Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, un duo nationaliste pour diriger une Corse bientôt collectivité unique

Aurélien Hélias
Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, un duo nationaliste pour diriger une Corse bientôt collectivité unique

8676756-13694974

Gilles Simeoni, Christian Estrosi, Jean-Yves Le Drian, Valérie Pécresse, Bruno Retailleau et François Bonneau : 6 présidents de conseil régional élus, le 18 décembre, dans les régions aux périmètres inchangés. Et même 10, en comptant les régions d’outre-mer. Déjà, les discours d’investiture dévoilent leurs agendas politiques. Chaque jour, Le Courrier des maires vous fait découvrir ces nouveaux patrons de région. Aujourd’hui, zoom sur les présidents du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, et de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni.

Bretagne, Centre-Val-de-Loire, Corse, Ile-de-France, Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) ont élu, le 18 décembre 2015, leurs présidents. A ces six régions métropolitaines s’ajoutent les 4 d’outre-mer : Réunion, Guadeloupe, Martinique et Guyane. Les autres régions éliront leurs patrons le 4 janvier 2016.

L'un, Gilles Simeoni, a été élu président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Corse, le "gouvernement" de l'île, le 17 décembre. L'autre, Jean-Guy Talamoni, a pris la tête de l'assemblée de Corse le même jour. Tous deux avaient décidé au lendemain du premier tour de fusionner dans une liste d'union des nationalistes. Ils disposeront à l'assemblée de Corse d'une majorité relative : 24 sièges sur les 51 de la région.

Pour marquer symboliquement le changement d'ère à la tête de la Collectivité territoriale de Corse, Gilles Simeoni avait convié l'ensemble des neuf élus du nouvel exécutif à le rejoindre au centre de l'hémicycle pour une prestation de serment en langue corse très orchestrée et se concluant ainsi : "Je déclare sous serment que j’exercerai mes fonctions dans le cadre universel du droit des peuples à maîtriser librement leur destin."

Deux ans de mandat avant la collectivité unique

Patron du nouveau « gouvernement » de Corse, Gilles Simeoni a prononcé un discours d’investiture où les objectifs étaient clairement identifiés : « co-officialité de la langue corse, transfert de la compétence fiscale et arrêté Miot, politique foncière et statut de résident, pouvoir législatif, inscription de la Corse dans la Constitution ».

Un vaste programme auquel s’opposera selon toute vraisemblance l’Etat mais qui rencontrera aussi comme obstacle premier le caractère restreint du mandat : seulement deux ans, avant que la collectivité territoriale de Corse ne fusionne avec les deux départements pour devenir collectivité unique au 1er janvier 2018. « La mandature à venir est certes courte. […] Ce mandat, quoiqu’écourté, doit voir la mise en œuvre des délibérations de l’assemblée de Corse, restées à ce jour sans suite ni effets », s’est toutefois montré confiant Gilles Simeoni.

Le programme s’annonce d’ailleurs chargé en matière de transition institutionnelle, dont l’élu fait une priorité : les deux années de mandat « doivent de même nous conduire à construire la collectivité unique, dans le respect des personnels et de leurs statuts, avec le souci constant de l’équité et des équilibres territoriaux entre le littoral et l’intérieur, entre le Nord et le Sud, entre Bastia et Aiacciu, dans le respect des territoires historiques de la Corse aujourd’hui menacés, comme l’Alta Rocca, par une réforme de l’intercommunalité inadaptée, enfin par la prise en compte scrupuleuse de l’exigence de proximité des citoyens ».

"Nous obtiendrons l’amnistie des prisonniers et des recherchés"

Elu président de l’assemblée de Corse au troisième tour face à Camille de Rocca Serra (11 voix) et Paul-Marie Bartoli (12 voix), Jean-Guy Talamoni avait tenu auparavant un discours bien plus politique encore, revendiquant haut et fort, et en langue corse, son objectif d’une indépendance de l’Ile de Beauté. « Demain, nous irons ensemble à Paris et à Bruxelles, avec la force que nous ont donné les Corses dimanche, et nous négocierons les moyens de droit nécessaires pour faire que le peuple corse vive bien et qu’il soit maître sur sa terre".

Et de poursuivre sur un terrain plus polémique encore : « Demain, nous obtiendrons l’amnistie des prisonniers et des recherchés. Demain, les portes des prisons s’ouvriront car les Corses le veulent et que personne ne pourra s’opposer à cette volonté populaire. Dimanche, en votant pour les nationalistes, le peuple corse a dit que la Corse n’était pas un morceau d’un autre pays mais une nation, avec sa langue, sa culture, sa tradition politique, sa manière d’être au monde. »

L'exécutif se fait fort de lutter contre le clientélisme

L’exécutif corse compte toutefois mettre à profit ce court mandat pour travailler aussi sur des problématiques plus concrètes de la vie quotidienne sur l’île : « Les deux courtes années qui se présentent à nous doivent également nous permettre de commencer à traiter et régler des problèmes pendants depuis des décennies : transports, déchets, désertification de l’intérieur, sous-développement économique et social », a détaillé Gilles Simeoni.

Dans son discours, Gilles Simeoni a d’ailleurs fait une promesse de transparence et de moralisation de l’action politique corse, déroulant ce que sera sa gouvernance : « Refuser les logiques d’assistance, de clientélisme, de collusions, et nous engager ensemble pour la démocratie, la transparence et la construction d’une société corse développée, juste, et solidaire ». Mais aussi « écarter tout risque de dérive ou de collusion, notamment en matière d’argent public ».

Recevez vos newsletters gratuitement

FORMATIONS