Richert
Intervenant le 23 février devant les présidents des chambres de commerce et d’industrie réunis à Paris pour leur assemblée générale, le patron des régions de France s’est montré très remonté contre les départements qui souhaitent continuer à avoir une action sur le développement économique. Les oreilles de l’Etat et de Pôle emploi ont également sifflé…
C’est le dernier épisode en date dans la « guérilla » que livrent les départements et l’ADF, pour conserver, malgré la loi Notre, une part certaine des politiques locales de développement économique. Devant les présidents de chambres de commerce et d’industrie, le président de la région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine Philippe Richert, pour son premier déplacement public en tant que patron des régions de France (ARF), n’a pas hésité à tancer les collectivités départementales. « Des présidents de conseil départemental sont en train de s’arc-bouter pour dire qu’ils ne laisseront jamais le développement économique aux régions… », regrette-t-il.
« Que seront encore les départements ? Ils s’occuperont des interstices et de ceux qui se trouvent en marge. L’organisation va être tout à fait différente : ce sont les grandes agglomérations qui vont faire, […] ces grandes agglomérations qui ne sont pas automatiquement des grandes villes mais ont un périmètre large ».
Vis-à-vis de ses interlocuteurs du jour, il semble bien qu’il n’y ait, pour Philippe Richert, que deux « partenariats » qui vaillent : « CCI-Régions et CCI-agglomérations ».
Le développement territorial aux régions
Le président de l'ARF en est convaincu : avec le renforcement des régions sur les compétences développement économique et avec la réforme de la carte intercommunale, qui va engendrer de nombreuses agglos « dont la moitié du territoire sera rurale », à l’image de Reims absorbant les communautés de communes alentour, la portion restant aux départements sera congrue.
Tous arguments censés dissuader ces derniers de ne plus s’accrocher à leurs anciennes prérogatives économiques, juge-t-il. Et Philippe Richert, s’il était encore besoin, de clarifier ses vues : « Les départements resteront pour l’essentiel les collectivités partenaires pour le social. Pour le développement territorial, pour l’action territoriale, c’est vers les régions que nous allons nous tourner. »
La collaboration des ministres mise en cause…
Maigre lot de consolation pour les départements, l’Etat, les ministres et Pôle emploi en ont aussi eu pour leur grade durant ces 45 minutes de discours, devant un public que Philippe Richert savait acquis à sa cause, sur la thématique du « Dans notre pays, nous sommes habitués à nous battre pour que rien ne change… ».
« Des régions reconnues, renforcées dans leurs compétences, mais aussi dans leurs moyens d’intervention et de leur ressources ? Rien aujourd’hui n’est garanti, malgré les déclarations, y compris du gouvernement. Tout reste à garantir », souligne encore le président de l’ARF.
De fait, Philippe Richert communiquait déjà récemment sur le déficit d’actes concrets découlant de la rencontre entre Matignon et l'association d'élus, qui devait normalement sceller ce partenariat renforcé, notamment sur les TET.
… tout comme l’efficacité locale de Pôle emploi
Même charge contre le conservatisme supposé de l’agence nationale pour l’emploi et de ses syndicats : « Je ne veux pas jeter l’opprobre sur Pôle emploi, mais sur la réalité d’accès à l’emploi, c’est compliqué… »
« Quand un président de région doit se présenter tous les six ans devant les électeurs, il y a davantage de remise en cause que quand c’est un directeur général qui se trouve sous l’autorité du ministre », ajoute-t-il encore, pour mieux plaider la cause des régions en matière de pilotage de service public de l’emploi.