Des élus locaux fiers de leur action malgré tout...

Aurélien Hélias
Des élus locaux fiers de leur action malgré tout...

mairie

© AH

A cinq mois de la fin de leur mandat, les élus locaux jugent positivement leur action depuis 2014, dans une étude menée par le Courrier des maires et Smacl Assurances. Mais, de la lourdeur de la charge administrative au manque de moyens financiers, ils regrettent les nombreux obstacles rencontrés pour mener à bien leurs politiques publiques sur le terrain.

Les élus sont déprimés, les maires ont le blues, ils ont envie de raccrocher… Depuis un an, les études comme les témoignages des édiles convergeraient pour indiquer un mal(aise) profond. Et pourtant : selon notre étude Le Courrier des maires-Smacl assurances, 83 % des maires jugent leur mandat écoulé positif. La volonté de ne retenir que les avancées intervenues lors de leur mandat ? Probablement car lorsque la parole se fait plus libre, que les élus communaux sont invités à détailler ouvertement le bilan du mandat, les pierres d’achoppement ne manquent pas : bilan négatif des intercommunalités, charge trop prenante ou encore lourdeur de procédures administratives sont spontanément cités par 8 à 10 % des maires.

De même qu’une population de plus en plus exigeante avec une mentalité de « consommateur » de l’action publique : « Le niveau d’exigence des administrés augmente dangereusement : des personnes deviennent de plus en plus procédurières et considèrent les maires comme des magiciens, des fonctionnaires qui doivent donc avoir réponse à tout et dans l’instant...», lâche ainsi un élu sans étiquette d’une commune de moins de 2 500 habitants en Paca qui en est à son deuxième mandat. Et 19 % soulignent le manque de moyens financiers pour mener à bien leur tâche. Le premier point positif, celui d’une expérience enrichissante, culmine à 6 % de citations spontanées…

"Un mandat riche mais épuisant"

Clairement, les élus ont tendance à positiver sur les actions, les politiques publiques qu’ils ont réussi à bien mener durant leur mandat sur leur territoire, tout en regrettant les difficultés croissantes qui se dressent sur leur chemin. Il n’est qu’à voir le regard des élus locaux sur de grandes thématiques nationales, de l’aménagement du territoire à la décentralisation : 61% des édiles jugent que la fracture territoriale s’est aggravée durant le mandat écoulé, 79 % que le développement de l’intercommunalité a limité l’influence des maires  et 84 % regrettent de ne pas être entendus par l’Etat.

« Un mandat riche mais épuisant », résume ainsi cette élue locale qui assumait son premier mandat dans une commune d’Auvergne-Rhône-Alpes comptant entre 2 500 et 5 000 habitants. 

Service public démonétisé

Malgré l’opération séduction menée par Emmanuel Macron depuis sa tournée auprès des maires au premier semestre puis l’annonce et la discussion au Parlement d’un projet de loi « Engagement et proximité » en faveur d’un statut de l’élu renforcé et d’un rééquilibrage des pouvoirs en faveur des communes face à l’intercommunalité, 77 % considèrent que le chef de l’Etat est insuffisamment proche des maires. Et si la chute des dotations enregistrée entre 2015 et 2017 a cessé, les élus locaux sont encore 75 % à juger que les ressources allouées aux communes ne sont pas suffisantes pour mener à bien leurs missions de service public. Des services publics qui ont sensiblement (46 %) ou a minima légèrement (32 %) régressé aux yeux des édiles.

S’agissant de leur statut, les élus municipaux sont 69 % à juger que leurs indemnités devraient être augmentées au regard de la charge de travail. Et même 72 % pour les élus des communes de moins de 2 500 habitants. Ceux-ci pourraient voir leur souhait exaucé si le projet de loi est définitivement adopté puisqu’il prévoit, à l’heure où nous écrivons ces lignes, une revalorisation substantielle du plafond maximum de l’indemnité pour les élus des communes jusqu’à 3500 habitants. En revanche, les quelque trois quarts des élus des communes de 2 500 à 20 000 habitants, la moitié de ceux de 20 000 à 100 000 ainsi que les 71 % des grandes villes de plus de 100 000 habitants qui souhaiteraient une pareille revalorisation devraient en être pour leurs frais…

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