emilie-therouin-facebook
© FFSU
Emilie Thérouin a été désignée à la tête du Forum français pour la sécurité urbaine (FFSU) lors d'une assemblée générale, le 30 mai 2013.
Elue (ex-EELV) et adjointe à la prévention et la sécurité à Amiens, elle aborde cette nouvelle responsabilité avec la volonté de dégager des consensus.
Le Courrier : Vous êtes élue à Amiens sur les questions de sécurité et de prévention. Pourquoi ce sujet ? C'est un domaine de la politique où l'on rencontre surtout des hommes...
Emilie Thérouin. Certes, il faut encore se battre dans un milieu a priori masculin, mais les choses changent. Il y a de plus en plus en plus d'adjointes à la sécurité, de femmes commissaires et dans la magistrature. Nous ne devons plus hésiter en tant que femmes politiques à réclamer ces délégations !
Personnellement, je l'ai demandée lors de mon élection en mars 2008. A l'époque, ce n'était pas forcément un sujet central à Amiens. Mais je m'y étais intéressée dans le cadre de ma formation initiale par le biais des libertés publiques et plus particulièrement des questions de vidéosurveillance.
J'ai creusé le sujet et découvert un champ énorme. Au-delà des questions de libertés publiques, on touche surtout aux préoccupations quotidiennes des habitants, en particulier de ceux des zones urbaines sensibles, où se concentrent de nombreux problèmes. Pour le coup, il ne s'agit pas d'un sentiment d'insécurité. C'est une réalité qui provoque une forte demande de sécurité et de tranquillité publique.
J'ai une posture très pragmatique sur cette question. C’est aussi la posture du Forum. On peut trouver des positions à la fois consensuelles et très efficaces en matière de sécurité et de prévention, à condition de respecter un l'équilibre entre prévention, dissuasion, sanction et solidarité. C’est vraiment une question de cohésion sociale.
La demande de sécurité cache de nombreuses problématiques que les villes et les intercommunalités doivent s'approprier, sans attendre que les prescriptions descendent de Paris. Elle nécessite du cousu-main et non des dispositifs uniques qui s'appliquent sur tout le territoire français, parce qu'il y a eu un fait divers, par exemple.
Comment vous situez-vous vis-à-vis de votre prédécesseur, Charles Gautier, maire de Saint-Herblain ?
E.T. Mon mandat se situe bien entendu dans la continuité de celui de Charles Gautier. Mais c'est aussi un mandat de transition puisque, dans quelques mois, les élections municipales vont conduire à un renouvellement. Mon mandat sera assez court, donc il s'agit d'approfondir ce qui a été fait.
Nous souhaitons renforcer la position du Forum en tant qu'interlocuteur du gouvernement et des parlementaires, pour encourager une réforme des politiques nationales de prévention et de sécurité dans le sens des orientations du Forum.
Le FFSU est capable de trouver des consensus pour faire avancer les politiques de prévention et de sécurité au niveau national et territorial”
Par ailleurs, nous souhaitons aussi renforcer le pluralisme du Forum, faire en sorte que de nouvelles villes de droite nous rejoignent. Le Forum est constitué de collectivités aux couleurs et aux orientations en termes de prévention et de sécurité très différentes. Mais il est capable de trouver des consensus pour faire avancer les politiques de prévention et de sécurité au niveau national et territorial.
Comment le Forum s'inscrit-il dans cette période préélectorale ?
E.T. Nous serons certainement sollicités sur les débats qui auront cours localement. Dans le domaine de la sécurité et de la prévention, je pense que plusieurs sujets reviendront régulièrement.
La vidéosurveillance n'est plus vraiment un débat. Tout le monde s'y est mis. Sur ce point, notre position est d'abord d'épuiser les autres moyens avant de passer à la pose – mesurée – de caméras de vidéosurveillance.
En revanche, il y a encore de vifs débats sur la police municipale. Au Forum, nous essayons d'avancer en matière de doctrine d'emploi et de référentiel de formation. C'est le bazar entre les pratiques des différentes villes. Le rôle de la police municipale, sa différence avec la police nationale... ce n'est pas clair pour les habitants. Et les dérives de certaines polices ou certains policiers municipaux jettent l’opprobre sur un métier formidable.
L'autre sujet qui devrait s'imposer, c'est celui des zones de sécurité prioritaires dont le gouvernement a annoncé une troisième vague, a priori pour l'automne. Notre position sur le sujet, depuis le début – mais le premier bilan dressé à Lyon par le ministre la conforte – c'est qu'il faut impliquer davantage les élus locaux, en mettant en place un copilotage maires-Etat du comité opérationnel des partenariats, cette instance qui, schématiquement, met en place et harmonise les politiques de prévention dans les territoires des ZSP.
Il faut aussi plus impliquer les habitants, notamment dans les phases de diagnostic et d'évaluation, un domaine dans lequel on pêche, en France.
Comment le rôle des maires pourrait-il évoluer dans le domaine de la prévention-sécurité avec les lois de décentralisation ?
E.T. Nous suivons cela de près, notamment le sujet du transfert des compétences de police du maire aux intercommunalités. Quelques pistes ont été évoquées mais elles n'annoncent pas une révolution. Les compétences liées au stationnement et à la circulation pourraient être transférées aux intercommunalités, mais cela ne va pas bouleverser le paysage de la sécurité et de la prévention localement.
Beaucoup de maires, notamment à l'AMF, ont insisté pour conserver le pouvoir de police. Le Forum a pris position dans une résolution (27 mars 2013) : il y rappelle que les intercommunalités ne doivent pas être oubliées des questions de prévention et de sécurité mais qu'il n'est pas favorable à un transfert complet des pouvoirs de police du maire vers elles. Le maire a encore son rôle à jouer. Mais, dans le même temps, l'Etat ne doit pas en profiter pour transférer ses propres compétences régaliennes.
PRIX PREVENTION de la délinquance 2013 du Forum français pour la sécurité urbaine
Le FFSU et le comité interministériel de prévention de la délinquance organisent pour la 6e année consécutive le Prix prévention de la délinquance. Thème de cette année : « Les violences intrafamiliales ». Un prix de 10 000 euros sera remis au lauréat qui représentera la France au Prix européen de prévention de la criminalité.
Date limite de dépôt des dossiers : 31 juillet 2013 : informations