Emmanuel Macron
© Cédric Lecocq
Le candidate d'En marche! a remporté son duel du 2ème tour face à Marine Le Pen avec près de 65 % des voix. L'ex-ministre de l'Economie devient ainsi le huitième et plus jeune chef de l'Etat de la Vème République... qui plus est en décrochant son premier mandat d'élu, Emmanuel Macron n'ayant jamais été parlementaire ou élu local.
Au soir du second tour, c'est donc Emmanuel Macron qui a été élu chef de l'Etat avec 66,1 % des voix, soit quasiment le double de son adversaire Marine Le Pen, qui dépasse tout de même le tiers des suffrages exprimés (33,9 % environ). La candidate du FN réunit ainsi près de 11 millions de suffrages.
Emmanuel Macron, ex-ministre de l'Economie du Gouvernement Valls, devient ainsi le 8ème chef de l'Etat sous la Ve République. Il en devient aussi le plus jeune à la date de l'élection : 39 ans.
Un électeur sur quatre n'a pas tranché
Le scrutin a été marqué par une forte abstention, la plus forte pour un second tour d’une élection présidentielle depuis 1969 : près de 25 %.
La participation est aussi plus faible qu'au premier tour, où l'abstention n'avait atteint "que" 22,23%.
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Renouvellement de la vie publique et Europe au cœur du discours
Vers 21h, le nouveau chef de l'Etat, manifestement tendu, a pris la parole et semblé mesurer le chemin parcouru en si peu de temps : "rien n'était écrit", a-t-il rapidement souligné. Et s'est montré solennel, concédant observer la "division de notre Nation, qui ont conduit certains à des votes extrêmes".
Dans son allocution, Emmanuel Macron a assuré que "le renouvellement de notre vie publique s’imposera dès demain, la moralisation de la vie publique, la vitalité démocratique sera dès le premier jour le socle de notre Nation". « Je défendrai la France, ses intérêts vitaux, son image. [...] Je défendrai l’Europe, c’est notre civilisation qui est en jeu, notre manière d’être libre. J’œuvrerai à retisser les liens entre l’Europe et les citoyens", a-t-il lancé.
Le nouveau "chef des armées" a assuré aussi que la France serait "au premier rang de la lutte contre le terrorisme, sur son son sol aussi bien que dans l'action à l’international".
"Par le travail, l’école, la culture, nous construirons un avenir meilleur", a-t-il par ailleurs promis.
Marine Le Pen se projette déjà sur les législatives
Un peu plus tôt, dès 20h10, Marine Le Pen a reconnu sa défaite, tout en se félicitant rapidement d’avoir réuni sur son nom « onze millions de Français qui m’ont accordé leur confiance ». Un chiffre qui fait du FN, selon elle, la « première force d’opposition au projet du nouveau président »… et notamment dès les prochaines élections législatives des 11 et 18 juin.
Pour Marine Le Pen, ce « second tour organise la recomposition majeur du paysage politique entre mondialistes et patriotes. J’appelle à une union de tous les patriotes » a appelé la candidate du Front national qui a annoncé à cette occasion la constitution d’une nouvelle force politique, peut-être avec une nouvelle dénomination, se voulant plus large. Cette formation aura ainsi pour premier objectif d’optimiser les onze millions de suffrages aux législatives à venir, dans cinq semaines.
Emmanuel Macron, un premier mandat d'envergure...
C’est donc le premier mandat de sa vie politique qu’Emmanuel Macron a décroché ce 7 mai et non des moindres : président de la République. Avant lui, seul Charles de Gaulle avait, dans la Ve République, décroché la magistrature suprême sans l’expérience d’un quelconque siège d’élu local ou parlementaire. George Pompidou avait été député du Cantal, avant que ne lui succèdent plusieurs députés-maires (entre autres mandats…) : Valéry Giscard d’Estaing (Chamalières, Puy-de-Dôme), François Mitterrand (Château-Chinon, Nièvre), Jacques Chirac (Paris), Nicolas Sarkozy (Neuilly, Hauts-de-Seine)… Et Emmanuel Macron de prendre la suite de François Hollande, ancien président de conseil général et ex-député-maire (Tulle, Creuse).
Ironie de l’histoire, l’installation à l’Elysée de celui qui ne fut « que » ministre de l’Economie – une fonction et non un mandat – coïncide avec l’application, voulue par son prédécesseur, du non-cumul, d’abord à l’Assemblée avant le Sénat en septembre. Question : le futur gouvernement « compensera »-t-il cet effacement des élus territoriaux au sein du pouvoir législatif comme à la tête de l’exécutif par la nomination de grands élus locaux dans son gouvernement ? Et si oui, auront-ils le droit de cumuler maroquin ministériel et direction de leur fief comme un certain Jean-Yves Le Drian, qui cumule à ce jour ministère de la Défense et présidence de la région Bretagne ?… Réponses attendues d'ici le 15 mai au plus tard, la passation de pouvoir avec François Hollande devant intervenir le 14 mai maximum.