Face aux déserts médicaux, les petites villes veulent innover… et contraindre

Denis Solignac
Face aux déserts médicaux, les petites villes veulent innover… et contraindre

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L’enquête présentée le 9 février par l’Association des petites villes de France (APVF) s'appuie sur un questionnaire en ligne et le retour d'expériences d'élus. Tout en pointant la fragilisation de l'offre de soins sur leurs territoires, ils témoignent de leur mobilisation pour mettre en œuvre des solutions durables et innovantes. A l’heure où Marisol Touraine organise la Conférence de santé (11 février), l’association d’élus présente les initiatives prises par ses adhérents pour relever le défi, en attendant une improbable restriction à la liberté d’installation des médecins libéraux, que l’APVF appelle de ses vœux.

Les résultats de l’enquête menée par l’APVF de manière qualitative et quantitative montrent que la désertification médicale à laquelle sont confrontées les petites villes se manifeste par trois phénomènes :

  • disponibilité des soins insuffisante, particulièrement dans le domaine de la médecine spécialisée ;
  • vieillissement de la population des praticiens qui touche la médecine générale et spécialisée ;
  • difficulté de ces praticiens à trouver des remplaçants.

Les deux derniers phénomènes tendent à renforcer les perspectives d’évolution négatives de ces territoires en matière d’offre de soins lorsque, trop souvent, ils se conjuguent avec la fermeture définitive, provisoire ou envisagée de services des établissements hospitaliers.

Les zones périurbaines ou limitrophes des métropoles touchées par la désertification

Les résultats de l’enquête de l’APVF montrent également que la désertification médicale ne concerne pas uniquement les territoires ruraux. De nombreuses communes de l’ensemble de la typologie des petites villes sont concernées : rurales mais aussi périurbaines ou limitrophes d’une grande ville ou d’une métropole. Des résultats qui vont dans le sens des Atlas régionaux de la démographie médicale du CNOM.

L’enquête, à partir des témoignages des élus et des 60 réponses au questionnaire d’enquête, dresse également un tableau des actions des élus des petites villes pour lutter contre les effets de la désertification médicale.

Dans un tel contexte, les élus répondent par la mise en place de structures pour faciliter l’exercice en commun de la médecine, comme les centres de santé et les maisons de santé pluridisciplinaires, et ce malgré un coût parfois important pour la collectivité. D’autres initiatives sont également mises en place. Des politiques locales relayées et appuyées par l’APVF dans ses propositions, qui portent notamment sur :

  • la définition des déserts médicaux,
  • la règlementation de l’installation des médecins,
  • l’encouragement à la sortie du tout-T2A,
  • les territoires prioritaires de santé,
  • la régionalisation de l’internat.

Une proposition de l’APVF : les territoires de santé. Le dispositif proposé s'adresse, sur le modèle des « quartiers prioritaires » (politique de la ville) ou encore des « zones de sécurité prioritaires » (lutte contre l’insécurité), aux territoires où l’offre de soins est la plus faible. Il conviendrait pour l’Etat d’identifier ces territoires. La diversité des situations géographiques et des enjeux serait prise en compte. Les territoires ruraux, périurbains et ceux en périphérie de grandes villes seraient éligibles.
Le dispositif doit favoriser une approche territoriale impliquant l’ensemble des acteurs et de l’offre de soins (hôpitaux, notamment de proximité, médecine ambulatoire, pratiques avancées et centres de santé). Les mesures prises dans ce cadre pourraient se matérialiser par un soutien au financement de certaines activités ou à l’implantation de certaines structures (centres de santé), par des mesures dérogatoires (seuil d’ouverture ou de fermeture de services, mesures coercitives pour les médecins, pratiques avancées), et par des encouragements à l’innovation et à l’expérimentation.

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