Dessertes TGV en sursis : les villes moyennes craignent «un système ferroviaire à deux vitesses»

Nathalie Da Cruz
Dessertes TGV en sursis : les villes moyennes craignent «un système ferroviaire à deux vitesses»

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© Phovoir

La ministre des Transports a confié à Jean-Cyril Spinetta, le 16 octobre, une mission sur le modèle du transport ferroviaire. L'ex-patron d'Air France-KLM devra notamment « définir une stratégie de desserte à l'horizon 2030 » et « remettre à plat le modèle financier du système ferroviaire ». En filigrane, plusieurs élus locaux craignent que le nombre de dessertes de leurs communes par le TGV soit revu à la baisse.

« Les dessertes fines du TGV ont un effet économique non négligeable », a indiqué la ministre des Transports, Elisabeh Borne, en confiant cette mission à Jean-Cyril Spinetta. Une phrase qui a mis le feu aux poudres : plusieurs élus et l'association Villes de France ont vivement réagi.

« Si la SNCF veut faire des économies, elle n'a qu'à revoir son organisation, estime Pierre Méhaignerie, maire centriste de Vitré (Ille-et-Villaine, 17 500 habitants). Vitré couvre un bassin d'emploi de 80 000 habitants dans un rayon de 15 minutes aux alentours. Nous avons 14 entreprises de plus de 500 salariés qui sont présentes sur le marché mondial. Selon l'Insee, le bassin de Vitré est à la fois le plus actif et le plus vulnérable de la Bretagne ». Le TGV Le Mans-Rennes s'arrête une fois le matin et une fois le soir à Vitré. Si ces deux arrêts devaient être supprimés, ce serait catastrophique, selon l'ancien garde des Sceaux : « Les Vitréens sont à une heure de voiture de Rennes. Veut-on faire circuler encore plus d'automobiles et émettre davantage de CO2 ? ».

Maire (UDI) d'Arras (Pas-de-Calais, 41 000 habitants ), Frédéric Leturque dit ne pas s'inquiéter pour le nombre de dessertes par le TGV Nord, tout en restant « vigilant ». Arras bénéficie de 9 à 12 arrêts journaliers du TGV en provenance de Paris. « La venue du TGV a permis à la ville d'accueillir de nouveaux habitants et de dynamiser le commerce. Je suis soucieux pour les liaisons entre les villes moyennes et les métropoles ».
Le maire de Béthune a lui aussi réagi sur Twitter :

Plusieurs villes moyennes sur la sellette

Parmi les autres villes qui pourraient voir le nombre de dessertes réduites, on évoque Saverne, sur le TGV Est, Saint-Dié-des-Vosges, entre Nancy et Muhouse, ou encore Douai.

L'association Villes de France a demandé un rendez-vous à la ministre. « La grande vitesse est vitale pour l'aménagement du territoire et les villes moyenne, car des bassins de vie sont concernés, insiste Armand Pinoteau, conseiller à Villes de France. Selon la Cour des comptes en 2014, 230 gares étaient desservies par le TGV ; mais si on ôte les dessertes saisonnières, le chiffre tombe à 150 aujourd'hui. Nous réclamons un schéma national des dessertes par les TGV, les Intercités et les TER ».

Face à cette pluie de réactions, la ministre a démenti, le 18 octobre, avoir annoncé des fermetures de gares ou de lignes TGV. Mais le nombre de dessertes va-t-il être modifié ? Le rapport de Jean-Cyril Spinetta devra apporter une réponse d'ici fin janvier 2018.

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