelle. Son directeur (photo) explique les caractéristiques de ce modèle d’aide sociale auquel les collectivités apportent un soutien déterminant.

L’Association nationale de développement des épiceries solidaires (ANDES). Fondé en 2000, le réseau des épiceries sociales et solidaires compte 300 adhérents soit environ 50 % des structures existantes. L’Andes compte 150 salariés, dont 90 emplois d’insertion et une vingtaine d’emplois d’avenir.

Le Courrier : Vous vous mobilisez pour que l’aide alimentaire soit envisagée comme « une dynamique pour l'insertion ». Sur quels principes repose cette idée ? C’est d’ailleurs le thème d’une conférence que vous animez, le 24 septembre, pour le Fonds français pour l'alimentation et la santé…((« L'aide alimentaire : une dynamique pour l'insertion ». Mardi 24 septembre 2013, 9h30 à 11h30. Maison du Lait. 42 rue de Châteaudun, 75009 Paris Informations : http://www.alimentation-sante.org.))

Guillaume Bapst : Jusqu’il y a une dizaine d’années, on concevait l’aide alimentaire de façon monolithique, qu’il s’agisse de l’approvisionnement – récupération auprès de l’industrie alimentaire, des surplus européens –, ou du mode de distribution. On donnait de la nourriture. Ce modèle correspond à de l’assistanat. Or, le public a changé, s’est diversifié, avec l’arrivée d’étudiants, de travailleurs précaires et, surtout, de seniors qui ne sont pas dans une démarche d’assistanat.

Le modèle des épiceries sociales et solidaires, où le bénéficiaire participe, même si c’est de façon modique, au coût de ce qui lui est proposé, leur correspond davantage. L’aide apportée est conçue comme un coup de pouce qui vient répondre à une difficulté concrète et momentanée. En économisant sur son budget alimentation, le bénéficiaire va pouvoir financer le remplacement d’un appareil électroménager indispensable, éponger une dette. Il est acteur de son budget et c’est valorisant. On peut parler de renarcissisation.

La dynamique pour l’insertion peut aller encore plus loin quand l’épicerie sociale ou solidaire a mis en place un chantier d’insertion qui emploie des bénéficiaires en leur confiant des taches de tri, de conditionnement ou de distribution. Précisons que l’ancien et le nouveau modèle peuvent tout à fait cohabiter car ils répondent à des besoins différents.

– Quelle aide peuvent apporter les collectivités et les élus à cette dynamique ?

G. B. :  Une aide importante et multiple. Premièrement, les collectivités, par le biais de leur CCAS, sont les premiers financeurs des épiceries sociales et solidaires. Et quand un CCAS donne un bon d’alimentation, le bénéficiaire peut venir se fournir dans une de nos épiceries et avoir accès à l’accompagnement que nous y proposons.

Les élus ont la capacité de mettre en relation les différents acteurs de l’aide alimentaire pour faire avancer leurs projets”

Les services sociaux des collectivités, qui connaissent bien les besoins de leurs administrés, sont bien placés pour orienter les personnes, selon leur profil, vers les bonnes structures. Les élus, qui ont un devoir d’évaluation des initiatives qu’ils soutiennent, peuvent se prononcer sur ce qui fonctionne ou pas. Enfin, les élus ont la capacité de mettre en relation les différents acteurs de l’aide alimentaire pour faire avancer leurs projets.

– Estimez-vous que les élus sont assez ouverts à l’idée d’une aide alimentaire revisitée ?

G. B. : Je les trouve encore trop frileux et, pour certains, enfermés dans des conceptions dépassées. Il n’y a plus d’un côté le monde du social, qui rêverait de transformer le monde et, de l’autre, le monde de l’entreprise qui n’aurait pour seul projet que de faire des bénéfices. Nous misons sur des initiatives qui associent social et entrepreneuriat, où chacun y trouve son intérêt.

Par exemple, nous avons noué un partenariat avec l’enseigne française de supermarchés Simply Market. Leurs employés forment des personnes qui sont dans nos épiceries solidaires en chantier d’insertion. Et Simply Market embauche ensuite ces personnes, parfaitement préparées au poste en magasin. Cet échange est valorisant pour les uns comme pour les autres. Les élus pourraient apporter leur soutien à ce genre d’initiative en favorisant l’installation d’entreprises qui intègrent une dimension sociale à leur développement.

Propos recueillis par Sophie Le Gall

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