médias et communication anxiogènes
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La critique des médias à laquelle se prête les élus locaux distinguent la majeure partie du temps la presse écrite, de la radio ou de la télévision… L’accélération du flux d’actualités, le moindre approfondissement dont les nouvelles font l’objet sur les supports audiovisuels et, plus globalement, la ligne éditoriale de médias tels que BFM, CNews ou Sud Radio ne serait pas sans conséquences, à entendre différents maires, sur les comportements et pensées de toute une partie de la population.
« Savoir qu’une partie des habitants de Quimperlé regardent les débats de BFM ou CNews en boucle, toute la journée, m’inquiète. C’est très bien qu’ils s’informent de ce qui se passe ailleurs en France et dans les grandes villes… Je ne dis pas que la crise migratoire ou l’insécurité ne les concerne pas. Mais ça créé, chez certains, des problèmes qui n’existent pas véritablement ici » s’agace le président (PS) de l’agglo, Sébastien Miossec.
Dans un territoire où la presse locale reste plus que fiable avec le mastodonte Ouest-France, légèrement plus au sud, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, son homologue François Blanchet (DVD) confie : « il m’est déjà arrivé de prescrire à des administrés en colère de couper les chaînes d’information en continu ! »
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Débats inflammables attisés par des pyromanes
CNews, C8 ou Sud Radio ont pris le relais d'autres chaînes de télévision ou stations de radio à la ligne conservatrice assumée, ces derniers mois. A la veille d'échéances électorales majeures, leurs propriétaires tentent d'imposer leurs sujets de prédilection tels que l'immigration et l'insécurité à l'agenda politico-médiatique. Quand bien même cela ne figure pas au premier rang des préoccupations d'une majorité de citoyens... Les mensonges, provocations et sorties conflictuelles de leurs chroniqueurs ou invités démagogiques attirent l'attention et font l’actualité. Elles impriment le rythme d’autres médias en quête d’audience eux aussi, relayant leurs outrances à leur tour, les amplifiant de manière circulaire, et banalisant de fait leur propagande.
Or, dans nombre de foyers, le poste de radio ou plus souvent de télévision reste allumé en fond sonore, rapportent les deux élus de l'Ouest de la France. Beaucoup de leurs concitoyens manqueraient de recul par rapport aux sujets vus ou entendus, aux débats inflammables que les chaînes commerciales programment en invitant des pyromanes, qui entretiendraient ou susciteraient des peurs irrationnelles.
Mise à distance
« Le rapport à la réalité d’une partie de nos concitoyens est littéralement transformé par la lecture médiatique de certains phénomènes nationaux. Les gens font un copié-collé entre le fait que Tulle change progressivement de visage, que des immigrés s’installent ou qu’une partie de la population se paupérise par exemple, et les problèmes de Trappes. Les incivilités ou les nuisances créées par de jeunes skaters fumant un pétard les insécurise aussitôt » illustre le maire (ex-PS) de la préfecture corrézienne, Bernard Combes.
Pas question de faire l’autruche pour autant, conseille le Tulliste : « nous, élus, devons prendre le temps de recontextualiser les problématiques, ainsi que de renforcer la capacité de mise à distance de nos administrés les plus fragiles. »