Etre maire rendrait heureux

Martine Kis

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Un sondage affirme que 80 % des maires et adjoints sont heureux de leur sort. Et plus la ville est grande, plus ils sont satisfaits de leur action. Leurs administrés significativement moins. Enfin, il existerait bien des différences entre hommes et femmes, celles-ci s'engageant plus pour des motifs « nobles ».

Faire de la politique rendrait heureux. 80 % des maires ou adjoints, essentiellement des communes les plus peuplées, interrogés par l'institut de sondage CSA((Enquête menée sur un échantillon de 402 maires et adjoints, méthode des quotas, par téléphone, du 17 au 30 janvier 2014)) pour l’Observatoire du Bonheur((Cet observatoire s’est donné pour modeste objectif de « rassembler les connaissances sur le bonheur tout en analysant les phénomènes sociaux et en décryptant les perceptions du bonheur et de ses représentations ». Il est soutenu par Coca-Cola, décidé à défendre la cause du bonheur.)), déclarent être heureux dans l’exercice de leur fonction.

Quant à être « très heureux », c’est surtout l’apanage des femmes, qui le sont à 31 % contre 19 % pour les hommes. On trouve cependant 15 % d’élus que la politique ne rend pas heureux. On ne sait si ceux-ci se représenteront ou non.

Heureux comme un maire de grande ville
Qu’est-ce qui conditionne le bonheur ? La taille de la commune. Plus elle est grande, plus l’élu est heureux. Mieux vaut aussi être sympathisant UMP.

Ce qui rend heureux sont les rencontres (62 %), la capacité à agir sur le cours des choses (56 %). Le pouvoir de décider n’enthousiasme que 15 % des répondants et l’acquisition d’une expérience locale pour envisager une carrière nationale n’est un argument que pour 1 % d’entre eux.

A l’inverse, les rendent malheureux le manque de moyens d’agir (57 %), le manque de temps avec les proches (48 %), les tensions politiques (36 %). Là encore, agir rend le plus heureux dans les grandes communes (85 % dans les communes de plus de 30 000 habitants, 54 % dans les moins de 2 000 habitants). Par contre, les débats du conseil municipal ne rendent heureux aucun maire de grande ville contre 33 % de ceux des communes de moins de 2 000 habitants.

D’un côté, la qualité de la proximité, de l’autre, la satisfaction de l’action… des pistes pour une réforme territoriale ? D’autant plus que, logiquement, les maires de petites communes sont 60 % à se plaindre du manque de moyens (contre 48 % dans les communes de plus de 30 000 habitants) et 35 % des tâches administratives (contre 17 %).

L'écoute, essentielle mais absente
Quelles sont les qualités nécessaires pour faire de la politique ? L’écoute (44 %) et la proximité (38 %). Mais ni le leadership (3 %) ni l’autorité (2 %). La capacité de décision est importante pour 23 % des hommes contre 12 % des femmes, la proximité pour 42 % des femmes et 38 % des hommes, la connaissance des dossiers pour 37 % des femmes et 26 % des hommes, la capacité de rassemblement pour 25 % des hommes, mais seulement 11 % des femmes.

Etonnamment, alors que l’écoute est la première qualité demandée, elle occupe la toute dernière place dans le quotidien des élus : 1 % d’entre eux pensent que ce terme décrit bien la fonction, le terme la décrivant le mieux étant l’action (56 %).

Si les élus s’engagent, c’est pour se mettre au service des citoyens (80 %), loin devant le second motif, le désir d’agir sur le cours des choses (38 %). Le premier motif étant plus puissant dans les petites communes, le second dans les grandes villes. Le sondage relève que les femmes s’engagent plus pour des motifs « nobles » : se mettre au service des citoyens (89 % contre 79 % pour les hommes), contribuer au bonheur collectif (27 %, 18 %).

Une voirie propre, la clé du bonheur
Le bonheur des citoyens, précisément, est-il un objectif politique ? Oui, pour 71 % des élus. Les moyens pour y parvenir sont étonnamment prosaïques avec l’entretien de la voirie en tête (44 % de citations) ! Suivent la qualité des établissements scolaires (42 %), l’embellissement de la ville (34 %), la sécurité (33 %).

Derniers : la fluidité de la circulation (2 %) et les facilités de stationnement (1 %). Elus et administrés sont-ils d’accord sur les résultats de la politique locale ? Non. Alors que 95 % des élus sont satisfaits de leur propre politique, le public ne l’est qu’à 54 %. Malheureux, les Français ?

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