Ecoquartier Fréquel-Fontarabie à Paris : des promesses à confirmer

Nathalie Da Cruz
Ecoquartier Fréquel-Fontarabie à Paris : des promesses à confirmer

Façade bioclimatique à Paris, rue des Orteaux

© JC.Pattacini/Siemp

Quatre ans après son ouverture, un an après sa labellisation en tant qu’écoquartier, qu’est devenu l’îlot Fréquel-Fontarabie, dans le XXe arrondissement de Paris ? La sobriété énergétique prévue est-elle au rendez-vous ? Une visite organisée à la mi-février a permis de faire le point sur ce programme construit il y a dix ans, en partenariat avec les habitants.

L’îlot est noyé au milieu des tours et des grands ensembles du quartier Saint-Blaise. Ne comptant que des bâtiments de trois étages tout au plus, calme, l’îlot semble un petit havre de paix. Seul résonne sur les pavés le roulement des poussettes qui se dirigent vers la crèche ouverte par la ville de Paris.

Tout autour d’une placette pavée, uniquement accessible aux piétons, s’érigent les bâtiments : crèche et centre de PMI, mais aussi local associatif, deux copropriétés privées et des ensembles de logements sociaux appartenant à la Société immobilière d’économie mixte de la ville de Paris (SIEMP) ou à Paris Habitat. Et sur le côté, un jardin de 1 000 m2 qui sépare deux rangées de bâtiments.

Pour expliquer la genèse de l’îlot Fréquel-Fontarabie – du nom des rues qui l’encerclent –, il faut remonter à 2002. La ville de Paris missionne alors la SIEMP pour aménager le secteur, résorber l'habitat insalubre en créant des logements répondant aux normes de confort modernes et écologiques.

Une démarche participative impulsée par la mairie
« Les habitants du quartier ont été entièrement associés à la conception du quartier, insiste Eva Samuel, architecte-coordonnateur. Après une série d’ateliers, nous avons décidé de garder un espace vert et de créer deux passages entre l’îlot et les rues voisines. »

Même écho du côté de l’élue : « Tout au long du projet, les habitants ont été sollicités, renchérit Florence de Massol, première adjointe à la maire du XXe arrondissement en charge de la démocratie locale et des budgets participatifs. Le dialogue entre les habitants, les associations, les maîtres d'ouvrage et les services techniques de la ville a permis d'aboutir au projet tel qu'il se présente aujourd'hui. »

Façade bioclimatique et bâtiment passif
Au total, 109 logements sociaux ont vu le jour dans des bâtiments présentant des performances énergétiques élevées. Ce qui a valu à l’îlot d’être labellisé écoquartier en 2013. Premier écoquartier de la capitale.

Ainsi « l’ensemble de 20 logements situé au 17-19 rue des Orteaux est pourvu d’une “façade bioclimatique”, avec des baies vitrées munies de simple vitrage et stores intérieurs en aluminium, à actionner en été, ou de double vitrage avec des murs capteurs qui accumulent la chaleur », explique l’architecte, Armand Nouvet.

Un peu plus loin, un immeuble couvert de bois abrite 17 logements sociaux. Isolation des murs de 26 cm, ventilation double flux, triple orientation des appartements, triple vitrage… Tous ces ingrédients ont permis de construire un bâtiment passif((Dans un bâtiment passif, la consommation énergétique au mètre carré est très basse, voire entièrement compensée par le soleil ou les calories émises par les apports internes (matériel électrique et habitants)..)).

« Selon nos estimations, le bâtiment devrait consommer 48 ou 49 kWh par mètre carré et par an, et donc être conforme au plan climat-énergie de la ville((L’objectif fixé par le plan climat-énergie adopté en 2012 par la ville de Paris est une consommation maximale de 50 kWh par mètre carré et par an pour les nouvelles constructions.)), explique l’architecte, Pascal Gontier. A titre de comparaison, dans un immeuble parisien ancien de type haussmannien, la consommation est de 300 kWh par mètre carré et par an. »

Qu’en est-il dans l’écoquartier ? Impossible de répondre à cette question pour l’heure. « Nos bâtiments étant des prototypes datant de 2005, en l’état, nous ne pouvons mesurer les consommations, regrette Roland Pellerin, chargé de projet à la SIEMP. Nous mettons actuellement tout notre système à plat pour pouvoir effectuer ces comptages. »

Sensibiliser les habitants aux gestes éco-responsables
Les promesses de l’écoquartier sont donc à confirmer. En attendant, M. Lobaidau, gardien de l’îlot pour le compte de la SIEMP, soupire en apercevant des fenêtres qui restent ouvertes trop longtemps, ou des stores fermés alors qu’ils devraient être ouverts : « A chaque arrivée, nous informons bien les habitants des bons gestes à mettre en œuvre ».

Mais des piqûres de rappel s’imposent. Car certains bouchent les entrées de ventilation double flux, jugées bruyantes ; d’autres mettent le thermostat au maximum dans leur appartement… Le travail de pédagogie auprès des habitants, qui est de la responsabilité des bailleurs, est un ouvrage à remettre régulièrement sur le métier.

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