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Délégué général de l’UMP aux élections, le député Dominique Bussereau détaille la stratégie de son parti pour les élections municipales 2014, convaincu notamment que la campagne devrait placer pour la première fois les enjeux intercommunaux en bonne place. Le président du conseil général de Charente-Maritime en profite pour condamner le futur redécoupage cantonal et la réforme de décentralisation du Gouvernement.
Le Courrier : Comment l’UMP va-t-elle choisir ses têtes de liste pour les municipales ?
Dominique Bussereau. Notre commission des investitures, présidée par Jean-François Copé et François Fillon, ne se prononce que sur les villes de plus de 30 000 habitants. Nous passons en revue depuis deux mois tous les départements, comme récemment les Landes, le Tarn, la Haute-Marne, etc. Chaque fois, les élus locaux, les parlementaires et les responsables de la fédération du département sont entendus.
Pour les villes de moins de 30 000 habitants, ce sont les fédérations départementales qui déterminent les investitures. Dans la majorité des cas, cela sera fait avant l’été. Selon les cas, il faudra soit accorder notre soutien, soit désigner une tête de liste — UMP, UDI ou divers droite — et discuter de la présence de l’UMP dans cette liste. La composition précise des listes se fera plus tard, plutôt après Noël.
Quel sera le périmètre des alliances de l’UMP ?
D. Bussereau. D’abord, il y a beaucoup de communes où les candidats sont des divers droite, non inscrits à un parti. Au plan local, le parti politique n’entre pas en ligne de compte, comme souvent dans les 472 communes de mon département. La majorité départementale, comme beaucoup des maires du département, est constituée d’UDI et de divers droite sans étiquette.
Quant à des alliances avec le Modem, cela se fera au cas par cas. Dans les Landes, nous avons choisi par exemple d’accorder notre investiture à la candidate du Modem, Geneviève Darrieussecq, déjà maire de Mont-de-Marsan. Mais il existe beaucoup de candidats Modem différents…
L’alliance locale FN-UMP à Gamaches sera-t-elle un cas isolé ?
D. Bussereau. On refuse toute alliance avec le FN, raison pour laquelle nous avons exclu du parti un militant de la Somme qui s’était allié avec le Front national. Nos seuls alliés sont ceux de l’opposition républicaine.
Comment interprétez-vous l’adoption des primaires à l’UMP dans de nombreuses villes comme Paris, Lyon, ou Grenoble ?
D. Bussereau. Je suis personnellement très favorable aux primaires complètement ouvertes — comme à Lyon ou à Paris, malgré quelques difficultés —, et ce, chaque fois qu’il y a débat sur les têtes de liste potentielles. Plutôt que des primaires réservées aux seuls encartés et militants comme le fait le PS au niveau local, je préfère un système ouvert aux sympathisants, sur le modèle de ce qu’avait choisi le PS pour la présidentielle.
En avril, l’UMP organisait des états généraux où la sécurité publique a été présentée comme un axe prioritaire de la campagne des municipales. Quels autres thèmes de campagne votre parti souhaite-t-il imposer ?
D. Bussereau. L’UMP portera un certain nombre de thèmes. Pour ma part, je ne pense pas que les thèmes nationaux joueront un très grand rôle dans la campagne. Un récent sondage a montré que 62 % des électeurs privilégiaient les thèmes locaux pour les municipales. Seules quelques décisions nationales avec des incidences locales peuvent jouer. En Charente-Maritime, nous attendons ainsi les conclusions de la commission Duron sur les infrastructures prioritaires ((La commission Mobilité 21, présidée par le maire de Caen Philippe Duron, est chargée par le gouvernement de hiérarchiser les projets contenus dans le Schéma national d'infrastructures de transport (Snit).)). Les choix faits par le Gouvernement à partir des conclusions de cette commission pour l’aménagement de notre territoire seront ainsi sujet à débat dans notre département.
Les enjeux de la campagne sont-ils également nationaux ?
D. Bussereau. L’alchimie de mai prochain est difficile à prévoir. Raison pour laquelle je suis très mesuré à l’évocation d’une possible vague bleue.
Va-t-on voir beaucoup de nouvelles têtes parmi les candidats UMP ?
D. Bussereau. Il y a toujours beaucoup de renouvellement aux élections municipales. Dans les villes à reconquérir, les candidats peuvent être nouveaux ou issues de l’opposition municipale.
Quelle sera la position des candidats UMP sur l’intercommunalité, souvent ignorée des campagnes municipales ? Et sur le futur fléchage pour élire les élus intercommunaux ?
D. Bussereau. C’est un fait acquis que tous les gouvernements, y compris le Gouvernement Fillon qui a réformé les schémas départementaux intercommunaux, ont poussé plus avant l’intercommunalité. Quant au fléchage, c’est plutôt une bonne chose, que je faisais déjà d’ailleurs formellement avant même la loi lorsque j’étais candidat aux municipales. Cela représente une avancée démocratique, même si cela a l’inconvénient de favoriser une certaine politisation de l’intercommunalité. L’intercommunalité va également grossir, ce qui va faire de sa présidence un enjeu de pouvoir politique plus important encore.
Enfin, si le Conseil constitutionnel approuve la diminution du nombre de cantons [depuis la réalisation cette interview, la rue Montpensier a validé l’essentiel des principes retenus par le gouvernement pour le futur redécoupage cantonal, ndlr], ce que nous contestons, le président de l’intercommunalité va devenir une personnalité de premier plan.
Pourquoi l’UMP conteste-t-elle le redécoupage des cantons ?
D. Bussereau. Au nom de la défense de la ruralité. Ces futurs super-cantons regroupant trois à quatre cantons ruraux actuels vont affaiblir la solidarité locale.
La montée en puissance des EPCI et de leurs présidents suffira-t-elle à faire de l’intercommunalité, souvent laissée de côté lors des campagnes municipales, un véritable enjeu de l’édition 2014 ?
D. Bussereau. Je crois que les électeurs ont compris les enjeux intercommunaux et que cette élection pourrait être la première à en faire un enjeu important. Les candidats seront dans l’obligation d’expliquer comme ils pensent gérer la communauté.
Quelle sera la position de l’UMP et de ses candidats sur le projet de non-cumul des mandats du Gouvernement ?
D. Bussereau. Je ne suis pas favorable au non-cumul parlementaire et maire. En revanche, j’estime que la présidence des intercommunalités devrait rentrer dans le périmètre des interdictions de cumul des mandats locaux. Celui assumant un mandat à la tête d’une agglomération ou d’une grande communauté de communes doit être distinct de celui ayant un mandat de maire.
La réforme de décentralisation sera-t-elle un sujet de campagne pour les candidats UMP ?
D. Bussereau. Le projet actuel est devenu une chiffe molle, critiqué d’ailleurs par toutes les associations d’élus. Le gouvernement ne statuera rien sur les communes avant les municipales de 2014. Il aurait fallu, dans ce texte, prévoir les outils nécessaires, comme une réforme de la fiscalité locale, notamment quand on voit l’impasse financière dans laquelle se trouvent les départements et le fait qu’ils vont devoir baisser les aides aux investissements des communes.