Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, s'exprime devant les maires le 21 novembre 2017
© Fabien Calcavechia
La question du changement climatique – et donc de la vulnérabilité des territoires – était au centre des débats à la porte de Versailles ce mardi 21 novembre. Devant Nicolas Hulot qui a évoqué la nécessité de « travailler ensemble » sans parler des moyens, les élus sont venus partager leurs expériences de la « résilience » et exposer les freins auxquels ils font face au quotidien.
« Les maires sont des hommes de bonne volonté, ce sont de véritables fantassins de la proximité » a lancé en introduction, André Flageolet, maire de Saint-Venant (62) et président de la Commission Environnement et développement durable à l’Association des maires de France (AMF). Des soldats de première ligne qui doivent en effet faire face, à la hauteur de leurs territoires, à ces « désordres » climatiques toujours plus nombreux et insidieux que sont une inondation surprise, un été caniculaire…
Pour Robert Vautrard, climatologue, ces événements «extrêmes sont une signature de ce changement climatique qui est en cours. Nous avons changé de monde et il faut le prendre en compte dans notre évaluation actuelle des risques ».
S’appuyer sur les compétences locales
Marie-France Beaufils est la présidente du CEPRI (Centre européen de prévention des risques d’inondation), elle est également maire d’une commune d’Indre-et-Loire, Saint-Pierre-des Corps. « Il est avant tout essentiel de bien connaître les aléas de son territoire, et d’identifier ses vulnérabilités. C’est important d’avoir des collectivités qui partagent leurs connaissances, leurs expertises dans des domaines divers, afin que, le moment venu, elles puissent réagir et permettre un retour à la normale le plus rapide possible » a-t-elle expliqué, avant de poursuivre : « cette connaissance accumulée doit être partagée avec l’État ». Et la présidente du CEPRI de pointer ici du doigt cette tendance que peut parfois avoir l’État à se méfier de ces expertises venues du terrain et à en faire fi.
Quant à la « bonne échelle » de travail dans la prévention des risques, André Flageolet tranche : « celle du bassin versant » ; reste pour le maire de Saint-Venant à laisser aux maires « la liberté de créer, de modifier et de remodifier leurs territoires, mais également de leur donner les moyens de leurs responsabilités ».
Travailler contre l’oubli
Pour Constance de Pélichy maire de la Ferté-Saint-Aubin (45), commune officiellement située en zone non-inondable, mais qui a bu la tasse par deux fois aux printemps 2015 et 2016, le travail est également de « lutter contre l’oubli ». L’oubli qui « permet à chacun de reprendre le cours de sa vie » ajoute Marie-France Beaufils.
« Nous devons faire vivre cette mémoire collective. Certains terrains se sont retrouvés sous 2 mètres d’eau, ils devaient accueillir 65 logements. Nous n’avons pas signé les permis de construire, en nous appuyant sur la jurisprudence Xynthia… mais dans 10 ans, qui s’en souviendra ? » explique Constance de Pélichy qui mise – dans son territoire – sur des exercices réguliers de sécurité. Ce que André Flageolet résume en une formule : « Nous, élus, devons modifier le temps long, alors que nous sommes sans cesse sous la contrainte du temps court ».
Les « Conventions Territoires à Énergie Positive » seront bien honorées, annonce Hulot
« Je sais que ma venue est précédée de besoins et d’attentes ; je sais aussi que l’État doit être prudent dans la parole qu’il engage » a expliqué le ministre de la Transition énergétique et solidaire, qui a avoué aussi comprendre « les maires faisant face à des défis complexes et devant composer avec des injonctions parfois contradictoires ; j’ai l’habitude de dire que mon ministère pourrait aussi bien s’appeler ‘ le ministère de la transition énergétique solitaire’ ».
Parmi les annonces faites par Nicolas Hulot devant les maires :
- L’abondement de 75 millions d’euros, dans la loi rectificative, du budget consacré à la transition énergétique afin d’honorer les conventions Territoires à énergie positive déjà signées ;
- Le lancement d’ici la fin de la semaine d’un plan - en coordination avec Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des Territoires – concernant la réhabilitation énergétique des logements « alliant enjeux économiques et écologiques sur les territoires » ;
- La création, au premier semestre 2018, d’un « green new deal » qui sera un « un nouvel élan économique pour les territoires et visera à renouveler nos infrastructures et à travailler notamment sur les mobilités du quotidien ».
Le ministre a enfin appelé les maires « à refuser la résignation ambiante afin de trouver ensemble des points de convergence sur les défis posés par le changement climatique ».