Gérard Larcher, président du Sénat
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Dans la foulée de la victoire de la droite le 28 septembre 2014, l'UMP Gérard Larcher a été élu, le 1er octobre, président du Sénat. Il a promis d'incarner une "opposition constructive" face au gouvernement. Le sénateur des Yvelines dit vouloir s’appuyer sur les maires pour que le Sénat reconquière les faveurs de l’opinion, en privilégiant lors des débats à venir la défense des intérêts des territoires non-métropolitains.
Pilier du Sénat et homme de réseaux, Gérard Larcher, ex-ministre du Travail, âgé de 65 ans, retrouve la présidence de la Haute Assemblée, qu'il a déjà occupée de 2008 à 2011, à laquelle il entend redonner de la voix, après l'intermède du discret socialiste Jean-Pierre Bel.
Le président du Sénat est considéré comme le deuxième personnage de la République, dans la mesure où il assure l'intérim du chef de l'Etat, en cas de vacance ou d'empêchement.
"Il faut donner au Sénat plus de force, plus de voix, montrer que le bicamérisme est indispensable à l'équilibre de nos institutions", a déclaré Gérard Larcher, à l'issue de son élection. Sous les ors du Palais du Luxembourg, le sénateur des Yvelines a été élu au second tour du scrutin, obtenant une majorité absolue de 194 voix sur 337 suffrages exprimés grâce au désistement du candidat centriste François Zocchetto.
L’urne du vote tenue par un sénateur FN
L’ancien maire de Rambouillet a insisté sur la nécessité de « retisser les liens avec les territoires, en zone rurale comme en zone urbaine, comme avec les citoyens ». Et d’envoyer un message de soutien à une catégorie d’élus locaux : ceux issus des communes, ceux-là mêmes qui constituent l’écrasante majorité des grands électeurs qui viennent de s’exprimer lors des élections sénatoriales du 28 septembre.
La reconquête de l'opinion, c'est celle de la confiance. Les seuls à avoir aujourd'hui cette confiance, ce sont les maires, leurs adjoints et les conseillers municipaux. »
Gérard Larcher
Les sénateurs, dont la moitié ont été élus le 28 septembre à l'occasion du renouvellement partiel de la Haute Assemblée, ont voté un à un à la tribune, déposant leur bulletin dans l'urne tenue par le benjamin de la Haute Assemblée, David Rachline (26 ans), l'un des deux sénateurs FN élus dimanche, alors que le doyen d'âge, le communiste réunionnais Paul Vergès (89 ans) présidait la séance.
Au premier tour, Gérard Larcher avait obtenu 145 voix devançant Didier Guillaume, président du groupe socialiste (112 voix), François Zocchetto, président du groupe UDI-UC (45 voix), Eliane Assassi, seule femme candidate, présidente du groupe communiste (18 voix), Jacques Mézard, président du groupe RDSE, à majorité radicale de gauche (13 voix) et Jean-Vincent Placé, chef de file des écologistes (10 voix).
Deux vice-présidences pour les centristes
L'élection du président s'était de fait jouée mardi lors d'une primaire au sein du groupe UMP, où Gérard Larcher avait largement battu Jean-Pierre Raffarin. L'ancien Premier ministre a été desservi par ses prises de position en faveur de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP et le soutien officieux de celui-ci en retour. Attachés à leur indépendance, les sénateurs UMP souhaitent rester à l'écart des combats pour le leadership à droite.
Les sénateurs UMP auront ce jeudi 2 octobre une nouvelle primaire pour désigner leur président de groupe entre les anciens ministres Roger Karoutchi et Gérard Longuet et le président du conseil général de Vendée, Bruno Retailleau.
La semaine prochaine sera consacrée à l'élection des vice-présidents, questeurs et secrétaires du Sénat, ainsi que des présidences de commissions. En échange de leur soutien à Gérard Larcher, les centristes ont obtenu deux vice-présidences, un questeur et deux présidences de commission.
L'un des enjeux est la présidence de la commission des finances : on verra si la droite accepte de la laisser à l'opposition, comme l'ont fait les socialistes de 2008 à 2011.
Les travaux législatifs reprendront le 14 octobre et seront dominés par les textes budgétaires (Etat et Sécurité sociale).
Redorer l’image du Sénat
Gérard Larcher a promis une "opposition constructive, avec, comme boussole, l'intérêt du pays". L'examen à l'automne de la réforme territoriale dans ses deux volets (carte des régions et compétences des collectivités) sera le premier vrai test de l'attitude de la nouvelle majorité, vent debout contre cette réforme pendant la campagne des sénatoriales.
Saluant son élection, le ministre des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a appelé "la nouvelle majorité sénatoriale à son sens des responsabilités pour que le Sénat reste une force de proposition" car "notre pays ne peut pas se permettre de repousser davantage les réformes importantes dont il a besoin". De fait, l'Assemblée ayant le dernier mot, le changement de majorité au Sénat entraînera peu de conséquences pratiques même si la droite peut faire traîner l'examen de certains textes.
Autre mission pour Gérard Larcher, redorer l'image du Sénat régulièrement montré du doigt pour le train de vie de ses élus et de ses fonctionnaires. Les réticences en début d'année du bureau du Sénat à lever l'immunité parlementaire de Serge Dassault, mis en examen dans une affaire d'achat de votes, ou la réélection triomphale dimanche dans les Bouches-du-Rhône de Jean-Michel Guérini, exclu du PS en raison de ses ennuis judiciaires, n'ont pas amélioré son image.