150 maires de la région Grand Est s’apprêtent à rejoindre l'Elysée pour débattre avec Emmanuel Macron le 26 février
© twitter @jeanRottner
Huitième rendez-vous du président de la République avec les maires, la réception des élus du Grand Est à l'Elysée, le 26 février, a essentiellement tourné autour des "irritants de la loi Notre" et des questions financières. Premier des édiles à prendre la parole : le président de l'AMF, François Baroin. Récit.
Ayant déjà traversé la région Grand Est cet automne pour son « itinérance mémorielle », Emmanuel Macron a préféré convier 150 élus de la région pour un déjeuner à l’Elysée. C’est le maire de Troyes, et par ailleurs président de l’Association des maires de France, François Baroin, qui a ouvert le bal des questions. L’échange a été moins tendu qu’avec le vice-président de l’AMF, André Laignel, dix jours plus tôt, à Gargilesse-Dampierre. François Baroin, réclamant la constitutionnalisation de la commune, a soulevé la contradiction entre le principe de libre autonomie des collectivités territoriales, et l’autonomie financière de plus en plus réduite des communes.
Le ton était donné, il a été essentiellement question, pendant ces cinq heures de déjeuner, de la place de la commune, de ses difficultés financières et relationnelles avec l’Etat central. Denis Mailier, président de l’Association des maires ruraux de l’Aube, a insisté sur le fait que « les territoires ruraux se sentent abandonnés. La loi Notre a déstabilisé nos territoires, seriez-vous prêts à rouvrir la discussion sur cette loi? « . Pour Michel Fournier, le président de l’Association des maires ruraux des Vosges, « il faut réfléchir à une nouvelle identité pour la commune, le tout numérique ne doit pas remplacer l’identité communale ».
Rouvrir le dossier de la loi Notre
« La loi Notre a créé une dynamique, mais elle a forcé l’intercommunalité, avec des conséquences financières qu’on n’avait pas vu venir. J’entends que des choses ne fonctionnent pas, c’est pourquoi j’ai donné mandat aux ministres de rouvrir les dossiers de la loi Notre. L’intercommunalité quand elle est choisie est efficace, car elle est bien vécue, quand on force à des regroupements trop larges, cela crée plutôt des surcoûts. Il faut redonner de la liberté, au plus près du terrain ».
Les relations conflictuelles avec l’Etat sont également revenues à maintes reprises. Jean Rottner, président du conseil régional Grand Est, a insisté sur le fait que « le gouvernement et l’administration doivent faire preuve d’agilité, et de rapidité. Nous refusons les contraintes qui, appliquées de manière automatique, portent atteinte à nos libertés. Il faut nous lâcher les baskets ».
Et la maire de Nogent, Anne-Marie Nedelec, de renchérir : « nous ne sommes pas opposés à la dématérialisation : la Haute-Marne a investi 70 millions d’euros dans un plan numérique. Mais elle ne doit pas être synonyme de toujours plus de concentration, et d’éloignement, et de décisions de fermetures brutales ».
« Sur la décentralisation, on ne peut pas faire l’économie d’une nouvelle réflexion, a répondu Emmanuel Macron. Nous avons besoin de faire fonctionner plus efficacement l’action publique, elle est aujourd’hui trop morcelée. Je n’ai aucun état d’âme à ce sujet : je ne suis pas sûr que des compétences comme le logement ou la mobilité doivent rester de la compétence de l’Etat. Mais la compétence doit s’accompagner de la responsabilité politique ».