Deux tiers des Français satisfaits de l'action de leur maire, 58 % veulent qu'il se représente

Aurélien Hélias
Deux tiers des Français satisfaits de l'action de leur maire, 58 % veulent qu'il se représente

Rassemblement des maires le 18 novembre 2015

© S.Gautier

Selon notre enquête Ifop - Le Courrier des maires, le taux de satisfaction des Français vis-à-vis de leur édile reste stable après plus de quatre ans de mandat. Mais ces bons résultats cachent de grandes disparités en fonction du niveau de vie des électeurs, de leur orientation politique, et de la strate de leur commune. Décryptage.

Que les maires se rassurent : 63% des Français se disent satisfaits de son action, à un peu plus d’un an de la fin du mandat. Un niveau qui reste stable bien qu’en retrait par rapport aux deux mandats précédents.

Ils sont aussi 62 % à juger que le maire et son équipe a tenu ses engagements de la campagne 2014, un taux quasiment stable par rapport à mars 2015 (64%), un an tout juste après le scrutin.

Autre bonne nouvelle pour les maires en place : 80 % de leurs électeurs au premier tour restent satisfaits de l’action menée par la municipalité sur la commune après plus de trois quart du mandat écoulé. Ils réussissent même à convaincre 39 % des électeurs qui leur avaient préféré une autre liste au premier tour, et 60 % des abstentionnistes.

Enfin, 58 % des Français souhaitent que le maire de leur commune se représente lors des prochaines municipales en 2020. Soit près de 10 points de plus que les maires souhaitent concourir à nouveau en 2020 selon la récente enquête du Cevipof.

Une (relative) désaffection touche les maires des grandes villes

Le taux de satisfaction reste élevé dans les petites et moyennes villes (de 65 à 67 % pour les communes jusqu’à 50 000 habitants) mais chute dans les grandes villes, même si la part de satisfaits reste majoritaire : 59 % de satisfaits de 50 000 à 100 000, 54 % au-dessus de 100 000 habitants.

Le taux de satisfaction décroit avec l’âge, du moins de 18 ans jusque 64 ans, de 75 % à 51%. Seule exception : les 65 ans et plus sont parmi les plus satisfaits, à 71% En revanche, les actifs en fin de carrière sont les plus circonspects devant l’action municipale : seul un sur deux (51%) se montre satisfait.

Peu d’écarts selon les catégories professionnelles, qui oscillent entre 60 % de satisfaits chez les plus « difficiles », à savoir les professions intermédiaires, jusqu’à 69 % des travailleurs indépendants qui louent l’action du maire et de son équipe. Actifs en activités, dirigeants d’entreprise ou salariés en activité présentent des taux de satisfaction équivalents (entre 65 et 68%) mais le décrochage est important chez les chômeurs, qui ne sont que 40 % à se dire satisfaits de l’action municipale, faisant de l’emploi un probable thème central des prochaines municipales pour les candidats à la succession du maire en place.

Non-diplômés et catégories modestes ont un regard sévère

S’agissant du niveau d’éducation, les Français sans diplôme sont les plus sévères : un sur deux seulement se satisfait de l’action du maire alors que ce niveau oscille entre 62 et 69 % pour les étudiants de niveau bac et au-delà.

Les catégories pauvres sont les plus amères à l’heure de regarder le bilan des quatre années et quelques passées du mandat de leur maire, puisque seules 52 % l’approuvent contre 62 à 67 % chez les classes modestes, moyennes et aisées.

Les sympathisants LR et LREM convaincus

Politiquement, les électeurs les plus enthousiastes devant le bilan de leur maire sont ceux-là même qui déclarent se sentir proche de La République en marche… alors que cette formation politique n’a même pas trois ans d’existence et n’affiche quasiment aucun édile à son palmarès ! 74% de satisfaits pour les Français proches de LREM et même 79 % si on l’élargit à la majorité présidentielle.

Les Républicains, qui détiennent un grande nombre de petite et moyennes villes depuis les municipales 2014, décrochent un nombre important de satisfaits parmi leur sympathisants : 66 % et même 70 % pour l’ensemble des sympathisants de droite.

La grogne des mélenchonistes

Quoique très légèrement en retrait, la gauche obtient des résultats semblables chez ceux qui s’en disent proches : 64 % de satisfaction en moyenne et même 66% chez les sympathisants de La France insoumise, qui ne détient que peu de fauteuils de premiers magistrats dans l’Hexagone. Reste que les électeurs stricto-sensu de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle sont parmi les plus sévères avec leur maire : 48 % seulement de satisfaits.

Les « apolitiques » sont aussi les plus insatisfaits

A l’autre extrémité du spectre politique, les Français ayant glissé un bulletin Marine Le Pen dans l’urne en mai 2017 sont à peine une majorité à se dire satisfaits de leur maire (58 %) alors que les sympathisants des autres formations politiques, partis de Gouvernement, oscillent entre 68 % et 70 % de satisfaction.

Quant aux Français qui ne déclarent aucune proximité politique, ils font partie des plus difficiles à convaincre avec une courte majorité satisfaite de son maire (54%).

Ruralités et villes modestes accusent le coup

Lorsque l’on analyse le taux de satisfaction au regard du statut géographique et du niveau de vie de la ville, deux fractures apparaissent : les urbains sont satisfaits à 66 % de l’action municipale (et même 64 % pour les habitants de banlieue) contre 54 % pour les ruraux. Mais cette prime aux maires urbains cache de grandes disparités : elle est surtout le fait des urbains au niveau de vie supérieur (75%) et des classes moyennes (69%), mais les citadins au niveau de vie modeste semblent en rejeter une part de la responsabilité sur l’action du maire, à peine un sur deux (52%) louant son action.

Le degré de proximité et la disponibilité du maire semblent jouer à plein : les Français bénéficiant d’un maire disponible sont 75% à être satisfaits de son action et de celle de son équipe contre 58 % seulement pour ceux qui jugent leur édile pas assez présent ou difficile à aborder.

Avis aux maires qui veulent convaincre leurs administrés : plus ces derniers sont installés depuis longtemps sur la commune, et plus ils jettent un regard critique sur l’action du maire : 68 % de satisfaits chez ceux installés depuis moins, de 10 ans, 64 % pour ceux résidant dans la commune depuis 10 à 30 ans et « seulement » 56 % au-delà de 30 ans.

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