Devant les maires, Jean-Claude Juncker réfute toute « austérité stupide » de Bruxelles

Devant les maires, Jean-Claude Juncker réfute toute « austérité stupide » de Bruxelles

Juncker et Baroin : à chacun son discours, en ouverture du 99e Congrès des maires

© S. Gautier

Invité d’honneur du Congrès des maires qui ouvrait ses portes ce mardi 31 mai, le président de la Commission européenne est venu délivrer son traditionnel message d’orthodoxie budgétaire. Mais Jean-Claude Juncker s’est défendu de toute volonté de s’immiscer dans les choix budgétaires français qui pèsent sur les dotations aux collectivités. Et il s’est fait le héraut du plan d’investissement européen, qui porte son nom, et sur lequel il souhaite lever « les charges bureaucratiques ».

« D’autres pays ont une relation au moins aussi érotique que la France avec les services publics… »

Jamais avare d’un trait d’humour, le président de la Commission européenne était l’invité d’honneur de l’Association des maires de France pour l’ouverture du Congrès porte de Versailles à Paris le 31 mai.

Discours devant les élus dans le grand auditorium, conférence de presse préalable aux côtés de François Baroin, visite commune du Salon des maires… un vrai parcours de « guest-star » pour celui que ses contempteurs présentent le plus souvent comme la figure de proue du « diktat » budgétaire de Bruxelles sur les finances publiques françaises.

Coupes budgétaires : « Ce n’est pas à la Commission européenne de donner le détail »

Sans surprise, le président de la Commission européenne a justement rappelé devant la presse « la nécessité d’assainir les finances publiques françaises », sans pour autant vouloir rentrer dans les moyens mis en œuvre par l’exécutif français pour y parvenir :

« Ce n’est pas à la Commission européenne de donner le détail de là où doit se situer l’effort. C’est l’affaire de la France, du gouvernement et des collectivités », a-t-il indiqué pour couper court à tout soupçon d’interférence de l’exécutif européen sur les choix budgétaires français pour parvenir sous la barre des 3% de déficit d’ici 2017.

Et le président de l’AMF, François Baroin, à ses côtés, de confirmer le caractère « franco-français du débat sur la répartition de la charge ».

« La croissance et l’emploi, deux priorités de la Commission. Telles sont aussi les deux priorités des communes de France », croit savoir Jean-Claude Juncker qui réfute toute promotion d’une « austérité stupide ».

L’occasion pour le patron de l’exécutif européen de revenir sur le plan d’investissement européen qui porte son nom. « Le plan doit mobiliser un volume de 315 milliards d’euros. Après une première année d’application, 100 milliards ont été mobilisés. Nous finançons 60 projets d’infrastructures dont 15 en France », se félicite-t-il.

Un ticket d’entrée élevé pour les collectivités

Interrogé sur l’accès des plus petites collectivités de l’Hexagone au plan « Juncker », l’ex-premier ministre luxembourgeois a rejeté tout caractère « exclusif » du plan sur des « critères de taille et de surface : toutes les communes françaises sont les bienvenues pour participer à ce plan ».

Mais la réalité du « ticket d’entrée » – 50 millions d’euros – oblige François Baroin à rappeler que « très peu de communes pourront porter un projet de cette nature ». Ce seuil oblige, rappelle le sénateur-maire de Troyes, à associer « différentes collectivités, au moins au niveau multi-départemental, si ce n’est à l’échelle des grandes régions ».

Deux éléments ont toutefois été avancés par Jean-Claude Juncker pour élargir l’accessibilité au plan d’investissement européen. D’abord le caractère souple de ce ticket d’entrée : « Le niveau de 50 millions n’est pas écrit dans le marbre. La Banque européenne d’investissement, sur des projets concrets, est prête à descendre sous le niveau des 50 millions. Ce qui est important à mes yeux car cela colle mieux à la réalité locale et territoriale ».

Même si ces projets devront toujours « faire du sens pour que les investissements financés soient des investissements nouveaux qui ne se seraient pas faits sans le recours au plan d’investissement. L’idée n’est pas de financer une piscine là et une autre à 300 km », a-t-il illustré.

Pas d’artifice comptable au bénéfice de l’investissement public

Par ailleurs, Jean-Claude Juncker assure que la Commission essaye « d’alléger les charges administratives et bureaucratiques qui bloquent la réalisation du plan ».

« Nous sommes en train de voir les modalités pratiques qui peuvent être changées non pas par la Commission, mais par la Banque européenne d’investissement qui est le maître d’œuvre. » L’occasion pour le président de l’AMF de déplorer de complexes « modalités d’accès direct par les collectivités locales au dispositif de l’effet de levier que représente le plan Juncker : nous n’avons pas été aidés par l’Etat pour y accéder sous cette forme-là ».

En revanche, il n’est pas question pour la Commission européenne d’exempter une comptabilisation dans le déficit public des investissements publics locaux réalisés par les collectivités, à l’image de ce qui est fait pour certains Etats européens. Et ce pour une raison technique, assure Jean-Claude Juncker :

« La clause d’investissement dans la flexibilisation du pacte de stabilité, qui, malheureusement ne peut pas trouver application en France : elle trouve application pour la deuxième année de suite en Italie. En France, ce n’est pas possible parce que les critères prévoient qu’il faut une très faible croissance, ce qui n’est pas le cas en France, et qu’il faut un déficit inférieur à 3%, ce qui n’est pas le cas en France non plus. »

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