Et si la France se dotait d’un « seuil de richesse » ?

Hugo Soutra
Et si la France se dotait d’un « seuil de richesse » ?

50 euros Finances

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Pour vivre heureux, vivons cachés ? Ce n'est plus possible. N'hésitant pas à rompre avec la définition « très étroite » de la richesse généralement retenue dans notre pays, le premier « rapport sur les riches en France » estime leur nombre à 5,1 millions de personnes, soit 8,2% de la population. Edité par l’Observatoire des inégalités, cet état des lieux très instructif permet d'alimenter la réflexion sur la reproduction des inégalités ainsi que nos mécanismes de redistribution.

Après avoir enquêté et produit plusieurs rapports sur les Français les plus pauvres, l’Observatoire des inégalités s’intéresse aux plus riches. Avec une idée iconoclaste : instaurer un « seuil de richesse », nécessaire selon eux pour aborder la question sociale et améliorer la qualité du débat public concernant les questions sociales, la fiscalité et la redistribution dans notre pays.

« Nous l’avons fixé au double du niveau de vie médian, soit 3470€ pour une personne seule après impôts, environ 5200€ pour un couple et 7300€ pour un couple avec enfants. Cela représente environ 8,2% des Français, soit 5,1 millions de personnes » éclairent Louis Maurin et Anne Brunner. Autant dire que leurs chiffres recroisant des données de l’INSEE et de la DGFIP ne se limitent pas aux seuls footballeurs, artistes et grands patrons mais incluent également un certain nombre de cadres supérieurs, de médecins, de juristes ou d’agents immobiliers.

Dépasser le débat sur les ultra-riches

« Cela reste une construction statistique : certains trouveront notre évaluation trop englobante, d’autres pas assez large. Et comme toute construction statistique, elle est parfaitement critiquable. Peu importe : l’importance, c’est d’avoir un débat public sur les riches en France, qui ne se focalise pas uniquement sur les très très aisés » démine l’Observatoire des inégalités. C’est tout l’intérêt de leur dernier opus : s’il relève que « Bernard Arnault, à la tête d’une fortune démesurée de 70 milliards d’euros, possède l’équivalent de la valeur de l’ensemble des logements de la ville de Toulouse », les deux compères vont bien plus loin.

Sur la base de ce copieux travail, l’Observatoire des inégalités se permet de recadrer le sempiternel débat français de la taxation des plus hauts revenus. « Les Français les plus riches sont particulièrement riches avant comme après impôts, et s’enrichissent d’année en année dans un pays fortement inégalitaire. Probablement les plus aisés pourraient-ils participer davantage aux mécanismes de redistribution. Mais, sans nier le problème de l’optimisation fiscale, la nécessaire imposition des très hauts revenus ne doit pas exonérer l’ensemble des riches ayant des capacités de contribution élevées. Ne concentrons pas l’effort collectif uniquement sur les ultra-riches, qui demeurent une frange extrêmement étroite de la population française » avertit Louis Maurin.

Sa consoeur, Anne Brunner, développe : « une des principales faiblesses de notre système de redistribution, aujourd’hui, c’est qu’il se concentre sur les extrêmes. Pour être considéré comme juste et légitime, l’effort fiscal doit être équitablement réparti. La première tranche de taxation pourrait concerner les classes moyennes et commencer au niveau de vie médian ou un peu en-dessous puis évoluer de manière croissante en fonction des revenus. Cela permettrait de récolter des montants largement supérieurs à ceux de l’Impôt sur la Fortune. »

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