Faut-il reporter les élections municipales d’un an, au printemps 2021 ?

Soutra

Sujets relatifs :

, ,

L’exécutif a engagé une « réflexion politique » sur un éventuel report d’un an des municipales et un regroupement avec les autres élections locales, départementales et régionales. Sujet clivant… Frédéric Marchand, sénateur LREM du Nord et Arnaud Robinet, maire LR de Reims, en débattent.

« Regrouper les scrutins permettrait de répondre à la lassitude des électeurs et de recentrer les débats sur les problématiques locales »

Frédéric Marchand, sénateur (LREM) du Nord, ex-maire d'Hellemes

Au terme d’une longue séquence électorale, une petite musique sur la nécessité de faire respirer la démocratie française commence à se faire entendre dans les couloirs du Sénat. Je dois convenir que je ne trouve pas cela bête. Sans cette « pause », les scrutins se succéderont de 2019 à 2022 au risque de paralyser les esprits trop occupés à penser le « coup d’après ». Considérant personnellement que « trop d’élections tuent l’élection », je souhaiterais profiter des mois à venir pour que l’on étudie une expérimentation. Un regroupement, le même jour, des municipales avec les départementales et les régionales - scrutins dont les citoyens se désintéressent de plus en plus - pourrait être un bon moyen de répondre à la lassitude des électeurs. Si ce n’est le seul levier, pourquoi s’en priver si cela permet de rapprocher une partie d’entre eux des urnes ?

Dénationaliser. Il faut être pervers pour y voir une quelconque combine politicienne : de toute façon, les élections intermédiaires sont rarement favorables à l’exécutif en place. Les élus locaux y gagneraient ; une telle évolution dénationaliserait les débats et les recentrerait sur des problématiques locales, de proximité, en rapport avec les interdépendances des différentes collectivités.

« Doper la mobilisation électorale, oui, mais n'embrouillons pas nos électeurs ! Nos projets de territoire seront-ils encore lisibles ? »

Arnaud Robinet, maire LR de Reims (51)

Jusqu’à présent, le report des élections municipales en mars 2021 et son regroupement avec les départementales et régionales n’est qu’une rumeur. Cela dit, elle fait déjà l’objet de vives discussions entre maires avec des arguments sensés de part et d’autre. Si je suis plutôt favorable à tout ce qui est de nature à doper la mobilisation électorale, il y a un risque, tout de même, de confusion entre les différents scrutins pour nos administrés. Cela ne rendra-t-il pas nos projets de territoires encore plus illisibles aux yeux des électeurs ?

Electeurs désabusés. Et l’objectif est-il bien de faire des économies alors que l’organisation des scrutins représente un poste budgétaire non négligeable pour les collectivités ? Ou s’agit-il d’une simple manœuvre électoraliste de la part d’Emmanuel Macron pour favoriser La République en marche au niveau national comme local ? Difficile d’établir les véritables motivations de l’exécutif, mais ce serait inacceptable. Me concernant, je ne crois pas qu’un tel report changera la nature de mon bilan, ni la donne politique. Les Rémois sont attachés à leur équipe municipale. Et si désabusés par la politique que je vois mal une telle décision amplifier le mouvement national...

À SUIVRE. Complexité technique. S’il se décidait à mettre en œuvre cette idée, le chef de l’Etat pourrait adosser le report des municipales à la prochaine réforme des institutions. Entre autres objectifs : donner plus de temps aux parlementaires pour préparer leur atterrissage local. Ce réaménagement du calendrier électoral supposerait toutefois de reporter aussi les sénatoriales de 2020, la Haute Assemblée ne pouvant être renouvelée deux fois par le même collège électoral. Il faudrait alors, également, une loi organique nécessitant l’accord du Sénat.

Recevez vos newsletters gratuitement

FORMATIONS